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Caster Semenya: «Nos dirigeants doivent se battre pour leurs athlètes»

Superstar de l’athlétisme africain, Caster Semenya n’a pourtant fini que sixième du 5.000 mètres des Championnats d’Afrique 2022, le 9 juin à Côte d’Or. Une distance que la double championne olympique du 800 mètres et triple championne du monde du double tour de piste pratique désormais parce que les athlètes hyperandrogènes sont exclues de toutes les courses allant du 400 mètres au mile, sauf si elles font réduire leur taux de testostérone. Une situation que la Sud-Africaine de 31 ans, qui veut courir à terme sur route, ne cesse de dénoncer.

Caster Semenya, comment s’est déroulée votre compétition ?

Caster Semenya : Je pense que la compétition s’est bien déroulée pour moi. J'ai fait ma propre course. J'ai aimé ça. Je suis contente de la façon dont j'ai terminé. Je pense qu'en tant qu'athlète de fond, lorsque vous apprenez, c’est par petits pas. Vous ne pouvez pas vous précipiter. En fin de compte, une compétition ne détermine pas vos résultats. Évidemment, c'est mon premier grand 5.000 mètres. Tout le monde a commencé comme ça et moi aussi.

Vous avez un projet sur le long-terme. Le 5.000 mètres fait partie d’un long processus. Pouvez-vous nous expliquer cela ?

Je ne considère pas le 5.000 mètres comme mon objectif principal. Mon objectif principal est la course sur route. En ce moment, j'essaie d'apprendre à rythmer ma course, à être compétitive. Dans deux ou trois ans, je serai sur route. Ce n'est donc qu'un petit pas. Même Eliud Kipchoge était un coureur de 5 000 mètres avant. Il a remporté un titre mondial sur 5 000 mètres puis est devenu un grand marathonien. Je suis une personne très positive. Donc ce ne sont pas des résultats comme celui d’aujourd’hui qui peuvent me décevoir. Je pense que c'est formidable de se montrer et d’afficher cet esprit sportif. Pour moi, il s'agit de m'améliorer à chaque fois que je cours.

Etait-ce très important pour vous d’être présente à ces Championnats d’Afrique ?

Il s'agit de paver la route. Comme je répète souvent, durant ma première carrière, je suis venue ici et j’ai été vainqueur. Cela ne veut pas dire que je gagnerai toujours. Pour moi, il s'agit de venir ici pour représenter mon pays et mon peuple. Les gens veulent me voir courir et être heureuse. Pour moi, il ne s'agit pas de gagner. J'ai gagné tous les titres majeurs. Je suis la plus grande qu'ils aient jamais vu. Maintenant, il s'agit simplement d'humanité, de montrer aux gens que même si quelqu'un peut vous empêcher d'atteindre ce que vous voulez réaliser et même plus, vous pouvez toujours le faire. Alors les rageux, ils peuvent aller en enfer ! C’est aussi simple que ça !

Pouvez-vous nous parler de votre combat pour l’inclusion ?

Nous avons des dirigeants lâches. Pour être honnête, sur ce continent, les gens sont silencieux. Je ne sais pas pourquoi ils sont silencieux. Ils ne se battent pas pour leurs propres athlètes. Ils sont juste tranquilles et assis là, profitant du privilège d'être dans le conseil d’administration. C’est une situation merdique. Ils doivent se battre et s’afficher pour les athlètes. Quand j'avais 18 ans, je ne pouvais pas parler ouvertement. Maintenant j’ai les mots pour le faire. Imaginez ce qui se passe dans la tête de gosses. Ils ne peuvent rien faire, mais nos dirigeants ne font que profiter de leurs privilèges. Absurde ! Il faut se montrer, travailler, se battre pour vos athlètes. Et alors l’athlétisme africain sera formidable. Mais actuellement, c'est décevant…

Allez-vous continuer ce combat ?

Bien sûr ! Il ne s'agit pas de moi. Il s'agit des jeunes enfants qui vont faire face aux mêmes problèmes. Il y a beaucoup d'enfants qui veulent concourir sur 400, 800 et 1.500 mètres. Mais ils ne peuvent pas être intégrés. Si vous êtes un leader, vous êtes ici pour représenter les athlètes et ne pas débiter des bêtises comme dire : "Hé, ces athlètes ne sont pas suffisamment des femmes." Foutaises ! Et les hommes ? Les hommes ne sont pas tous très musclés, il y a des grands et des petits, ils n’ont pas tous les mêmes qualités, certains ont des avantages que d’autres n’ont pas. Pourquoi on ne s’en prend pas à eux ? Parce que vous êtes lâches ! Nous n'allons pas arrêter le combat. Nous voulons continuer à leur montrer que leur étude est absurde. Elle n'est pas adaptée, ni valide. Si vous voulez être raciste et que vous voulez catégoriser les femmes, alors vous êtes au mauvais endroit. Vous devez faire vos valises et rentrer chez vous, et laisser les gens qui comprennent l'humanité rester dans ce sport. Le sport est fait pour tous. Mais en ce moment, il n'est pas pour tout le monde.