Face à la terreur nazie, cet homme hors norme s'est battu jusqu'à la victoire avec des mots autant que des actes. « Le Point Grandes Biographies » raconte son histoire.
Par Laurence MoreauTemps de lecture : 3 min
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Pourquoi s'intéresser à Churchill aujourd'hui ? Parce qu'il demeure pour tous un modèle d'intelligence, de courage, de lucidité et de vitalité. Sacré « sauveur de la nation » en 1945, encore considéré par ses compatriotes en 2002 comme « le plus grand Britannique de tous les temps », Winston Churchill est devenu de son vivant une légende. Par sa résistance à l'ennemi nazi, sa ténacité, sa force de conviction, mais aussi ses extravagances et ses bons mots.
Le descendant du duc de Marlborough, celui de la chanson (« mironton, mironton, mirontaine »), a prouvé pendant l'épreuve de la Seconde Guerre mondiale que l'on peut gagner une guerre même si tout, au départ, semble perdu. « Nous ne nous rendrons jamais » était sa ligne et il l'a appliquée jusqu'au bout. Le peuple à qui il a promis le sang et les larmes l'a suivi, courageusement, malgré les bombes, les défaites des premières années et les morts. Seul contre tous, il a cru le premier en Charles de Gaulle et a voulu soutenir la France libre.
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Lanceur d'alerte
Revint alors pour lui le temps du black dog, ce « chien noir », cette dépression qu'il combattait depuis des lustres. Il est néanmoins reparti à l'attaque. Et c'est lui encore qui, dès le 5 mars 1946, avertit dans un discours à Fulton, dans le Missouri, que l'Union soviétique est en train de faire tomber un rideau de fer sur l'Europe. Le premier, encore une fois, il a compris qu'après Hitler le monde était confronté à un nouveau totalitarisme, celui de Staline. Mais, comme dans les années trente, quand, seul, il jouait les lanceurs d'alerte contre le nazisme, on le traînera alors dans la boue. Hauts et bas de la carrière d'un homme politique hors norme. Les mythes se construisent toujours sur le drame.
Fut-il sans peur et sans reproche ? Certes, non. On lui a durement reproché ses erreurs et on continue de le faire. Mais il n'en demeure pas moins un modèle dont beaucoup d'hommes politiques aiment à se réclamer partout dans le monde. Et, en 2023, difficile de ne pas faire le lien entre le Premier ministre britannique de mai 1940, seul face au rouleau compresseur nazi, et le président de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky, confronté avec son peuple depuis le 24 février 2022 à l'attaque de la Russie surarmée. Comme lui, Zelensky est courageux, pugnace, convaincant et toujours sur la brèche. Comme lui aussi, c'est un homme qui sait manier les mots et l'humour. Or, pour ce cher Winston, indécrottable épicurien, amoureux de la langue, un bon mot était plus qu'une marque d'élégance, un remède toujours salvateur. Une autre leçon que nous a laissée ce combattant hors norme.
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