France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

« Vivre vite » : Brigitte Giraud au temps du souvenir

Dans son nouveau livre, l’écrivaine, présente à Faites lire !, revient sur la mort accidentelle de son compagnon, en 1999. Une béance qu’elle habite aujourd’hui avec douceur et nostalgie.

Article réservé aux abonnés

« Vivre vite », de Brigitte Giraud, Flammarion, 206 p., 20 €, numérique 15 €.

Ils étaient au seuil d’un nouveau départ. Lui avait 41 ans, et la musique pour raison d’être. Elle 36 ans, et l’écriture comme point d’équilibre. Parents d’un petit garçon, le jeune ­couple, un brin bohème, venait d’acquérir une maison à la lisière de la ville. Un cocon protecteur où ils pourraient enfin poser leurs valises et se projeter, croyaient-ils, insouciants et sûrs d’eux-mêmes, pour une vie entière… Mais ils n’en auront pas le temps. Le 22 juin 1999, alors que Claude passe prendre Théo à la sortie de l’école, il se tue à moto. « J’ai ­emménagé seule avec notre fils, au cœur d’un enchaînement chronologique assez brutal. Signature de l’acte de vente. Accident, déménagement. Obsèques », écrit Brigitte Giraud, en préambule de Vivre vite, alors qu’elle se trouve, vingt plus tard, de nouveau sur le point d’entamer une nouvelle étape.

Lire aussi (2019) : Article réservé à nos abonnés

Car, aux assauts répétés des promoteurs qui envisagent de construire un immeuble et – cruelle ironie – une route, la romancière a fini par céder. Et par signer l’acte de vente de cette maison qui fut, aux premiers temps du deuil, le témoin de son chagrin, d’une rage douloureuse. Une « carcasse » où, longtemps, elle a vécu en somnambule, se cognant aux murs. Avant de l’apprivoiser, de prendre du plaisir à l’embellir, afin d’en faire le cadre d’une vie pour elle et son fils. Et aussi le lien qui la relierait à Claude.

Alors qu’elle s’apprête à rendre les clés, comme on fait le tour du propriétaire, Brigitte Giraud a décidé de faire le tour la question. De toutes les questions en suspens. A commencer par les causes de l’accident restées inexpliquées. Et, avec elles, de tout ce qui aurait pu, hypothétiquement, l’éviter : si elle ne s’était pas entêtée à ­visiter la maison ; si elle n’avait pas ­prévenu sa mère de son achat ; si son frère n’avait pas garé sa moto chez eux dans leur garage ; si elle n’avait pas changé la date de son déplacement chez son éditeur à Paris ; si elle avait eu un téléphone portable…

La vie au conditionnel passé

Une litanie de « si », obsédante, qui, maintenant sa vie au conditionnel passé, l’a poussée à se questionner, à interroger ses amis, ses proches, à rencontrer celui qui porta secours à Claude, à revenir sur les lieux de l’accident pour en faire une topographie précise, à compulser la presse spécialisée et à écumer les sites de moto pour se documenter sur la Honda CBR Fireblade, interdite au Japon mais pas à l’exportation en Europe. « Quand aucune catastrophe ne survient, on avance sans se retourner, on fixe la ligne d’horizon, droit devant. Quand un drame surgit, on rebrousse le chemin, on revient hanter les lieux, on procède à la reconstitution. On veut comprendre l’origine de chaque geste, chaque décision. On rembobine cent fois. On devient le spécialiste du cause à effet. On traque, on dissèque, on autopsie. On veut tout savoir de la nature humaine, des ressorts intimes et collectifs qui font que ce qui arrive, arrive… »

Il vous reste 39.3% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Vous pouvez lire Le Monde sur un seul appareil à la fois

Ce message s’affichera sur l’autre appareil.

Découvrir les offres multicomptes
  • Parce qu’une autre personne (ou vous) est en train de lire Le Monde avec ce compte sur un autre appareil.

    Vous ne pouvez lire Le Monde que sur un seul appareil à la fois (ordinateur, téléphone ou tablette).

  • Comment ne plus voir ce message ?

    En cliquant sur «  » et en vous assurant que vous êtes la seule personne à consulter Le Monde avec ce compte.

  • Que se passera-t-il si vous continuez à lire ici ?

    Ce message s’affichera sur l’autre appareil. Ce dernier restera connecté avec ce compte.

  • Y a-t-il d’autres limites ?

    Non. Vous pouvez vous connecter avec votre compte sur autant d’appareils que vous le souhaitez, mais en les utilisant à des moments différents.

  • Vous ignorez qui est l’autre personne ?

    Nous vous conseillons de modifier votre mot de passe.