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Violences contre les opposants à la réforme des retraites : à Paris, les étudiants veulent «une riposte pacifique»

Avec l’intensité des mobilisations ces derniers temps, les chants manifestants n’ont plus aucun secret pour Lucie. «Mais j’ai mon préféré», lance l’étudiante avant d’entonner d’une voix forte, devant le blocus de l’université Panthéon-Sorbonne : «A bas l’Etat, les flics et les fachos !» «La base», s’esclaffe son ami. Car si elle rejoint le mouvement contre la réforme des retraites, la manifestation de ce jeudi, organisée à l’appel de la Coordination nationale étudiante, concentre surtout «l’animosité du peuple» vis-à-vis de la répression, «sous quelque forme qu’elle soit», explique Lucie. Comprendre : violences policières, l’épisode de Sainte-Soline ayant marqué les esprits, ou bien attaques de l’extrême droite – dont la fréquence s’est intensifiée ces derniers jours lors des blocages d’université.

«Tout s’est passé très vite. Ils ont déboulé de nulle part et, en trente secondes, un ami avait le nez en sang.» Etudiant à l’Ecole normale supérieure, Antoine (1) est formel : le groupe qui a attaqué les élèves du prestigieux établissement le 23 mars était bien constitué de «néo-nazis». Le jeune homme, amer, regrette que ces groupuscules menacent les blocages et les actions mises en place pour protester contre la réforme des retraites. «Ils font le jeu de la police, du gouvernement, du pouvoir.» D’où la nécessité, selon lui, de se mobiliser précisément contre ces faits aujourd’hui : «C’est important qu’une riposte pacifique se mette en place.»

«C’est sympa les ambiances calmes»

Et une manifestation ne pourrait être plus pacifique. Tandis qu’une militante prévenait, au début du rassemblement, de la possible présence d’un bloc, le parcours s’est distingué par une absence totale de heurts. «Ça fait du bien», lâche une manifestante. Un groupe de musiciens rythme les chants. «Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers !» L’ambiance est légère, festive, sans l’ombre d’un policier. Seul un homme peste, scandalisé par une pancarte qui trône au-dessus d’une poubelle : «Pétain reviens, t’as oublié tes chiens !!!»

Les clients des restaurants observent le cortège, amusés. La scène tranche avec les affrontements des jours précédents. «C’est sympa les ambiances calmes, comme ça», remarque David (1), étudiant à la Sorbonne-Université, sur le campus de Clignancourt. Le mouvement de la jeunesse commencerait-il à s’essouffler avec les récentes concessions du gouvernement vis-à-vis des bourses et du SNU ? «Je reviens d’une AG. Il y avait 120 personnes. Et vous pouvez me croire, avec 120 personnes à Clignancourt, ça ne s’essouffle pas.»

Revalorisation des bourses, recul sur le SNU, gel des loyers du Crous… «On n’aurait pas eu ça si on ne s’était pas mobilisés, estime Mathis Aversenq, membre du NPA Jeunes. C’est déjà une petite victoire.» L’étudiant en master de physique fondamentale garde cependant les pieds sur terre : «On n’est pas dupes. Ce ne sont que des miettes. Et nous, on ne veut pas les miettes, on ne veut pas la baguette. On veut toute la boulangerie.» Affublé d’une veste grise en velours côtelé, le jeune homme aime les métaphores culinaires. «[Le gouvernement] a tenté le bâton, ça n’a pas marché. Maintenant il tente la carotte, je pense que ça ne va pas marcher non plus.» Et de conclure : «Nous, on ne veut qu’une seule chose. C’est le retrait de la réforme.»

(1) Les prénoms ont été modifiés.