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Young Fathers, le groove lourd et tribal au nom de la colère

Le trio écossais publie un remarquable quatrième album, « Heavy Heavy », entre hip-hop hybride, punk rock et gospel, avant leur concert à Paris.

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Et revoilà enfin le trio écossais Young Fathers, lauréat en 2014 du prestigieux Prix Mercury pour leur premier album, Dead. Les trois copains d’un quartier populaire d’Edimbourg, qui nous délectent à chacun de leur album de leur hip-hop hybride, entre punk rock industriel et gospel hurlé à la manière des plus grands chanteurs soul, n’avaient plus rien sorti depuis quatre ans. Publié le 3 février, leur quatrième disque, Heavy Heavy, qui porte très bien son nom, est à la hauteur de l’attente. Même, le magazine rock anglais en ligne New Musical Express (NME) le soulignait à sa sortie : « Il n’y a simplement personne qui ressemble aux Young Fathers. »

De disque en disque, du très provocateur White Men Are Black Men Too (« les hommes blancs sont aussi des hommes noirs »), en 2015, au plus mystérieux, Cocoa Sugar, en 2018, ces trois highlanders ne cessent d’étonner. Les dix titres de cet album sont à la fois joyeux et tragiques, dansants et conscients, rageurs et apaisants, obstinément optimistes et terriblement réalistes.

Textes allégoriques

Les textes toujours allégoriques d’Alloysious Massaquoi, de Graham G Hastings et de Kayus Bankole évoquent aussi bien la condition des mineurs en Afrique, qui exploitent pour d’autres les matières premières de leur continent, dans leur titre Rice, que les terribles violences policières, dans I Saw. Sauf que dans leur chanson, les victimes prennent le dessus. Emportée par une puissante ligne de basse et des kicks de batterie entêtants, la voix enragée de Kayus Bankole exige : « Je veux ton bouclier/Je veux ton arme/Je veux ton gilet pare-balles et n’oublie pas/Je ne suis pas sensible à ta bêtise/Je suis un gagnant. » La polyphonie de ses camarades aidant, impossible de résister à l’injonction et au groove rouleau compresseur de ce titre.

« I Saw » évoque les terribles violences policières. Sauf que dans leur chanson, les victimes prennent le dessus

Ce n’est pas le seul du disque. Drum ou Sink or Swim sont du même genre. Le très hip-hop, Shoot me Down, construit sur un beat boom bap des années 1990 déraille en comptine enfantine. Plus sérieux, les orgues du début de Tell Somebody soutiennent leurs voix claires comme du cristal, qui appellent à la supplique puis invitent à la danse. Mais à en croire les images de leur clip vidéo, le sujet est dramatique : un homme est englué dans une marée noire, métaphore d’une humanité dépendante de ses énergies fossiles.

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Puis parfois, les Young Fathers s’amusent juste avec leurs cultures polyphoniques réciproques du Liberia, du Nigeria ou de l’Ecosse. Sur Ululation, ils font entendre les hululements d’une drôle de chouette entre chants zoulous et voix bulgares. Enfin, ils terminent par ce qui semble être un titre féministe. Dans Be Your Lady, l’un d’eux chante : « Je veux être ta dame et oublie que je suis l’homme », avant d’être de nouveau bousculés par une batterie malfaisante, oubliant leur mélodie du départ sur quelques notes de piano. Personne n’écrit de chansons comme Young Fathers, c’est sûr. Et ce qui est bien avec eux, c’est qu’ils sont encore plus invraisemblables sur scène.

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