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Une femme interpellée et poursuivie pour un post Facebook traitant Macron d’«ordure»

Valérie, habitante du Pas-de-Calais, a reçu vendredi 24 mars à 10 heures du matin la visite de trois policiers venus l’interpeller. Sa garde à vue lui ayant été notifiée, elle est ensuite restée 9 heures en cellule, avant d’être déférée auprès du parquet, qui lui annoncera son passage au tribunal en juin prochain. La cause ? Un post Facebook, dans lequel elle est accusée d’avoir traité Emmanuel Macron «d’ordure». C’est la Voix du Nord qui a révélé l’affaire, laquelle fait depuis largement réagir journalistes et responsables politiques.

Contactée par CheckNews, Valérie raconte : «Ils sont passés chez moi à 10 heures pour me notifier mon placement en garde à vue. Je suis parti avec eux en voiture jusqu’au commissariat. Suite à ça ils m’ont demandé si je devais voir un médecin et un avocat, j’ai dit oui aux deux. Ils m’ont emmené à l’hôpital, j’ai été opérée le mois dernier, fracture épaule et clavicule, mais le médecin a dit que je pouvais rester en garde à vue.»

Cette visite matinale est due à une plainte contre X du sous-préfet de Saint-Omer, Guillaume Thirard. «Après qu’il a pris connaissance de photos et de publications injurieuses visant le Président de la République sur les réseaux sociaux, une enquête a été diligentée par les services de police sous l’autorité du procureur de la République de Saint-Omer», explique ainsi la préfecture du Pas-de-Calais à CheckNews.

La publication en question ? Un post qui, sans nommer Emmanuel Macron, déclare : «l’ordure va vous parler demain à 13 heures, pour les gens qui ne sont rien, c’est tjrs à la télé que l’on trouve les ordures». D’après une source proche du dossier, Valérie aurait également été convoquée pour une photo (que nous avons pu consulter) où cette dernière pose à côté d’un tag où figure «Macron Ordure» (visible dans cet article de France Bleu). Un tag qu’elle dit ne pas avoir réalisé. Ce que confirme une source proche du dossier.

Et de fait, la quinquagénaire a uniquement été déférée et poursuivie pour «Injure publique envers le Président de la République par parole, écrit image ou moyen de communication par voix électroniques», qui découle de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse. Contacté, le procureur de Saint-Omer qui est en charge du dossier, Mehdi Benbouzid, confirme : «la seule poursuite que j’exerce est liée au contenu de sa publication Facebook.»

Les faits sont passibles de 12 000 euros d’amende, explique le Parquet. Valérie doit comparaître en juin prochain, et ne comprend pas vraiment les proportions prises par l’affaire : «mon dieu, s’embêter avec une histoire comme ça alors qu’il y a tant de misère, d’incivilités, de violence. Ils ont que ça à faire ?»

A propos de l’étonnement qu’ont pu générer de telles poursuites, le procureur répond : «[ce type de poursuite] c’est assez rare, vous savez pourquoi ? La loi ne permet des poursuites qu’à condition que la victime dépose plaintes. Ici le sous-préfet l’a fait.» Reste que l’affaire, et la disproportion dénoncée par beaucoup de personnalités publiques et politiques, continue de faire réagir. En réaction, le hashtag «MacronOrdure» a été Tweeté plus de 25 000 fois ce 29 mars.

Interrogée sur les raisons qui auraient pu conduire à la cibler, Valérie suppose qu’elle est plus identifiée que d’autres : «je suis militante depuis plusieurs années, et déclarante de plusieurs manifestations de gilets jaunes et anti passe sanitaire. Vu que je suis toujours sur les lieux de manif, on me connaît.» Et d’ajouter : «Mais je suis très calme, je ne suis pas un black bloc, j’ai 56 ans.»