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« Xi Jinping a signé l’arrêt de mort de l’internationalisation du yuan »

Isabelle Feng

Juriste

Contrairement aux pronostics, les sanctions économiques contre la Russie n’ont pas accru significativement le poids de la monnaie chinoise face au dollar dans les échanges internationaux, détaille la chercheuse Isabelle Feng dans une tribune au « Monde ».

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Le 24 novembre, le jour où eut lieu à Urumqi l’incendie qui a provoqué une vague de protestation contre les mesures zéro Covid, la Banque populaire de Chine (BPC) publiait son « rapport 2022 sur l’internationalisation du RMB », le renminbi, la monnaie chinoise communément appelée yuan. Plus précisément, il s’agit de la traduction en anglais d’un rapport original en chinois déjà mis en ligne le 23 septembre.

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« Guidée par la pensée Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère », la BPC se réjouit de l’avenir international du yuan, comme pour faire oublier le discours nationaliste et belliqueux de Xi Jinping, prononcé au 20congrès du Parti communiste chinois (du 16 au 22 octobre). Or, avec une feuille de route axée sur l’idéologie léniniste pour les années à venir, le président chinois a en réalité signé l’arrêt de mort de l’internationalisation du yuan.

Il faut reconnaître que ce n’est ni l’ambition ni les moyens qui manquent à la deuxième puissance mondiale pour promouvoir sa monnaie au sein du système monétaire international. En 2009, l’Etat-parti appelait déjà à adopter une devise internationale pour remplacer le billet vert. Lors du lancement des « nouvelles routes de la soie », en 2013, Pékin affichait clairement son objectif de répandre l’utilisation du yuan, avant de créer, deux ans plus tard, le China International Payment System (CIPS) pour gérer les transactions transfrontalières en yuan.

Colossales réserves de devises

Pendant que le monde admirait sa croissance à deux chiffres et la profondeur de ses poches, la Chine faisait des acquisitions à tour de bras sur les cinq continents. Ses colossales de réserves de devises lui conféraient une influence croissante au sein des organisations financières. En 2016, le CIPS intégrait le réseau de messagerie interbancaire mondial Swift de sécurisation des paiements transfrontaliers, et le Fonds monétaire international (FMI) faisait entrer le yuan dans le panier des droits de tirage spéciaux (DTS), le club très fermé des monnaies de référence, « oubliant » d’ailleurs au passage que le yuan demeure une monnaie non convertible… L’année suivante, la Banque centrale européenne convertit l’équivalent de 500 millions d’euros de dollars américains en yuans dans ses réserves de change. Etudes académiques, rapports d’experts et articles de presse sur l’irrésistible ascension du yuan sont alors légion.

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Au même moment, le dollar montre de plus en plus de signes de faiblesse. Pour contourner les sanctions de Washington contre l’Iran – dont son bannissement de Swift – le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne créent, en 2019, un système concurrent, l’Instex, avec la bénédiction de la Chine et de la Russie. Certes, le projet du trio européen a fait long feu, mais il illustre l’érosion du pouvoir du dollar. Déjà en 2016, l’ancien président de la Réserve fédérale Ben Bernanke admet, dans un article pour la Brookings Institution, que « le privilège exorbitant » du dollar… n’est plus si exorbitant. En 2020, la part des réserves des banques centrales (l’ensemble ? les principales) est de 59 %… contre 70 % en 2000.

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