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Violences en Israël : les chrétiens sont-ils devenus des cibles ?

« Partout en Terre Sainte, les chrétiens sont devenus la cible d’attaques fréquentes et soutenues de la part de groupes radicaux » soulignaient le 13 décembre 2021, les chefs des Églises de Jérusalem, dans une déclaration. Dedans, les patriarches et chefs d’Églises chrétiennes de Jérusalem alertaient déjà sur la montée de l’insécurité autour des zones chrétiennes en Terre Sainte, à cause de groupes radicaux : « des prêtres (…) sont soumis à de multiples agressions physiques et verbales, (…) des églises chrétiennes sont attaquées, (…) les chrétiens locaux sont constamment victimes d’intimidations », dénonçaient-ils, une dizaine de jours avant Noël.

Plus d’un an plus tard, le bilan n’est guère plus encourageant. Les actes envers la minorité chrétienne, qui représenterait selon Pascale Zonszain journaliste correspondante en Israël « environ 2 % de sa population totale », se sont multipliés en Israël depuis le début de l’année 2023. Ces exactions visent sans distinctions, les treize Églises présentes en Terre Sainte, dont les Patriarcats latin et grec orthodoxe de Jérusalem, l’Église maronite, l’Église syriaque, les Églises protestantes et les Églises évangéliques.

Un climat de violence général affectant les chrétiens

Le jeudi 16 mars, l’école et le couvent des soeurs franciscaines de Nazareth, à une centaine de kilomètres au nord de Jérusalem, ont été mitraillés en début de soirée par deux individus circulant en moto. Cette agression, peu usuelle « dans cette école où élèves chrétiens et musulmans se côtoient » d’après Rafic Nahra, l’évêque du Patriarcat latin de Jérusalem souligne l’omniprésence d’un état de violence : « de façon générale, la situation en Israël n’est pas saine ». Contacté par La Croix, Mgr Nahra établi à Nazareth, évoque « un climat d’insécurité », résultat de la « violence présente dans la société arabe ». Dans un entretien effectué auprès de Vatican News, l’homme de foi évoque le niveau de violence élevé dans les localités arabes du pays : « il y a beaucoup de tirs, parfois contre des personnes, des extorsions d’argent ou de prêts usuraires qui peuvent mener à des violences physiques ». De fait, des organisations criminelles arabes reconnues ou clandestines alimentent un climat de terreur dans les villes arabes d’Israël, profitant du désengagement de la police dans ces zones. Selon les chiffres de la police israéliennes, il y auraient plus de 100 000 armes à feu illégales qui circuleraient dans les localités arabes.

Le clerc regrette que la recrudescence de l’agressivité à l’encontre des chrétiens ne soient pas réellement considérées par les autorités compétentes : « Il n’y a pas de vraie suite judiciaire après ces agressions, le gouvernement israélien actuel laisse ces actes pratiquement impunis » Bien que niant l’existence d’un « antichristianisme israélien », il dénonce un constat sans appel « il y a une inquiétude commune des Églises face à la montée de la violence ».

La montée de l’extrême-droite accentue les violences antichrétiennes

À la suite des élections de novembre 2022 en Israël, un nouveau gouvernement composé de deux partis ultraorthodoxes et de trois formations d’extrême droite a été formé par le Premier ministre élu, Benjamin Netanyahu. Cette nouvelle alliance politique alarment les chefs des Églises de Terre-Sainte. D’après Mgr Nahra « les extrémistes religieux et politiques sont encouragés à commettre des violences antichrétiennes car ils se sentent protégés par le gouvernement d’extrême-droite », observe-t-il. Le vicaire patriarcal latin est loin d’être le seul à faire ce constat. Nikodemus Schnabel, vicaire patriarcal des migrants et des demandeurs d’asile au sein du Patriarcat latin de Jérusalem avançait sur Twitter que « Le discours de haine contre les chrétiens, ici, en Terre Sainte porte ses fruits » réagissant ainsi à l’attaque du dimanche 19 mars visant l’église du Sépulcre de la Sainte Vierge à Jérusalem, une église grecque orthodoxe. Dans un communiqué, l’Église orthodoxe grecque a déploré le fait que « les actes terroristes, commis par des groupes de Juifs radicaux, visant des églises, des cimetières, et des sites chrétiens surviennent à une allure quasi-quotidienne et leur intensité augmentent de façon évidente lors de fêtes chrétiennes. »

Une réforme juridique « visant à accroître le pouvoir des élus sur les magistrats » agite les tensions en Israël. Pour Mgr Nahra, cette réforme pourrait « donner plus de pouvoir au gouvernement » et constituer une menace pour les « groupes minoritaires », dont les chrétiens.