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Vladimir Poutine : lâché par la Chine et contesté en Russie ?

Vladimir Poutine : lâché par la Chine et contesté en Russie ? VLADIMIR POUTINE. Après la tenue de référendums en Ukraine sur l'annexion de plusieurs régions par la Russie, la Chine a tenu un discours dans lequel elle semble prendre ses distances avec Vladimir Poutine. Vraiment ?

[Mise à jour le 28 septembre à 14h03] Un tour de force qui l'affaibli ? Après l'annonce des résultats des référendums dans quatre régions d'Ukraine donnant le "oui" à l'annexion de ces territoires par la Russie, Vladimir Poutine n'a pas encore pris la parole pour commenter ce "verdict" des urnes. Déjà isolé sur la scène internationale, le chef du Kremlin semblerait, pas ses manœuvres, s'éloigner de son allié historique qu'est la Chine. A l'ONU, mercredi 27 septembre 2022, Zhang Jun, l'ambassadeur chinois au sein de l'organisation, a déclaré que "la Chine a pris note des dernières évolutions de la situation en Ukraine" et rappelé sa position "claire et constante : la souveraineté et l'intégrité territoriale de tous les pays doivent être respectées." Un pied de nez à l'action de Vladimir Poutine ? La situation semble plus complexe.

Une position délicate pour la Chine face à la guerre Ukraine-Russie

En effet, si la Chine ne défend pas ouvertement "l'opération militaire spéciale", ce principal allié de la Russie n'a pas non plus critiqué clairement l'action de Vladimir Poutine, malgré ses propos sur les référendums d'annexion de quatre régions de l'Ukraine. Il faut dire que la Chine et la Russie ont un ennemi commun : l'Occident et, donc, l'Otan. Et que tous deux ont des liens commerciaux. "Ce que dit la Chine, c'est 'nous ne sommes pas très à l'aise avec cette guerre' parce qu'ils en voient les conséquences économiques, commerciales. Mais c'est un pays qui continue à contourner les sanctions mises en place par les occidentaux", a expliqué Nicolas Tenzer, professeur à Sciences Po et spécialiste de l'Ukraine et de la Russie, sur BFM TV.

Le régime de Xi Jinping n'a d'ailleurs jamais caché son discours pro-russe depuis le début du conflit. Du moins, sur la réflexion de Vladimir Poutine. "La Chine soutient les intérêts nationaux de la Russie dans tous les dossiers internationaux (…) Il en est ainsi au sujet de l'Ukraine. Les Etats-Unis et l'OTAN se pressent au portail de la Russie, menacent la sécurité nationale de la Russie. Dans ce cas, la Russie fait ce qu'elle doit faire pour se protéger. Elle n'a fait qu'exercer son droit à l'autodéfense face aux Etats-Unis, qui ne lui ont pas laissé d'autre choix", a déclaré début septembre Li Zhanshu, 3e personnage politique de l'Etat chinois.

Si ce dernier a pourtant affirmé "fourn[ir] de l'aide (à la Russie, ndlr) par une action coordonnée", un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a, mercredi 20 septembre, lancé un appel à un "cessez-le-feu à travers le dialogue", ajoutant que "les préoccupations sécuritaires légitimes de tous les pays doivent être prises en compte, et tous les efforts propices à une résolution pacifique des crises doivent être soutenus." Un discours ambigu, signe d'une position délicate pour la Chine qui ne veut pas se froisser avec un pays avec lequel elle partage 4300 kilomètres de frontières, ni avec des Occidentaux compte-tenu des échanges commerciaux. De là à jouer le rôle de médiateur ?

Les Russes soutiennent-ils Vladimir Poutine ?

En Russie, la contestation n'est pas ce qu'il y a de plus autorisé. Le régime de Vladimir Poutine est particulièrement sévère envers celles et ceux qui décident de s'opposer publiquement au président en place. Une partie de la population a décidé de descendre dans la rue pour manifester son opposition au décret du chef du Kremlin lançant la mobilisation partielle afin de renforcer les troupes en Ukraine. 300 000 personnes seraient concernées.

C'est non pour de nombreux russes, entraînant des manifestations dans près de 40 villes du pays le 21 septembre. "Non à la guerre !" était scandé, mais plus de 1300 interpellations ont eu lieu. Le terme "guerre", jusqu'ici proscrit, n'est plus tabou. Certains tentent de fuir, les billets d'avion sont pris d'assaut et les recherches pour savoir comment ne pas être mobilisé s'envolent.

Malgré ce, la révolution russe ne semble pas pour demain. L'autoritarisme de très longue date au sein du pays et la propagande pour assurer du bien-fondé de "l'opération militaire spéciale" en Ukraine ne laissent pas entrevoir un quelconque renversement du pouvoir. Mais la colère commence à gronder…

La menace d'une attaque nucléaire de la Russie sur l'Ukraine ou des pays considérés comme alliés est clairement une option réaliste pour Vladimir Poutine. "Un chantage nucléaire est en marche, nous voyons très bien cela", a déclaré Vladimir Poutine, présentant une fois encore son pays en nécessité de se défendre. "La Russie dispose également d'un certain nombre d'armes suffisamment lourdes. Si les intérêts de la Russie sont menacés, nous allons utiliser toutes les armes à notre disposition".

Vladimir Poutine a également fait savoir qu'il comptait "déployer des capacités militaires supérieures" en Ukraine. Le président autocratique de la Russie a ainsi fait appel officiellement aux réservistes, que les observateurs estiment au nombre de 300 000 : "Il est nécessaire de soutenir la décision et la proposition lancée par le ministère de la Défense, de mettre en place une mobilisation partielle. Seuls les citoyens se trouvant sur les listes de réserve seront mobilisés. La date du départ de cette mobilisation est aujourd'hui, le 21 septembre. Les appelés auront les mêmes avantages et privilèges que les militaires contractuel", a-t-il déclaré. Enfin, au sujet des référendums dans le Dombass, Vladimir Poutine a présenté les choses comme si Moscou n'était pas en train d'orchestrer une annexion des régions envahies dans le sud-est et l'est de l'Ukraine, dans un exercice classique de propagande de guerre. "Certaines provinces nous ont sollicité pour mettre en place des référendums. Je vous annonce que nous allons appuyer leurs démarches".

Mardi 20 septembre, à la tribune de l'ONU, Emmanuel Macron a accusé fermement la Russie de mettre en péril les équilibres de paix dans le monde. "Ce à quoi nous assistons depuis le 24 février dernier est un retour à l'âge des impérialismes et des colonies. La France le refuse et recherchera obstinément la paix", a-t-il déclaré, ajoutant : "Nous avons aujourd'hui à faire un choix simple : celui de la guerre ou de la paix. Le 24 février dernier, la Russie, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, a rompu, par un acte d'agression, d'invasion et d'annexion, notre sécurité collective. La Russie a décidé, ce faisant, d'ouvrir la voie à d'autres guerres d'annexion, aujourd'hui en Europe, mais peut-être demain en Asie, en Afrique ou en Amérique latine. J'appelle les membres des Nations Unies à agir pour que la Russie renonce à la guerre. [...] Ceux qui se taisent aujourd'hui servent malgré eux, ou secrètement avec une certaine complicité, la cause d'un nouvel impérialisme, d'un cynisme contemporain qui désagrège notre ordre international sans lequel la paix n'est possible".

Vladimir Poutine peut-il lancer une attaque nucléaire ?

La Fédération de Russie est la première puissance militaire et le plus gros arsenal nucléaire du monde, à ce titre elle est pleinement capable de lancer une bombe nucléaire sur l'Ukraine, l'Europe ou les Etats-Unis. Seulement les capacités techniques ne sont pas le seul facteur à prendre en compte. En théorie, une attaque nucléaire ne doit être lancée que dans un contexte défensif et en octobre 2020, Moscou a signé un document officiel qui liste les quatre cas qui justifient le recours à une attaque nucléaire. A chaque fois la Russie doit percevoir non seulement des capacités menaçantes et nucléaires mais aussi des intentions signalées par l'adversaire. Il est donc difficile de justifier une attaque contre l'Ukraine avec un bombe nucléaire, le pays n'étant pas nucléarisé. En revanche contre l'Europe la menace reste sérieuse car selon le récit que fait la Russie de la guerre, l'Occident adopte un comportement menaçant et prolifère des "déclarations agressives" à l'égard du Kremlin.

Stratégiquement, la menace nucléaire est le dernier avantage que possède Moscou pour atteindre ses objectifs et reprendre le contrôle de l'Ukraine compte tenu des avancées difficiles de l'armée russe en Ukraine et des pressions et sanctions que fait peser l'Occident sur la Russie. Pourtant, Vladimir Poutine sait que s'il lance une attaque nucléaire sur l'Europe ou les Etats-Unis, la Russie sera bombardée en retour. Non content d'agiter le menace nucléaire, Vladimir Poutine s'est emparé de deux centrales nucléaires en Ukraine, Tchernobyl et Zaporijjia, la seconde grâce à un bombardement. Le contrôle des sites offre au président un certain ascendant car les risques que représente l'explosion d'une centrale sont sans pareils. Mais Vladimir Poutine a assuré à Emmanuel Macron qu'il n'était "pas dans son intention" d'attaquer les centrales et qu'au contraire, il était prêt "à respecter les normes de l'AIEA pour la protection des centrales"

La "mallette nucléaire" est détenue par trois personnes et le trio doit être unanime pour déclencher une attaque nucléaire. Vladimir Poutine, en tant que président de la Fédération de Russie, possède les accès à cette arme mais il doit recueillir l'accord du ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et du chef de l'état-major général, Valéri Guérassimov, pour lancer une bombe nucléaire.

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Biographie courte de Vladimir Poutine

Vladimir Poutine est un homme politique russe et une figure centrale de l'exécutif depuis 1999. Réélu, président de la fédération de Russie pour la quatrième fois en 2018, il occupe le poste depuis 2000 avec une courte interruption entre 2008 et 2012 pendant laquelle il était président du gouvernement, soit l'équivalent du Premier ministre.

Vladimir Poutine naît en 1952 à Leningrad (actuellement Saint-Pétersbourg), dans une famille modeste d'ouvriers. Il suit des études de droit à l'université de Leningrad et obtient son diplôme en 1975. Il intègre ensuite le KGB (les services de renseignement, qu'il quitte en 1991) et devient officier. Il est ensuite envoyé en RDA en 1985, où il travaille sous couverture. Après la réunification de l'Allemagne, Poutine revient à Leningrad en 1990. Lorsque son ancien professeur de droit, Anatoli Sobtchak, est élu maire de la ville en 1991, il lui propose de rejoindre l'équipe en tant que conseiller. Vladimir Poutine devient un membre influent de la mairie et est nommé premier adjoint au maire en 1994, avant de démissionner en 1996. Commence alors une ascension rapide : il entre dans l'administration présidentielle en 1997, est nommé Premier ministre par Boris Eltsine en 1999, puis devient président par intérim après la démission de ce dernier cette même année.

Il est élu président de la Fédération de Russie en 2000, puis réélu en 2004. Il donne plus de pouvoir aux services de sécurité tout en reprenant le contrôle sur les gouverneurs dans les différentes régions. Il bénéficie d'une assez forte popularité, même si la société civile (médias, opposants) est de plus en plus contrôlée par l'État. En 2008, il ne peut se représenter pour un troisième mandat consécutif. Il choisit alors Dmitri Medvedev pour occuper le poste de président et se fait élire Premier ministre. En mars 2012, malgré de nombreuses voix contestataires, il est réélu pour une durée de six ans tandis que Medvedev occupe le poste de Premier ministre.

Poutine réécrit l'histoire de l'Ukraine

C'est bien le rapprochement entre le gouvernement de Kiev et l'Otan qui est à l'origine de la guerre déclenchée par Vladimir Poutine mais le président russe réécrit l'histoire. Dans son allocution du 27 février 2022, il expliquait que l'intervention militaire russe a pour but de "protéger les personnes victimes de génocide de la part de Kiev", de "libérer" les Ukrainiens de "l'oppression" et de "maintenir la paix". Plus tôt, le 24 février, il déclarait que "l'Ukraine n'est pas qu'un pays voisin, c'est une partie intégrante de notre culture et de l'histoire de notre pays". Cette vision de "l'unité" entre la Russie et l'Ukraine , souvent évoquée par le chef d'Etat, justifie l'intervention militaire du Kremlin dans le pays frontalier. Moscou n'hésite pas à réécrire l'histoire de l'union soviétique et de l'Ukraine créée de toutes pièces par la Russie, plus exactement par la Russie communiste.

Depuis la dislocation de l'URSS, l'Ukraine souveraine s'est éloignée de la Russie pour se rapprocher de l'Occident, au grand dam de Vladimir Poutine. En cherchant à justifier l'entrée de l'armée russe en Ukraine, celui que l'on surnomme "l'ours russe" a plusierus fois expliqué vouloir "protéger" le peuple ukrainien des "nazis" au pouvoir. La référence renvoie à l'association furtive entre l'Ukraine et l'Allemagne nazie lors de la Seconde Guerre Mondiale après la promesse allemande d'aider les Ukrainiens à quitter l'URSS. Aujourd'hui les partis néonazis existent encore mais sont ultra-minoritaires et absents du gouvernement.