France
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Un vote d’intérêt général pour sauver la fonction publique

Du 1 er au 8 décembre, 5,6 millions d’agent.e.s de la fonction publique sont appelés à voter. Un scrutin clé qui permet de déterminer la représentativité des organisations syndicales, leur capacité à signer des accords et à défendre les agent.e.s au quotidien. La pandémie a révélé le rôle central des services publics mais aussi leur immense paupérisation. Urgences ou maternités saturées, classes sans enseignant.e.s, bus sans chauffeurs… La 6e puissance mondiale ne dispose plus des qualifications élémentaires pour faire tourner ses services publics. Le résultat des politiques low cost : alors qu’ils et elles sont plus diplômé.e.s, les cadres du public sont payés 25 % de moins que leurs homologues du privé. Soumis à de multiples cures d’austérité, privés d’investissement et d’anticipation, nos services publics fonctionnent seulement grâce au dévouement des agent.e.s. Et c’est ce dévouement qui permet à la France d’être, encore, un des pays les moins corrompus au monde.

Pourtant, le gouvernement persiste et signe à vouloir aligner la fonction publique sur le fonctionnement d’une entreprise privée. Après avoir généralisé la précarisation et l’externalisation des missions d’exécution – nettoyage, maintenance… –, ce sont désormais les missions d’encadrement sur lesquelles sont recrutés des contractuel.le.s. Pourquoi ? Pas pour faire des économies, leurs salaires sont plus élevés que ceux des fonctionnaires. Parce que l’encadrement est stratégique pour transformer les services publics de l’intérieur et mettre fin à leur spécificité, l’adossement à l’intérêt général. Le développement des allers-retours public-privé généralise les conflits d’intérêts, à l’image de ce qui se passe au plus haut sommet de l’État. Sous des dehors d’évidence gestionnaire, « il faut évaluer les politiques publiques », le new public management importe un management par les coûts qui nie le sens des missions.

Ce sont ces enseignant.e.s sommé.e.s de multiplier les évaluations de leurs élèves dès 4 ans, ces assistantes sociales obligées de saucissonner en fonction de critères bureaucratiques la prise en charge des personnes ou encore ces soignant.e.s contraint.e.s par la tarification à l’activité de privilégier les pathologies « rentables »… Au quotidien, le fossé entre les missions et les moyens est béant. L’assassinat d’un agent du fisc dans l’exercice de ses fonctions est symptomatique de la défiance et de la violence qui montent contre les services publics. Le pacte républicain est miné par les inégalités. En fonction de l’origine sociale ou du lieu de résidence, l’accès à l’école, à la santé ou encore à la justice n’a rien à voir. Que dire de l’abandon de milliers d’enfants en danger du fait de l’insuffisance de moyens de la protection de l’enfance ? Pour les agent.e.s, la violence est redoublée : une institution qui nous empêche de bien travailler, la perte de sens liée à l’impossibilité de pouvoir remplir ses missions et la violence d’usagers excédés…

À qui profite l’austérité ? Au privé, qui développe ses parts de marché comme jamais dans la petite enfance, l’enseignement supérieur ou la prise en charge des personnes dépendantes, par exemple, et fracture un peu plus le vivre-ensemble. Le vote du 5 décembre est l’occasion d’envoyer un message collectif. De rompre avec le discours stigmatisant les fonctionnaires pour montrer qu’au contraire, une fonction publique renforcée, développée et reconnue est indispensable à notre avenir collectif. Nous avons besoin d’investir dans la recherche et l’enseignement supérieur. Nous avons besoin de développer nos infrastructures de santé et de transports, d’avoir une société plus égalitaire, de renforcer nos capacités d’anticipation et de régulation face au choc climatique… En bref : pas d’avenir désirable sans services publics !