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Voitures électriques : la France peut-elle revenir dans la course au raffinage de métaux pour batteries ?

Gigafactory, extraction de métaux, recyclage des batteries... la filière de l'automobile se réindustrialise en France autour de l'électrique. Mais dans tous ces projets, l'étape de raffinage des métaux, à savoir leur purification pour éliminer les impuretés dégradant les propriétés du métal, reste sous silence. Pourtant, la Chine est largement dominante dans cette étape de la chaîne de valeur avec une concentration entre 70% et 80% selon les métaux pour l'étape de raffinage. Une dépendance que l'Union européenne souhaite enrayer avec un objectif de raffinage de 40% des métaux sur son territoire d'ici à 2040. Dans cette course à l'indépendance en matière de raffinage, où se situe la France ?

Voitures électriques : la France parviendra-t-elle à produire des batteries compétitives ?

Quatre projets majeurs sont prévus en France...

Avec l'interdiction de la vente des voitures thermiques à l'horizon 2035, l'Europe prévoit une hausse des ventes des véhicules électriques. Sur le seul marché français, le parc automobile devrait être multiplié par dix d'ici à 2030, avec, de facto, nécessitant de facto une hausse des besoins en métaux. Or, pour une petite Renault Zoé par exemple, il faut compter plus de 60 kg de métaux (lithium, cobalt, nickel, manganèse) dans une batterie électrique. Afin de sécuriser les approvisionnements et de fixer des standards sociaux et environnementaux plus élevés, l'Union européenne a établi un Critical Raw Materials Act en mars 2023 et plusieurs projets de raffinage ont été annoncés.

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Au total, l'organisation Transport et environnement a recensé 25 projets de purification du lithium en Europe dont 4 en France. Les projets d'Eramet, de Lithium de France et de Viridian en Alsace ainsi qu'Imerys dans l'Allier font promettre des capacités de raffinage de lithium totales de 18.000 tonnes. Par comparaison, c'est plus que l'Allemagne avec 16.000 tonnes mais loin derrière le Royaume-Uni et ses 7 projets d'une capacité totale de raffinage de 36.000 tonnes. Si toutes les capacités sont atteintes, l'Europe pourrait raffiner 108.000 tonnes de lithium d'ici à 2030 soit un peu plus que les prévisions de demande.

« Avec toutes ces annonces de projets et même si certains n'aboutissent pas, nous pouvons largement arriver à 40% du raffinage des métaux en Europe d'ici à 2030 », confirme Cecilia Mattea, expert des politiques de batteries et chaîne de valeur au sein de T&E.

Le raffinage du lithium en France se fera avec son extraction sur 3 des 4 projets en cours. Le dernier, celui de Viridian, sera une usine de services, où le lithium proviendra de plusieurs mines. Si le lithium sera sécurisé en Europe et en France, les autres filières de raffinage de métaux peinent à faire leur place. Le nickel, pourtant purifié sur le sol français par Eramet notamment, sert principalement à la production d'alliages ou d'acier inoxydable. Un vaste projet est annoncé en Finlande pour raffiner 35.000 tonnes d'ici à 2030 et 100.000 tonnes seront raffinées, selon les différents projets mais cela ne couvrira que la moitié des 40% des besoins en métaux raffinés sur le sol européen. Même scénario pour le cobalt. La raison ? « Le raffinage est un choix lourd de conséquence en termes de direction industrielle, il demande des investissements colossaux pour les entreprises », explique Raphael Danino-Perraud, chercheur associé à l'institut français des relations internationales.

...mais la filière fait face à de nombreux freins

Les coûts sont le premier frein à la création de ces usines de raffinage. « Les entreprises se demandent si un marché les attend, cela implique des immobilisations de stocks, des collecte des métaux... on est quasi certain de ne pas être rentable face à la Chine », déplore Raphael Danino-Perraud. Afin de rester compétitifs, certains industriels notamment les constructeurs ont préféré miser sur d'autres maillons de la chaîne de valeur comme le recyclage. A ce propos, le président et directeur général de Stellantis avait déclaré lors de l'inauguration de la gigafactory d'ACC : « nous ne pouvons pas investir partout donc nous n'irons pas sur le raffinage pour le moment, il faut aller là où il y a le plus de valeur ajoutée ».

Pourtant, la France subventionne massivement les projets associés à l'approvisionnement en métaux pour l'industrie automobile dans le cadre de France 2030 notamment. L'entreprise Viridian a par exemple bénéficié de 12,4 millions d'euros grâce à un appel à projet et complètera avec des aides régionales et de la ville pour un investissement total estimé à 200 millions d'euros. « Nous sommes très confiants, la France fait un très bon travail en termes d'accompagnement », s'est réjoui Rémy Welschinger, co-fondateur et président de Viridian.

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L'autre point faible de la France est la lenteur de la mise en place des projets. La première usine de raffinage, Viridian, devrait en effet voir le jour, si tout se passe bien, en 2026 avec une capacité de production maximale atteinte seulement en 2027. Les autres suivront les années d'après.

« Toute la difficulté est l'accès à des zones industrielles quasi clé en main avec des voies ferrées, des voies portuaires, des études d'impact déjà réalisées... Cela créer des longueurs », confirme Rémy Welschinger.

Enfin, les questions de main-d'œuvre et de formation se posent. « Nos universités ne forment plus sur ce type d'activité. En Allemagne, en Angleterre ou encore au Pays-Bas, ils ont bien renforcé les formations », détaille Raphael Danino-Perraud. Plusieurs centaines d'emplois sont attendus pour chacun de ces projets. D'ici là, les projets de recherche avancent à grands pas pour trouver les batteries du futur qui s'affranchiront de ces métaux et rendront la batterie lithium-ion peut-être obsolète au moment de l'ouverture de ces projets.