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Vivement lundi: les trottinettes

Temps de lecture: 2 min

Chaque samedi, Louison chronique un objet ou un événement de notre quotidien.

Nous sommes le 1er avril et ce n'est pas une blague: demain, l'Humanité avec une majuscule va, au choix, basculer dans l'Histoire avec une majuscule, ou à l'inverse, plonger la tête la première dans le seum, avec une minuscule.

Si si, j'vous jure, et inutile de chercher dans votre dos, aucun mérou ni poisson fourré jusqu'aux branchies de microplastiques n'y est accroché.

Demain a lieu un vote presque aussi décisif que celui de l'élection de Miss Pays vosgien en 1974. C'est vous dire.

Un vote que des millions de gens attendent.

Peut-être pas des millions, ok, mais des milliers.

Oui, bon, peut-être pas des milliers mais un bon petit paquet.

Ok, peut-être pas un bon petit paquet, mais en tout cas moi.

Et ça c'est pas rien.

Je ne sais pas si vous vous rendez compte mais nous vivons sur une planète qui, des milliards d'années d'évolution après des milliards d'années d'évolution, s'est retrouvée soudain au bout du chemin, au point de non-retour: l'invention puis la démocratisation des trottinettes électriques en milieu urbain.

Des siècles petits comme des minutes et des millénaires longs comme des semaines, où la vie sur Terre est passée d'une amibe toute bête, capable seulement de manger et se reproduire (et sans doute d'être à la tête d'un secrétariat d'État), à un reptile, puis à un amphibien, puis à un mammifère et enfin à un bipède, qui parle, chasse le mammouth et fait du feu avec ses pouces opposables, et même peu de temps après est capable d'envoyer certains de ses congénères sur la Lune et d'autres en garde à vue pour un post sur Facebook. Un sacré bond en avant.

Et puis, patatras: la trottinette électrique.

Le degré zéro de l'élégance et de l'effort.

Le moonwalk des grandes inventions.

L'escalator de l'évolution pris à l'envers.

En matière de mobilité, c'est, depuis les presque cinq années où l'on a vu débarquer en ville les trottinettes en libre service, le règne de la flemme, le concombre de mer comme animal totem d'une civilisation.

À quel moment s'est-on dit que de monter sur un jouet d'enfant donnerait de l'allure?

À quel moment a-t-on pensé que l'idée de laisser des gens sans aucune connaissance du code de la route foncer de nuit comme de jour, sur les trottoirs comme dans les couloir de bus, avec des concepts de priorité à peu près partout et donc à peu près nulle part, allait être une bonne idée? C'est un vendeur de broches orthopédiques en mal de chiffre d'affaires conséquent qui s'est dévoué?

Et surtout, à quel moment a-t-on eu l'idée saugrenue d'appeler ça «mobilité douce»? Pourquoi pas appeler le parti politique d'Éric Ciotti «Les Républicains» tant qu'on y est?

Bref, ce week-end, les Parisiens sont appelés à voter pour ou contre ce fléau.

Et puisque les fléaux sont comme une équipe de la BRAV-M et ne naviguent jamais seuls, la perspective de ce vote a laissé dans son sillage une flopée d'influenceurs qui ont fait le choix de la mobilité douce, mais plutôt au niveau des connexions neuronales. Ainsi, ces deniers jours et contre de généreuses mais discrètes rémunérations de la part des opérateurs de trottinettes, ils poussent leurs abonnés à se rendre aux urnes à coup de TikTok.

Comme s'il nous manquait une raison de penser que la démocratie était mal barrée...

Allez je vous laisse, j'ai mon tricycle en double-file.

Vivement lundi.