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Nicaragua: le Parlement dissout 83 associations, dont l'Académie de la langue

Le Parlement, dominé par les fidèles du président de Daniel Ortega, a approuvé mardi par 75 voix sur 91 la suppression de la personnalité juridique de ces associations.

C'est un nouveau coup dans la répression du pouvoir Ortega. Le Parlement du Nicaragua a voté mardi la dissolution de l'Académie de la langue espagnole, vieille de près d'un siècle, ainsi que 82 autres ONG et associations accusées de violation de la loi sur les « agents étrangers ». Selon le ministère de l'Intérieur, ces dernières « ont violé et n'ont pas respecté leurs obligations » légales et ont « fait obstacle au contrôle et la surveillance » auxquelles elles sont astreintes par la loi des « agents étrangers ».

Fondée en 1928, l'Académie nicaraguayenne de la langue espagnole, équivalent de l'Académie française, est accusée, comme les autres associations visées, de ne pas s'être pliée à la loi sur les « agents étrangers » de 2020 qui impose à toute personne ou entité recevant des fonds de pays extérieurs de s'enregistrer auprès du ministère de l'Intérieur. Cette loi prévoit également un contrôle pointilleux des comptes et la suppression de droits civiques et politiques.

« L'Académie nicaraguayenne de la langue espagnole regrette profondément l'annulation de la personnalité juridique d'une institution consacrée à l'étude de la langue et à la culture de la littérature nicaraguayenne », déclare l'organisation dans un communiqué. Sa dissolution entrave « le fonctionnement d'une institution, dont le travail a contribué à la mise en valeur du bien culturel le plus précieux: la langue ». L'Académie s'était déjà défendue des accusations portées contre elle en soulignant que ses travaux portent sur la grammaire et le dictionnaire de la langue espagnole.

Les ONG, cibles de choix du gouvernement nicaraguayen

Près de 200 entités (ONG, associations, organisations humanitaires...) ont été à ce jour dissoutes par les autorités nicaraguayennes, qui les accusent de recevoir des fonds de l'étranger pour fomenter un coup d'État avec le soutien des États-Unis. En mars 2022, vingt-cinq associations avaient été déclarées illégales par le Parlement. Parmi celles-ci, des organisations de défense des droits de l'homme et de la liberté d'information.

Depuis la crise ouverte en 2018 par les manifestations contre le gouvernement de Daniel Ortega, l'opposition a été réprimée dans le sang avec un bilan d'au moins 355 morts, des dizaines de milliers d'exilés et des centaines d'emprisonnements, selon la Commission interaméricaine des droits de l'Homme (CIDH). Réélu en novembre 2021 pour un quatrième mandat consécutif lors d'un scrutin d'où étaient absents tous ses adversaires potentiels de poids, ceux-ci ayant été arrêtés ou contraints à l'exil, le président nicaraguayen est aujourd'hui seul aux manettes du pays.

► À lire aussi : Nicaragua: le gérant du journal d'opposition «La Prensa» condamné à neuf ans de prison