France
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XV de France: le Tournoi de tous les dangers

Les Bleus, auréolés de leur Grand Chelem en 2022, débutent en Italie dimanche avec le Mondial en tête.

Ce Tournoi des six nations, que les Bleus débutent dimanche (16 heures, France 2) à Rome, n’est pas comme les autres. Il porte en lui tant de promesses, tant de dangers, qu’il sera scruté plus qu’une nouvelle édition de cette vénérable compétition. Tout au long de ce mois et demi de confrontations, la Coupe du monde sera en effet dans tous les esprits. Dans sept mois, son coup d’envoi sera donné au Stade de France avec un explosif et terrible France-Nouvelle-Zélande. À domicile, Antoine Dupont et ses partenaires sont attendus, portant sur leurs larges épaules les espoirs de millions de supporteurs rêvant d’un premier sacre planétaire. Enfin.

Leurs prestations récentes les affublent d’ores et déjà du costume de grands favoris pour le rendez-vous mondial. Pensez donc. Un Grand Chelem, désespérément attendu depuis vingt ans, dans le Tournoi l’année dernière. Une série, en cours, de treize victoires d’affilée, inédite dans l’histoire du XV de France, avec les scalps de l’Angleterre et de l’Irlande, des All Blacks et des champions du monde sud-africains, entre autres. Bref, les meilleurs actuellement. Pour une immense cible sur le dos. De chasseurs, les Bleus sont devenus chassés. «Prédateurs», ajoute Fabien Galthié. Que ce nouveau statut ne fait pas trembler. «Quand on a pris l’équipe de France il y a trois ans, on a défini les objectifs: gagner, vite, des matchs, des compétitions, et redevenir une nation majeure du rugby. C’est là où on est aujourd’hui, et c’est ce qu’on voulait. Chaque fois que l’équipe de France descend du bus pour aller dans le stade, c’est comme ça qu’elle veut se présenter. Pour ce Tournoi des six nations, on va donc essayer de rééditer ce qu’on a réussi à faire l’an dernier…»

La Coupe du monde déjà dans tous les esprits

Remporter le Grand Chelem pour la deuxième année d’affilée, donc. Une performance rare, réalisée à seulement deux reprises dans l’ère moderne, par l’Angleterre (en 1991 et 1992) et la France (en 1997 et 1998). Et jamais depuis le passage à six nations en l’an 2000. C’est dire l’ampleur du défi. Qui, s’il était réalisé, placerait les Bleus, le 18 mars au soir de France-Galles, à la première place mondiale et leur permettrait d’égaliser la plus grande série de victoires d’affilée - 18 - de l’histoire tout court, un record codétenu par les All Blacks et le XV de la Rose. Si on osait, on vétillerait que tant de lauriers à l’aube d’une Coupe du monde, ce n’est pas forcément rassurant. Ce n’est pas français, pour tout dire. Qu’une claque derrière la tête pour rester les pieds sur terre, vigilants et modestes, serait plus bénéfique qu’une place sans égale, sans rival, sur le toit du monde…

Tout le monde est concentré à fond sur ce Tournoi. Avec la rage de vouloir encore réussir ce magnifique Grand Chelem

Anthony Jelonch, joueur du XV de France

Une pondération qui, logiquement, exaspère ces Bleus, désormais féroces compétiteurs. Ils ne veulent rien lâcher en route. Au contraire. «On a envie de revivre les mêmes émotions, confie Anthony Jelonch. Tout le monde est concentré à fond sur ce Tournoi. Avec la rage de vouloir encore réussir ce magnifique Grand Chelem.» Ce qui serait phénoménal tant les Irlandais, actuelle première nation mondiale, les Anglais et tous les autres brûlent d’être les premiers à faire tomber ces agaçants empêcheurs de gagner en rond entre Anglo-Saxons. Ce qui promet deux plongées en enfer, à Dublin et à Twickenham, lors de cette édition…

La Coupe du monde est déjà dans tous les esprits. Plus encore dans ceux qui aspirent à y prendre part. Les dernières places dans la liste des 33 élus pour France 2023 seront chères à gagner. Et ce Tournoi représente la dernière occasion de bousculer la hiérarchie. Tout donner pour séduire Galthié et son staff. Mais ne pas tout perdre en se blessant gravement. Gabin Villière, qui va de rechute en rechute depuis la fin du Tournoi 2022, peut en parler, forfait de dernière minute pour cette édition (fracture du péroné lors d’un entraînement à haute intensité). «La blessure fait partie de la vie du sportif. À chaque grande compétition, on voit des copains la passant en tribunes, et c’est dur à vivre, confie Antoine Dupont au Figaro. Malheureusement, on ne peut pas les anticiper. On peut juste faire ce qu’on peut, pendant notre préparation, en prévention pour essayer de réduire la probabilité. Mais il y a toujours une part de chance qui fait que… À part s’engager à 100 % sur le terrain, il n’y a pas grand-chose à faire.»

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Si le capitaine des Bleus se veut fataliste, son sélectionneur, lui, est plus inquiet. Il sait que ces derniers mois seront interminables et que la mauvaise nouvelle rôde. Alors Fabien Galthié assure suivre de très près l’état de forme de sa troupe. «Nous les écoutons, nous leur demandons comment ils se sentent. Ils connaissent leur corps mieux que quiconque.» Oseront-ils, en cas de surchauffe, réclamer au sélectionneur d’être exempté d’une manche de ce Tournoi pas comme les autres?