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Violences sexuelles dans le porno : trois acteurs placés en garde à vue

Les trois acteurs de la plateforme « French Bukkake » sont soupçonnés de traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé.

Source AFP
Trois  acteurs  de la plateforme pornographique  French Bukkake  ont ete interpelles et places en garde a vue pour traite d'etres humains aggravee, viol en reunion ou proxenetisme aggrave mardi. (image d'illustration)
Trois « acteurs » de la plateforme pornographique « French Bukkake » ont été interpellés et placés en garde à vue pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé mardi. (image d'illustration) © Hervé KIELWASSER / MAXPPP / PHOTOPQR/L'ALSACE/MAXPPP
Publié le 27/09/2022 à 13h05

Nouveau coup de filet dans le porno dit amateur. Trois acteurs ont été interpellés mardi 27 septembre au matin dans l'enquête à Paris sur la plateforme de vidéos pornographiques « French Bukkake » qui secoue cette industrie depuis deux ans. Les trois hommes ont été placés en garde à vue dans le cadre de l'information judiciaire ouverte en octobre 2020 pour traite d'êtres humains aggravée, viol en réunion ou proxénétisme aggravé, ont indiqué à l'Agence France-Presse des sources proches du dossier.

Depuis le début des investigations menées par les gendarmes de la section de recherches de Paris, plus d'une quarantaine de victimes se sont constituées parties civiles, ainsi que des associations. Douze hommes, acteurs, réalisateurs, producteurs, sont poursuivis dans ce dossier exceptionnel par son ampleur. La grande majorité est incarcérée. Parmi eux, les producteurs surnommés « Pascal OP » et « Mat Hadix », très connus dans ce milieu du porno qui joue avec l'image de l'amateurisme.

Selon des éléments de l'enquête dévoilés par la presse et dont l'Agence France-Presse a eu connaissance, la plateforme de « Pascal OP », « French Bukkake », du nom d'une pratique sexuelle, a attiré l'attention d'enquêteurs pour un élément en particulier : un abonnement qui permettait aux clients de participer en priorité à des éjaculations collectives, avec des places réservées pour des sessions sans préservatifs. Ce système visant à faire payer des individus en échange de rapports sexuels organisés a nourri, aux yeux de la justice, des soupçons de proxénétisme.

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Une industrie sous le feu des projecteurs

Pour trouver des « actrices » pour les tournages, un mode opératoire a été cerné par les enquêteurs. Un rabatteur, se faisant passer pour une femme « alliée », « Axelle », convainquait ces femmes rencontrées sur Internet, souvent avec des parcours de vie difficiles et démunies, de se prostituer. Ce rabatteur se transformait ensuite en client et obtenait d'elles une prestation sexuelle visant à lever leurs réticences aux rapports tarifés.

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Après les avoir laissées sans rémunération, « Axelle » les recontactait pour leur suggérer une nouvelle manière de se renflouer, via des vidéos pornos fortement rémunératrices destinées au Canada. Mais le film finissait par être accessible partout, y compris en France. Sujettes à de longues analyses par les gendarmes de la section de recherches de Paris, les vidéos réalisées « questionnaient réellement sur le consentement des jeunes femmes aux différentes prestations sexuelles », puisque dans certains passages, elles s'opposaient verbalement à des pratiques sexuelles qui leur étaient imposées.

La qualification juridique de ces pratiques en viols est une nouveauté, de l'avis de plusieurs acteurs du dossier. L'industrie pornographique française est sous le feu des projecteurs depuis deux ans : une autre enquête menée à Paris depuis juillet 2020 vise « Jacquie et Michel », incarnation en France du porno amateur et pilier tricolore de cette industrie. En juin, quatre hommes dont le fondateur du site, Michel Piron, ont été mis en examen dans une information judiciaire ouverte notamment pour proxénétisme aggravé, traite des êtres humains en bande organisée, viol avec torture et acte de barbarie.

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Un travail d'enquête « considérable »

Après les révélations sur les violences et pratiques imposées lors des tournages, de grands groupes français du secteur, comme « Jacquie et Michel » mais aussi Dorcel, avaient annoncé en novembre 2020 leur volonté d'adopter des chartes éthiques et déontologiques. Le monde politique s'est aussi saisi du sujet, puisque la délégation aux droits des femmes du Sénat doit présenter mercredi son rapport sur l'industrie de la pornographie.

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Lors d'une audition en juin dans le cadre de ces travaux, Hélène Collet, vice-procureure au parquet de Paris chargée du dossier « French Bukkake », avait évoqué les « moyens importants » et le « travail considérable » sur cette enquête. « Un enjeu réside dans le retrait des vidéos », source de « nombreux problèmes juridiques, notamment si l'hébergeur de la plateforme est à l'étranger », soulignait la représentante du ministère public.

« C'est sans fin », s'est désolé un avocat de la partie civile auprès de l'Agence France-Presse. Il a précisé que cette question était cruciale pour les plaignantes, qui auraient payé les producteurs pour obtenir le retrait de la diffusion des images sur leur site... sans aucun effet sur le reste de la Toile où la vidéo avait été dupliquée. Une source proche du dossier a indiqué à l'Agence France-Presse que les interpellations de mardi pourraient être les dernières, avant la perspective d'un procès aux assises.

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