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États-Unis: une inflation à la hausse de 8,6% sur un an, un nouveau record

L'inflation est repartie à la hausse en mai aux États-Unis et a atteint 8,6% sur un an, un nouveau record deouis 40 ans. C'est bien plus que prévu par les analystes et l'impact pourrait dépasser les seuls consommateurs américains. La situation devrait aussi convaincre la Banque centrale américaine (Fed) de donner un tour de vis supplémentaire à ses taux directeurs la semaine prochaine.

Dans le détail, l'énergie a grimpé de 34%, les prix alimentaires ont pris 10% aux États-Unis. Logement, billets d'avion, voitures ou encore soins médicaux ont également vu leurs prix particulièrement augmenter.

« Le consommateur américain, c’est un peu la locomotive de l’économie américaine dont la consommation représente 70% du PIB aux États-Unis, explique Benoit Peloille, stratégiste dans la société de gestion Vega, joint par Pauline Gleize du service économie. Or l’économie américaine, c’est la locomotive de l’économie mondiale. »

Selon l'analyste, le moral des consommateurs américains n'est pas au beau fixe, on est même « en ligne avec des niveaux d’entrée en récession » : dans un cycle où les ménages freinent leur consommation.

L’impact sur la croissance mondiale

« Le taux d’épargne est revenu sur des niveaux qui sont les plus bas depuis plus d’une décennie, et les ménages ont beaucoup recours au crédit, ce qui en réalité est assez inquiétant parce que les ménages qui n’ont pas suffisamment d’épargne utilisent le crédit pour joindre les deux bouts face à cette inflation, et donc le risque c’est un freinage accéléré, plus brutal que prévu, de l’économie américaine sous l’effet d’un resserrement de la Réserve fédérale qui soit finalement assez important. »

Cela va peser sur la croissance et sur l’économie mondiale. « Cela a un impact notamment sur les pays émergents. Les pays émergents face à ce resserrement monétaire risquent d’être victimes de sortie de capitaux, on a donc un effet de déstabilisation potentiellement assez important dû à ce resserrement monétaire aux États-Unis », précise Benoit Peloille.

Le resserrement de la politique monétaire

Et la Banque centrale américaine a d'ailleurs déjà commencé un resserrement monétaire qui semble se réaliser sur un rythme qui va être assez soutenu mais il va falloir un peu de temps pour qu'il « commence à avoir de l’impact sur cette inflation », considère Benoit Peloille, d'autant qu'il a commencé avec retard.

Autre élément à prendre en compte pour expliquer cette inflation : les prix des matières premières, des matières agricoles qui sont des éléments qui sont représentatifs d’un choc d’offres. Or les banques centrales à travers le resserrement monétaire, ont un impact sur la demande, à travers la distribution de crédit, mais pas un impact direct sur l’offre. Et donc elles n’ont pas d'effet direct sur l’inflation.

« Mais il faut bien avoir en tête qu’on aura beau resserrer la politique monétaire, ça n’est que quand on aura eu un impact négatif sur la croissance qu’ensuite l’inflation va pouvoir se tempérer. Si on est face à une inflation qui a un impact particulièrement mauvais sur la croissance, en même temps on va freiner la croissance pour espérer calmer cette inflation, et donc en réalité ce scénario maintenant devenu un peu consensuel de stagflation, pour nous c’est plutôt l’étape intermédiaire avant malheureusement le risque de récession en réalité. »

Les créations d’emplois en augmentation, tempère Joe Biden

Face aux chiffres de l’inflation, le président américain Joe Biden en déplacement à Los Angeles a préféré miser sur les bons chiffres de créations d’emplois ou de la croissance depuis sa prise de fonction : « Grâce à ces progrès, les Américains peuvent s’attaquer à l’inflation en position de force comme aucun autre pays au monde. Parce que tous les pays du monde souffrent de forte inflation, et bien plus que nous pour la grande majorité des pays du monde. Mais ne vous y trompez pas. Je comprends que l’inflation est un vrai défi pour les familles américaines. Les chiffres de l’inflation du jour confirment ce que l’Amérique sait déjà. »

Le président américain en a profité pour préciser que la hausse des prix de Poutine frappait durement l’Amérique. Les prix à la pompe, les prix de l’énergie et de la nourriture comptent pour la moitié de l’augmentation depuis mai. « L’inflation en dehors de l’énergie et de la nourriture, ce que les économistes appellent l’inflation sous-jacente, a ralenti depuis deux mois. Pas assez, mais elle a ralenti. Et nous avons besoin qu’elle ralentisse bien plus vite. »

À lire: Inflation aux États-Unis: Joe Biden reçoit le patron de la FED et sa ministre de l'Économie