France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Une experte plaide pour une refonte de l’audiovisuel

Une journaliste ne devrait pas dire ça ? de Mémona Hintermann, Hugo Doc, 348 pages, 18,55 euros

C’était un visage connu des téléspectateurs de France 3, où elle a fait l’essentiel de sa carrière. Depuis cinquante ans, Mémona Hintermann exerce avec passion son métier, de La Réunion où, en 1971, elle gagne le concours de l’ORTF, aux terrains de guerre du monde entier dès 1984 à la rédaction nationale de FR3. Dans Une journaliste ne devrait pas dire ça ?, allusion au célèbre titre du livre de François Hollande, elle revient sur une vie au service de l’information, sans oublier les fondamentaux qui ont dirigé sa conduite. De ces années, elle tire une foule de récits (notamment, avec l’amertume que l’on comprend, sa tentative de viol par le colonel Kadhafi), mais le sel de l’ouvrage est ailleurs.

Sa carrière s’achevait presque lorsque, en 2013, elle intègre une institution dont elle ne maîtrise pas les codes : le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Elle veut « aider à faire changer quelques boulons dans la boîte à images et sons (qui) influence le mental du pays à son insu », mais dès le début, le processus de sa nomination, soutenue par Hervé Bourges (ex-dirigeant de TF1, Antenne 2, France Télévisions) et le président PS du Sénat d’alors, Jean-Pierre Bel, la laisse perplexe. Première matière à réflexion. La nomination des membres est cruciale, « vu leurs prérogatives », notamment la désignation des dirigeants de l’audiovisuel public. Hintermann propose d’organiser des auditions publiques devant des élus, représentants d’association, du monde universitaire, de producteurs, réalisateurs, journalistes… « Les enjeux en vaudraient la peine », assure-t-elle avec raison.

La fréquence, un trésor national

Mais le public n’est pas le seul enjeu. Au moment où il est attaqué, elle porte aussi son regard sur l’audiovisuel privé, soulignant quelques points dont on parle peu. Elle cite ainsi Bolloré, arguant que « les chaînes de la TNT – en distribution gratuite – sont pour l’essentiel propriété du peuple français ». Hé oui : « Installer des micros, des caméras et un rideau vert pour dérouler un divertissement ou un JT ne coûte pas excessivement cher. Ce qui est précieux et vaut des millions, c’est la fréquence audiovisuelle, un trésor national. » Ce que (enfin !) la ministre de la Culture Rima Abdul-Malak a récemment osé souligner après une énième provocation d’Hanouna, en évoquant un non-renouvellement de fréquence. Mémona Hintermann parle de « rénovation de fond en comble de la machine audiovisuelle », avec, peut-être, un « contrôle transpartisan » épaulé par des professionnels. Tomberaient-elles presque d’accord, et nous avec, pour une remise à plat du système ?