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Visée par la HATVP, Cayeux prend la porte

Voici une ministre dont on ne verra sans doute jamais la déclaration de patrimoine. Nommée au gouvernement en tant que déléguée aux Collectivités territoriales en juillet, Caroline Cayeux quitte le navire, sans que sa déclaration n’ait été rendue publique. La raison ? Un dés­accord avec la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), qui estime que la ministre a « sous-évalué » sa déclaration de patrimoine. « J’ai donc bien évidemment tenu compte de ses observations et je me suis alignée sur ses évaluations dans un courrier en date du 21 novembre », prétend Caroline Cayeux dans un communiqué. Insuffisant toutefois, selon la HATVP, qui « persiste à mettre en doute (s)a sincérité », ajoute l’ancienne maire LR de Beauvais. « Dans ce contexte, il m’a semblé préférable de démissionner afin de ne pas gêner l’action du gouvernement », affirme-t-elle, sans pour autant rendre publique la nature du désaccord et des éléments taxés d’insincérité.

« À mon avis, cela doit avoir une certaine gravité, car on ne démissionne pas facilement en Macronie », mesure Éric Alt, vice-président de l’association Anticor. En 2021, il avait par exemple fallu que le ministre macroniste des PME, Alain Griset, soit condamné par la justice pour « déclaration incomplète ou mensongère de sa situation patrimoniale » pour qu’il consente enfin à démissionner, plus d’un an après que la HATVP eut réalisé un signalement à son sujet auprès du procureur de la République.

Dupond-Moretti, Pannier-Runacher, la série continue...

« La vraie question est : qui n’a pas de démêlés avec la justice ou la HATVP dans ce gouvernement ? C’est proprement hallucinant », a ainsi dénoncé sur Twitter Olivier Faure, premier secrétaire du PS. L’affaire Cayeux intervient d’ailleurs au moment où le président de la République est lui-même dans le viseur du Parquet national financier dans l’affaire McKinsey. Récemment, c’est la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, qui a été soupçonnée de conflits d’intérêts en raison de ses liens familiaux avec Perenco, la deuxième plus grande entreprise pétrolière de France. Quant à Éric Dupond-Moretti et Alexis Kohler, respectivement garde des Sceaux et secrétaire général de l’Élysée, ils ont tous les deux été renvoyés devant la justice pour « prise illégale d’intérêts ». Tout en restant en place, alors que le candidat Macron avait assuré, en 2017, que les ministres mis en examen devraient démissionner.

Caroline Cayeux quitte pour sa part le gouvernement après un court passage marqué par une nouvelle dégradation des relations entre le gouvernement et des collectivités locales soumises à rude épreuve. Elle a d’ores et déjà été remplacée par Dominique Faure, jusque-là secrétaire d’État à la Ruralité. Discrète, l’ancienne ministre se sera surtout signalée lors d’une sortie aux relents homophobes. « J’ai beaucoup d’amis parmi tous ces gens-là », déclarait-elle au sujet du mariage pour tous, après de précédentes déclarations en 2013.  À l’époque, elle voyait dans le mariage homo­sexuel un « dessein contre la nature ». « Je maintiens évidemment mes propos, mais j’ai toujours dit que la loi, si elle était votée, je l’appliquerais », affirmait-elle en juillet.