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Une nouvelle campagne de distillation face à la crise viticole

« La filière vitivinicole traverse actuellement une crise conjoncturelle dans le contexte d'inflation lié à la guerre en Ukraine qui exacerbe des difficultés structurelles dans certains bassins viticoles et couleurs de vins », écrit le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau dans un communiqué. Dans le Bordelais, plus grand vignoble AOC de France, avec ses 110.000 hectares cultivés dont 85% en rouge, les appellations les moins prestigieuses souffrent particulièrement de l'effondrement des prix et de la surproduction évaluée à un million d'hectolitres. À tel point qu'un vigneron bordelais sur trois se déclare en difficulté et qu'un sur dix envisage de stopper son activité et de procéder à l'arrachage total de ses vignes.

Dans le vignoble bordelais, l'explosion du nombre de viticulteurs en difficulté

Pour accompagner la filière, « majeure pour l'économie française », « une campagne de distillation » sera engagée « dès cet été » grâce au déblocage « dans la limite des montants autorisés par les dispositions européennes » de « 40 millions d'euros de crédits nationaux complétés de 40 millions de l'enveloppe de financements européens (FEAGA) », indique Marc Fesneau. Une seconde campagne de distillation pourra être organisée « à partir d'octobre (...) pour atteindre un maximum de 160 millions d'euros en 2023 », détaille le ministre. L'objectif étant de distiller autour de 2,5 millions d'hectolitres de vin, principalement du rouge.

La dernière campagne de distillation mise en place à l'été 2020 avait aidé les viticulteurs français à écouler les excédents constitués au début de la pandémie de coronavirus en raison de la fermeture des bars et restaurants dans le monde entier. Ils avaient été transformés en alcool pour fabriquer du bioéthanol, des parfums ou du gel hydroalcoolique.

Covid-19 : la viticulture réclame une distillation de crise

Le ministre rappelle par ailleurs que le gouvernement a étendu et prolongé le dispositif de prêt garanti par l'Etat (PGE) jusqu'à la fin 2023. Deux nouveaux guichets d'aide aux investissements de protection face aux aléas climatiques dotés « d'un total de 40 millions d'euros » ouvriront également « dans les prochains jours ». Des pistes sont aussi à l'étude « autour de la mobilisation des outils du Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) sur la diversification agricole, du renouvellement de générations, et de l'arrachage sanitaire dans le cadre d'un programme interprofessionnel d'enrayement de la flavescence dorée », maladie qui peut resurgir dans les vignes non entretenues ni traitées. Cela permettrait, selon le gouvernement, d'aider les viticulteurs dès 2023, notamment dans le Bordelais.

De son côté, le collectif « Viti 33 » réclame l'arrachage d'au moins 15.000 hectares de vignes en trois ans, soit plus de 10 % du vignoble, avec une prime de 10.000 euros/hectare. Un plan ambitieux qui nécessiterait la mobilisation de 150 millions d'euros. Il considère que la distillation « ne résoudra absolument pas la situation dans le Bordelais » avec « 24 mois de stockage dans les chais ».

« Cela va faire un peu de beurre dans les épinards, quelques milliers d'euros pour tenir 2-3 mois de plus mais c'est tout », a déclaré à l'AFP son président Didier Cousiney. Selon lui, s'il n'est pas décidé de réduire « la production à Bordeaux, on court à la catastrophe l'année prochaine ou dans deux ans » avec « des drames familiaux et humains » à la clé, suite aux dépôts de bilan.

Dans le vignoble bordelais, ils témoignent de l'ampleur de la crise

« La distillation, c'est de la poudre aux yeux pour nous faire patienter. On caresse le chien pour qu'il ne morde pas », ajoute encore Didier Cousiney, qui assure que les vignerons bordelais sont déterminés à se faire prochainement de nouveau entendre après les mobilisation de décembre 2022 et janvier 2023.