France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Un quartier de Berlin rebaptise des lieux avec les noms de résistants africains à la colonisation

Allemagne.

Une rue et une place portant le nom de personnalités phares du colonialisme allemand ont été débaptisées, début décembre, dans le quartier de Wedding. Elles ont désormais le nom de résistants ayant œuvré, au début du XXe siècle, contre l’action de l’Allemagne en Afrique.

La plaque “place Nachtigal”, après la cérémonie de changement de nom, le 3 décembre 2022, à Berlin, en Allemagne.
La plaque “place Nachtigal”, après la cérémonie de changement de nom, le 3 décembre 2022, à Berlin, en Allemagne. PHOTO JOHN MACDOUGALL/AFP

“Fini d’honorer les dirigeants de la colonisation.” Comme le rapporte le Tagesspiegel, plusieurs lieux du “quartier africain” de Berlin ont été rebaptisés, dans le cadre d’une initiative menée par les autorités locales. “L’ancienne place Nachtigal est devenue la place Manga-Bell ; et la rue Lüderitz, la rue Cornelius-Fredericks”, détaille le titre berlinois. Le tout au nom du “travail de mémoire” et du “décolonialisme”.

Gustav Nachtigal et Adolf Lüderitz, dont les noms ornaient jusqu’à présent les plaques du quartier, avaient tous deux “ouvert la voie au colonialisme allemand”. Ils ont été remplacés par des personnalités “qui ont été victimes de ce régime injuste”.

À savoir Emily et Rudolf Manga Bell, le couple royal de Douala qui s’est opposé à la politique d’expropriation des terres des autorités coloniales allemandes au Cameroun, et Cornelius Fredericks, résistant engagé en faveur du peuple des Nama, avant d’être emprisonné et tué dans le camp de concentration de Shark Island, dans l’actuelle Namibie.

“Indemnisation symbolique”

“Les noms des rues du quartier africain ont fait polémique pendant plusieurs années”, assure le journal berlinois. Lorsqu’en 2018 l’assemblée des délégués d’arrondissement de ce quartier, Wedding, dans l’arrondissement de Berlin-Mitte, avait proposé pour la première fois de changer les noms de certains lieux, près de 200 riverains étaient montés au créneau, critiquant notamment le coût de la mesure. Ils assuraient par ailleurs qu’“on ne peut pas faire disparaître l’histoire des plaques de rue”.

Mais les associations des différentes diasporas africaines, elles, considèrent que les changements de noms sont importants, dans un pays “où les crimes du colonialisme allemand ne sont pas éclaircis systématiquement”. L’Empire allemand a en effet été responsable de diverses atrocités commises pendant sa courte période coloniale – comme le génocide des Héréro et des Nama, entre 1904 et 1908, dans ce que l’on appelait à l’époque le “Sud-Ouest africain allemand” et qui correspond aujourd’hui à la Namibie.

Cet épisode de l’histoire n’a été reconnu par l’Allemagne qu’en mai 2021, rappellent les organisations décoloniales d’outre-Rhin. “Elles demandent de nouveaux noms de rue à titre d’indemnisation symbolique pour les victimes, mais également à titre éducatif.”

Sur le même sujet

Nos services