France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Une brève histoire du droit en Europe », de Tamar Herzog : le droit, une réinvention permanente

La juriste revisite l’histoire du droit européen dans un essai vivant et nuancé. Elle y montre la tension entre héritage juridique et innovation.

Article réservé aux abonnés

« Une brève histoire du droit en Europe. Les 2 500 dernières années » (A Short History of European Law. The Last Two and a Half Millennia), de Tamar Herzog, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Métissa André, Anacharsis, « Essais », 384 p., 24 €.

Comment une histoire du droit depuis deux mille cinq cents ans pourrait-elle être « brève » ? A fortiori, à l’échelle européenne ? C’est la gageure tenue par la juriste et historienne américaine Tamar Herzog. Dans une synthèse saisissante et nuancée, Une brève histoire du droit en Europe, elle retrace le processus d’édification et de recomposition des principaux systèmes juridiques européens au fil des siècles. Au cœur de son propos, la mémoire sans cesse réinterprétée de ces ensembles normatifs, dont nous sommes les héritiers.

Faussaires en droit romain

L’autrice révèle d’abord la complexe généalogie du droit romain. Evoluant depuis la haute Antiquité, il n’a cessé d’influer sur le fonctionnement de nos lois – Goethe le comparait à un canard plongeur, toujours un peu présent, même lorsqu’on le perd de vue. Tôt détachée du champ religieux, longtemps mal contrôlée par le pouvoir politique, l’autorité des juristes romains permit l’émergence progressive d’un droit vivant, jurisprudentiel, sans cesse novateur. Ainsi s’étendit l’Empire romain, intégrant les ­populations conquises et s’adaptant à elles.

Après sa disparition, la mémoire et la science juridiques ne disparurent pas, malgré l’absence d’écoles ou de professionnels ­spécifiquement destinés au droit durant les premiers siècles du Moyen Age. Les pouvoirs continuèrent, pour justifier leur autorité, à prendre appui sur les textes anciens – souvent en les falsifiant. Les faussaires étaient suffisamment bons connaisseurs de la chose juridique pour façonner des actes si bien conçus qu’ils trompèrent longtemps les meilleurs savants des périodes ­ultérieures. La plus célèbre supercherie, débusquée par l’humaniste Lorenzo Valla au XVe siècle, fut la pseudo-donation de l’em­pereur Constantin (272-337) : ce document établi quatre siècles après sa datation prétendue attribuait au pape le pouvoir politique, en particulier sur l’Italie.

Lire aussi (2018) : Article réservé à nos abonnés

Comme le montre Herzog, le droit européen s’enrichit ensuite de multiples apports. Il réinventa l’héritage juridique romain en l’harmonisant avec les lois germaniques introduites sur les ruines de l’Empire. Par-delà les grandes classifications habituelles – droit ecclésiastique, civil, coutumier –, les juristes médiévaux mirent en cohérence la diversité qui leur avait été léguée en un « droit commun » à tout l’Occident chrétien. A partir du XIIe siècle, plusieurs générations successives soumirent les catégories et sentences à la ­discussion critique. Des universités, fondées par dizaines dans les villes européennes, accordaient une place majeure aux études et commentaires du droit, notamment à Bologne.

Il vous reste 45.95% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.