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« Un simple inspecteur » : Dror Mishani dans les pas de Simenon

L’inspecteur israélien Avraham Avraham n’a pas un faux air de Maigret pour rien. Le voici même qui mène une enquête à Paris.

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« Un simple inspecteur » (Emuna), de Dror Mishani, traduit de l’hébreu par Laurence Sendrowicz, Gallimard, « Série noire », 346 p., 21 €, numérique 15 €.

Il y a six ou sept ans, Dror Mishani a découvert dans un journal un fait divers qui l’a happé : un nouveau-né avait été trouvé dans un sac en plastique, près de l’entrée d’un hôpital. « Qui avait pu faire ça ? Quel désespoir peut amener à un tel geste ? », se demande encore l’écrivain israélien, interrogé par « Le Monde des livres » depuis l’université de Tel-Aviv, où il enseigne la littérature. Longtemps, il n’a pas su comment traiter cette histoire qui le hantait. Puis, ayant décidé de revenir à son policier fétiche, Avraham Avraham, inspecteur peu sûr de lui mais plein de finesse, il lui a mis l’affaire en main. « Je discute parfois avec mes personnages. Là, je lui ai dit : “Il faut retrouver ce bébé et ses parents”, raconte-t-il. Mais Avraham m’a répondu : “Non.” Il préférait s’occuper d’un touriste français arrivé en Israël et mystérieusement disparu. Alors on a fait un compromis. »

Le plus politique des romans de Mishani

C’est ainsi qu’est né Un simple inspecteur, un excellent roman en clair-obscur dans lequel Avraham Avraham mène deux enquêtes en parallèle. L’une sur une famille israélienne corsetée, dominée par une mère dure, violente, raciste. L’autre sur un pseudo-touriste dont le ­cadavre est bientôt retrouvé en mer. Sa fille, une Française, assure qu’il travaillait pour le Mossad, l’espionnage israélien. « Dans mes précédents livres, Avraham s’intéressait à la violence des individus dans les familles, à l’abri des maisons, commente Dror Mishani. Ici, j’ai voulu qu’il descende dans la rue, pour mesurer le lien entre la violence individuelle et le pouvoir de l’Etat. L’une peut découler de l’autre, comme pour cette mère si facile à détester, mais qui est un produit de la ­violence étatique. »

Tout en poursuivant l’exploration des tréfonds familiaux, Un simple inspecteur se révèle ainsi le plus politique des romans de Mishani. Le plus français aussi. Car assez vite, les deux enquêtes ouvertes le même jour convergent vers Paris. Pour une fois, Avi Avraham n’hésite guère. Il prend son billet et se fait une joie de rencontrer un de ses contacts à côté du bâtiment « où avait travaillé ­Jules Maigret, au 36, quai des Orfèvres ».

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Quand il était étudiant en lettres, Dror Mishani avait passé un an à la Sorbonne. Pour maîtriser plus vite la langue, une prof lui avait conseillé de lire non pas Proust ou Balzac, mais Simenon. « J’ai donc appris le français dans ses romans ! » Depuis, le maître belge (1903-1989) reste au sommet de son panthéon. Un simple inspecteur fourmille d’allusions à Simenon, à son disciple Friedrich Glauser (le personnage Frédéric Gluser lui doit son nom), et à ce premier séjour parisien. « Pour moi, Paris est la ville du roman ­policier et du fantasme selon lequel un ­détective peut sauver de la violence, et apporter la rédemption », confie l’écrivain de 47 ans.

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