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À Paris, une exposition sur la manière dont l’Afrique se raconte à travers les pagnes en fancy

L’Afrique se raconte à travers les pagnes fancy au musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris. Cette exposition présente un panorama très riche de tissus commémoratifs imprimés ces 50 dernières années lors de grands événements sur le continent africain.

« Fancy » (« fantaisie » en anglais), c’est aussi un tissu. Il relève de la catégorie des pagnes, un morceau d’étoffe rectangulaire aux motifs graphiques et aux couleurs vives. Un vêtement féminin porté autour du corps, très populaire en Afrique. Sujet coton, contrairement au wax, son célèbre rival textile, il est imprimé dans des usines du continent africain. De moins bonne qualité que son concurrent, il est aussi beaucoup moins onéreux.

Mais le fancy est avant tout un véritable outil de communication où sont gravés de petites citations aux grandes ambitions, comme cette phrase contre la polygamie : « Pas de vie à trois. »

Des revendications féministes aux engagements politiques, sociaux, religieux ou culturels, les pagnes commémoratifs en Afrique se déclinent à toutes les sauces à l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, de campagnes électorales, de cérémonies d’investiture, de visites diplomatiques ou de commémorations des indépendances.

Tirant le fil de la mémoire, l’exposition revient sur l’aventure du pagne depuis 50 ans dans une vingtaine de pays d’Afrique subsaharienne.

« Ils comprennent des slogans qui contribuent aussi à diffuser des messages »

Sarah Ligner, commissaire de l’exposition « Fancy ! Pagnes commémoratifs en Afrique », explique par ailleurs que des pagnes fancy, ornés de portraits de personnalités, se font le porte-parole de la politique en Afrique. « Le pagne, c’est plus qu’un vêtement anodin, explique-t-elle au micro de José Marinho. Par la mise en scène d’une image photographique assortie de textes, ils comprennent des slogans qui contribuent aussi à diffuser des messages. Je pense par exemple à Eyadema [président togolais de 1967 à 2005, NDLR], au Togo, qui, pour célébrer chaque anniversaire de sa présidence, commandait beaucoup de pagnes à dimension de propagande. Et il y a un pagne dans l’exposition qui montre un nouveau découpage de la République démocratique du Congo en 2015, et le nom de Mobutu n’y figure pas. Le premier des héros du pays qui est célébré dans ce pagne, c’est Lumumba. Le pagne qui montre la visite de Pompidou au Gabon et sa rencontre avec son homologue Omar Bongo porte la date de la visite en 1971, mais il porte aussi la date du début de la colonisation française au Gabon. »

Sarah Ligner conclut : « Ce sont des miroirs de l’histoire de la Françafrique en Afrique, donc ce sont des tissus qui sont liés à un événement précis, mais conservés. Ils deviennent une mémoire aussi, donc cette histoire a pu être perçue, mise en scène, à un moment T. »

« Fancy ! Pagnes commémoratifs en Afrique » est une exposition à voir jusqu’au 14 janvier au musée du quai Branly-Jacques Chirac, à Paris.