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Maroc-Mauritanie : Ahmed Raissouni, Un prédicateur réveille le contentieux territorial

Le président de l’Union internationale des savants musulmans, Ahmed Raissouni, a remis en cause l’existence de la Mauritanie et prôné un retour au « Grand Maroc ». Des déclarations qui ont suscité de nombreuses réactions au Maghreb et qui n’ont pas manqué de relancer la polémique autour des conflits frontaliers avec l’Algérie et la Mauritanie.

En qualifiant l’existence de la Mauritanie d’ »erreur » et en affirmant que, de son point de vue, le Maroc devait « redevenir ce qu’il était avant l’invasion européenne » le 2 août sur le plateau du média marocain Blanca TV, Ahmed Raissouni, 69 ans, a déclenché un tollé régional. Cofondateur avec Abdelilah Benkirane du parti du Mouvement de l’unicité et de la réforme (MUR) ossature idéologique du Parti de la justice et du développement (PJD) , Ahmed Raissouni est l’une des figures de proue de l’islam conservateur marocain.

En 2018, il prend la succession du controversé prédicateur égyptien Youssef al-Qaradawi, qui vit au Qatar, à la tête de l’Union internationale des oulémas musulmans (UIOM).

En se faisant ainsi le promoteur d’un « Grand Maroc » qui comprendrait le Sahara occidental, la Mauritanie, mais aussi une partie de l’Algérie et du Mali, Ahmed Raissouni s’inscrit dans la droite ligne du fondateur de l’Istiqlal, Allal El Fassi. « Le problème de la Mauritanie et du Sahara est une création coloniale », selon Ahmed Raissouni. Il a déploré la participation « d’États arabes et islamiques » dans la création du contentieux territorial et mentionné « l’allégeance » des oulémas mauritaniens au trône chérifien.

Le président de l’UIOM a également critiqué « certains responsables » marocains pour s’être tournés vers Israël « pour le traitement de la question du Sahara » plutôt que vers le peuple marocain. « Si nous nous étions appuyés sur le peuple, de 35 millions de personnes, il aurait été prêt à lutter, avec son argent, son âme », a-t-il ajouté. Ahmed Raissouni a signé en 2021 une tribune de l’UIOM appelant au « boycott d’Israël » et dénonçant « l’occupation de la Palestine ». Citant la Marche verte de 1975, à l’initiative de Hassan II, Ahmed Raissouni a affirmé que « si Sa Majesté le roi appelle à un jihad de quelque manière que ce soit […], nous sommes prêts […] à une marche jusqu’à Tindouf ».

En 1963, c’est dans cette région qu’ont eu lieu les combats de la guerre des Sables, qui opposa les FAR marocaines à l’ANP algérienne pendant plusieurs semaines. Tindouf abrite depuis 1976 les camps de réfugiés sahraouis.

Réactions en chaîne, l’UIOM se désolidarise

Les paroles du prédicateur ont déclenché de vives réactions à la fois en Algérie et en Mauritanie. Plusieurs formations politiques algériennes ont exprimé leur indignation, dont le Front de libération nationale (FLN).

Dans un communiqué du 15 août, le parti au pouvoir a notamment qualifié les déclarations d’Ahmed Raissouni d’ »irresponsables ». Accusant un « inacceptable dérapage », la Ligue algérienne des droits de l’homme à quant à elle appelé l’UIOM à « organiser, dans les plus brefs délais, une assemblée générale afin de destituer l’actuel président ».