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VIH : trop peu de dépistages, le nombre de cas ne baisse pas

La baisse du nombre des tests sanguins de séropositivité, effet collatéral de la crise du Covid-19, empêche une détection précoce du virus.

Source AFP
Le depistage du VIH consiste en une simple prise de sang (photo d'illustration).
Le dépistage du VIH consiste en une simple prise de sang (photo d'illustration). © Cedric JACQUOT / MAXPPP / PHOTOPQR/L'EST REPUBLICAIN/MAXPP

Temps de lecture : 4 min

Le dépistage du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) est une course contre-la-montre pour éviter qu'il n'évolue vers le syndrome de l'immunodéficience acquise (sida). Pourtant, Santé publique France déplore que celui-ci n'ait pas encore rattrapé son retard lié à la pandémie de Covid-19. Cela représente une « perte de chance » pour certains malades, regrette l'établissement public, deux jours avant la Journée mondiale de lutte contre le sida. Le nombre de dépistages a tout de même recommencé à augmenter l'an passé avec 5,7 millions de sérologies du VIH effectuées en laboratoires, soit 8 % de plus qu'en 2020, selon le bilan annuel de l'agence sanitaire.

Le nombre de ces tests sanguins avait chuté de 13 % entre 2019 et 2020, après six ans de hausse. Un effet collatéral de la crise sanitaire du Covid-19 qui avait inquiété les acteurs de la lutte contre le sida. En 2021, le dépistage est bel et bien reparti. Mais il est resté « inférieur au niveau observé avant l'épidémie de Covid-19 » (6,1 millions), a noté Santé publique France. Or la détection tardive d'une séropositivité représente « une perte de chance » pour la santé de la personne atteinte, mais aussi un risque d'augmenter la propagation de la maladie.

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Le nombre de séropositivités s'est stabilisé en 2021

En 2021, 29 % des infections au VIH ont été découvertes à un stade avancé de l'infection, une proportion qui ne diminue pas depuis plusieurs années. Or, « un dépistage précoce permet de bénéficier d'un traitement antirétroviral, de baisser la charge virale dans l'organisme et de ne plus transmettre le VIH à ses partenaires », a souligné Florence Lot, pilote de l'unité VIH/sida, hépatites B et C, IST à Santé publique France, lors d'un point presse.

Le nombre de découvertes de séropositivité s'est stabilisé en 2021, à 5 013 personnes. Il avait dégringolé entre 2019 et 2020 (- 22 %), avec la chute des dépistages, mais aussi « possiblement » avec une moindre exposition au virus liée aux mesures de distanciation sociale et de fermeture de frontières. Les hétérosexuels (hommes ou femmes) et les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes (HSH) sont restés les catégories les plus touchées, représentant respectivement 51 % et 44 % des découvertes de séropositivité.

La PrEP à défaut d'un vaccin

Face à de multiples « freins au dépistage », Santé publique France rediffuse une campagne de communication avec le slogan « Vivre avec le VIH, c'est d'abord vivre », pour mieux faire connaître l'effet préventif des antirétroviraux et lutter contre les discriminations.

Outre le dépistage, la prophylaxie préexposition (PrEP), pilule préventive pour les personnes très exposées au VIH, reste en deçà des attentes. « Le compte n'y est pas », a lancé Gilles Pialoux, vice-président de la Société française de lutte contre le sida, lors d'un autre point presse de l'ANRS/Maladies infectieuses émergentes, évoquant environ 40 000 utilisateurs en France. La PrEP « n'a pas assez diffusé » au-delà des homosexuels, malgré la possibilité désormais de la prescrire en médecine de ville, selon ce chef de service des maladies infectieuses et tropicales à l'hôpital Tenon (AP-HP). Il a notamment pointé une proportion insuffisante de femmes ou de migrants dans les bénéficiaires de « ce traitement qui marche extrêmement bien » et « ne s'oppose pas au préservatif ».

Au-delà, plus de quarante ans après la première alerte sur le sida, il n'existe toujours pas de vaccin. Le VIH est « un virus vraiment hypercomplexe, pour lequel il est extrêmement difficile de trouver un vaccin qui pourrait fonctionner », a rappelé Michaela Müller-Trutwin de l'Institut Pasteur.

La recherche continue

On ne guérit pas du VIH : les personnes séropositives doivent suivre un traitement à vie. « La trithérapie, très efficace, a transformé une maladie mortelle en infection chronique. Mais si on arrête le traitement, le virus rebondit en quelques semaines au même niveau », a souligné cette spécialiste.

De multiples études cherchent notamment à identifier de nouvelles molécules pour réguler le VIH dormant dans les cellules et à renforcer la réponse immunitaire des personnes vivant avec le VIH, selon elle. « On espère toujours trouver un traitement curatif, on n'y est pas encore », a déploré Emmanuel Bodoignet, membre, pour AIDES, d'un groupe d'associations de lutte contre le sida. En attendant, a-t-il noté, « les séropositifs souffrent toujours d'énormément de discriminations » et restent vulnérables à différentes pathologies, comme avec le Covid ou, plus récemment, la variole du singe.

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Mais la recherche sur le sida continue et pourrait aussi, à terme, bénéficier de celles sur le Covid-19, et réciproquement, ont insisté les experts.