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Dr Cheikh Dieng sur la révision exceptionnelle des listes électorales pour 2024 «Le pouvoir installe les germes d’un contentieux qui peut dégénérer»

«Le Président Macky Sall veut contrôler le fichier électoral pour en faire un enjeu de réélection.» Telle est la conviction de Dr Cheikh Dieng qui dénonce le fait que le régime actuel s’emploie à restreindre les conditions d’accès au fichier d’une part, en refusant systématiquement depuis 2016 d’organiser la révision ordinaire des listes pourtant prévues pour avoir lieu chaque année, et d’autre part en limitant drastiquement la durée des périodes de révision exceptionnelle des listes.

«Ces périodes sont de plus en plus courtes depuis 2017», renchérit-il. Selon l’ancien responsable libéral, aujourd’hui président du parti Fepp Tawfekh, l’article L37 du Code électoral prévoit que «les listes électorales sont permanentes, et qu’elles font l’objet d’une révision annuelle initiée par l'’administration ».

A l’en croire, cette disposition est complétée par l’article R28 du décret portant partie réglementaire qui dispose qu’une révision dite « ordinaire» a lieu sauf cas de force majeure ou de révision exceptionnelle en perspective, chaque année, du 1er février au 31 juillet inclus. Suffisant pour que l’ancien maire de Djiddah Thiaroye Kao soutienne que les révisions exceptionnelles ne sont donc prévues qu’en année électorale pour pouvoir se substituer éventuellement aux révisons ordinaires.

Dr Cheikh Dieng estime ainsi que c’est en violation totale du premier alinéa de l’article L37 relatif à l’organisation de la révision annuelle ordinaire des listes électorales que le ministre de l’Intérieur a sorti un communiqué pour annoncer une révision exceptionnelle des listes électorales. En effet, souligne-t-il, pour l’année 2023 qui n’est pas une année électorale, la loifait obligation au ministre de l’Intérieur d’organiser une révision ordinaire des listes dans la période spécifiée du 1er février au 31 juillet. Il soutient dans la foulée que l’option pour la révision exceptionnelle permet au pouvoir de limiter la durée de fonctionnement des commissions d’inscription dans une période réduite à la discrétion du Chef de l’Etat.

L’objectif, se désole-t-il, est de limiter l’accès au fichier électoral à une jeunesse particulièrement rebelle.

«Ce sont aujourd’hui plus de 3 millions 600 mille citoyens qui frappent à la porte des commissions de révision des listes électorales. Or, la révision exceptionnelle ne peut permettre tout au plus que 250 à 300 mille électeurs de s’inscrire sur les listes électorales, soit près du tiers qui disposent déjà d’une carte d’identité ‘’Non Vote’’», lit-on dans une note de Monsieur Dieng parvenue à «L’AS».

A l’opposition et à la société civile de porter ensemble le combat

Ce qui lui fait dire que la forfaiture est consommée. Et que «le pouvoir installe les germes d’un contentieux préélectoral qui pourrait vite dégénérer en une confrontation dont notre pays se passerait volontiers ».Au demeurant, s’interroge-t-il, quelle valeur aura une élection présidentielle organisée sur les cendres d’une violation systématique de toutes les règles qui régissent son processus ?

Dr Cheikh Dieng préconise en outre aux autorités de prendre le chemin de l’article L6 de la loi électorale qui donne toute latitude à la CENA de rectifier le tir pendant qu’il est encore temps. Il dit être convaincu qu’on est en face d’une violation flagrante de la loi électorale mise en œuvre par l’actuel régime qui met en œuvre ses pouvoirs régaliens d’injonction, de rectification, de dessaisissement et de substitution, pour faire organiser la révision ordinaire des listes électorales.

Monsieur Dieng affirme qu’une inaction de la CENA conforterait le sentiment largement partagé des acteurs politiques et des observateurs de son inutilité, voire de sa complicité face aux violations flagrantes du code électoral par le pouvoir. «La soumission de l’Etat à la loi est un fondement de l’Etat de droit. Notre parti Fepp Tawfekh rejette la révision exceptionnelle décidée unilatéralement par le pouvoir et interpelle le Président Macky Sall pour revenir à la raison en acceptant d’organiser la révision ordinaire du fichier électoral comme l’y oblige la loi », at-il déclaré.

En définitive, Dr Cheikh Dieng demande à toute l’opposition et à la société civile de porter ensemble ce combat qui est un combat pour la démocratie et le respect du droit.


L’As