Plus de la moitié des écoles du Québec ne sont pas dotées d’un système de ventilation mécanique et devront ouvrir les fenêtres cet hiver afin de lutter contre la propagation de la COVID-19.
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C’est un des constats qui se dégage d’un rapport dévoilé vendredi par le ministre de l’Éducation sur la qualité de l’air dans les classes du Québec. Le document démontre que des mesures ont été prises pour assurer une bonne ventilation dans les écoles, mais ne contient aucune mesure qui permet d’évaluer la qualité de l’air.
Pourtant, de nombreux scientifiques font valoir qu’une classe mal aérée est propice à la propagation du coronavirus.
En dévoilant son rapport hier, le ministre Jean-François Roberge a annoncé que la Santé publique testera, dès la semaine prochaine, la quantité de CO2 dans certaines écoles. Toutefois, le nombre d’établissements qui seront visités et la date où ces nouveaux résultats seront dévoilés demeurent inconnus.
Roberge rassuré
Mais pour le ministre de l’Éducation, le document dévoilé vendredi permet de croire d’ores et déjà que l’aération des classes du Québec est adéquate. Son ministère évalue que 96,55% des centres de services et commissions scolaires (68 ont répondu, sur 72) ont implanté «une approche systématique en matière de gestion de la qualité de l’air». Cela inclut l’entretien ménager des systèmes de ventilation, le respect des normes et le plan d’entretien électromécanique.
«Je pense que c’est très rassurant», dit Jean-François Roberge en entrevue.

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Le hic, c’est que plus de la moitié des écoles (1870 sur 3227) n’ont pas de système de ventilation mécanique et devront ouvrir les fenêtres ou trouver une alternative pour aérer les classes cet hiver. À celles-ci, le ministre demande de laisser entrer l’air extérieur pour une période de 15 à 20 minutes, trois fois par jour, pendant que les enfants sont absents.
Deux semaines perdues
Mais pour la députée libérale Marwah Rizqy, le Québec a perdu deux semaines avec ce rapport, alors que le gouvernement aurait dû agir. «On ne savait pas à quelle hauteur, mais on savait déjà qu’il y avait plusieurs écoles au Québec qui n’avaient pas de ventilation mécanique», fait-elle valoir.

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Les partis d’opposition estiment que plusieurs mesures permettraient une meilleure qualité de l’air dans les écoles. L’option des demi-classes est notamment mise de l’avant.
Le PLQ et QS réclament aussi l’achat de moniteur de CO2 et de purificateurs d’air, une opération qu’ils évaluent à 86 millions$ pour l’ensemble des écoles. «C’est moins que ce le gouvernement Legault était prêt à mettre pour sauver le Cirque du soleil», dit Mme Rizqy.
Mais le ministre Roberge a rejeté l’idée vendredi, en soulignant qu’il ne s’agit pas pour le moment d’une recommandation de l’INSPQ.
«Insulte à l’intelligence»
Pour Québec solidaire, le rapport dévoilé vendredi est «une véritable insulte à l’intelligence». «Comment le ministre peut-il soutenir que nos milieux scolaires sont sains et sécuritaires, alors qu’il vient tout juste de demander des tests de CO2, et qu’il n’aura pas les résultats avant plusieurs semaines?», demande la députée solidaire Christine Labrie.

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À la CSQ, le syndicat des enseignants salue «le fait qu’un certain nombre de consignes sont émises pour assurer la qualité de l’air, notamment par l’ouverture des fenêtres et l’inspection des systèmes de ventilation».
Toutefois, le document «escamote l’enjeu central de la qualité de l’air actuelle dans les écoles du Québec», estime le syndicat. «Nous demandons au gouvernement de s’engager à rendre publics les résultats des tests de la qualité de l’air des écoles, en toute transparence, pour les milliers d’élèves, de parents et les équipes-écoles», demande sa présidente, Sonia Éthier.
Pas de hausse de cas
Plutôt cette semaine, des tests menés par un groupe de médecins dans près de 25 classes de la région montréalaise démontraient des concentrations de CO2 jugés inquiétants. Une douzaine excédaient même la norme de 1000 parties par million au-delà duquel le ministère de l’Éducation estime que les occupants peuvent ressentir un inconfort.
Jean-François Roberge reconnaît que ces constats sont inquiétants, mais il souligne que le début de la saison froide n’a pas entraîné une hausse des cas de COVID-19 au cours des dernières semaines.
«Donc, il est content que la situation ne se soit jamais améliorée?», lance Marwah Rizqy.