Concurrence des chalutiers chinois, exploitation des hydrocarbures, dérèglement climatique… Au large de Saint-Louis, la pêche devient un combat. Et, sous ses allures paisibles, la « Venise africaine » subit un concentré des effets toxiques de la mondialisation.
Quelques minutes plus tôt, des dizaines de pirogues tachetaient paisiblement l’Océan dans les miroitements de l’aube. Elles prennent maintenant la fuite en ordre dispersé. Course-poursuite dans l’Atlantique. Nous sommes pris en chasse par la marine sénégalaise et le rapport de forces est inégal. Les 15 CV des frêles embarcations ne font pas le poids face à l’imposant navire militaire. Deux pirogues sont arraisonnées, leur matériel confisqué. Les autres rentrent à terre bredouilles. La journée de pêche est fichue. Makhtar soupire :
« C’est un peu dur quand même. »
Si l’armée traque les petits pêcheurs, c’est qu’ils opèrent aux limites de la zone maritime de Diatara, à une dizaine de kilomètres des côtes de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal. Une zone où ils ont toujours pêché et qui leur est désormais interdite.
Une zone où un consortium majoritairement détenu par la compagnie pétrolière BP achève la construction d’un terminal offshore sur l’un des plus grands champs ... Lire la suite ici