Ici serré de près par Colback, Danel Sinani n’a pas existé dans cette finale d’accession à la Premier League. (Photo : afp)
ANGLETERRE Les portes de la Premier League étaient ouvertes pour Danel Sinani et Huddersfield, mais c’est Nottingham, vainqueur en finale d’accession, qui s’y est engouffré.
C’était ce fameux match à 165 millions d’euros, le montant garanti sur trois ans pour son vainqueur, d’après une étude menée en 2020 par le cabinet d’audit Deloitte. Mais par-delà ces énormes considérations financières, il est probable que Danel Sinani aurait échangé tout l’or du monde contre le simple enjeu sportif de cette partie : une montée en Premier League, le meilleur championnat du monde.
S’il fait partie, à Huddersfield, de ces joueurs dont le coach Carlos Corberan estime qu’ils méritent, tant pour leur talent que pour leur investissement personnel, d’évoluer dans l’élite du foot anglais, il est désormais très improbable de voir le Luxembourgeois à un tel niveau la saison prochaine. Norwich City, son employeur, y est monté sans lui l’été dernier, et n’est pas parvenu à s’y maintenir, achevant l’exercice 2021/2022 à la dernière place de PL.
Son transfert remis en cause?
Satisfait des états de service du gaucher, Huddersfield Town dispose lui d’une option d’achat pour le conserver. Mais elle était, sans doute, conditionnée à une éventuelle montée, qui s’est refusée hier aux «Terriers» à Wembley : en finale d’accession, le 3e de la saison régulière s’est fait griller la politesse par le 4e, Nottingham Forest, enfin de retour en Premier League 23 ans après l’avoir quittée.
Un seul but a suffi pour cela aux «Tricky Trees», et il a été inscrit par… un équipier de Sinani, le défenseur Levi Colwill, qui a dévié dans ses propres filets un centre rentrant de Garner, sous la pression de Yates (0-1, 43e). Une action sur laquelle le Roude Léiw n’est peut-être pas sorti assez vite, ou assez fort, sur Garner, qui a dès lors eu le loisir de chercher la zone la plus dangereuse. Avec succès.
Pas verni sur ce coup-là, et privé de deux penalties par Jonathan Moss en fin de match, quand Toffolo a écopé d’un jaune pour simulation alors que Colback l’avait bien touché (73e) et que Surridge a déséquilibré O’Brien dans la boîte (83e), «Town» n’en a, face à une équipe de Nottingham longtemps plus entreprenante et menaçante, pas suffisamment fait lui non plus pour faire basculer son destin.
Témoin, son nombre de tentatives, cinq, et surtout de tentatives cadrées : aucune. Ou alors son nombre de ballons négociés dans les 16 mètres adverses, huit, avant ce dernier quart d’heure qui aura vu Huddersfield squatter le camp adverse et finit plus fort que les hommes de Steve Cooper.
Un match à oublier
Les plus belles situations des «Terriers», jusqu’à ce sursaut d’orgueil et cet ultime centre d’O’Brien que Russell n’a pas pu couper à bout portant (90+4) ? Peut-être ce centre-tir de Thomas repoussé par Samba, le gardien de Nottingham (34e), et ce tir de Ward contré par la défense des «Reds», sur un corner joué intelligemment en retrait par Thomas (40e).
Sur la première, Sinani était seul au second poteau, et c’est encore lui qui sollicitait le ballon en retrait quand Ward a débordé Worrall mais s’est heurté au retour très viril de Garner (38e). L’histoire aurait peut-être différente si l’ancien Dudelangeois avait été trouvé, mais ces deux «presque occasions» constituent malheureusement ses principaux faits d’armes dans une partie qu’il a achevée dès la 67e minute, quand Carlos Corberan l’a remplacé par Holmes.
Après 59 matches, club et sélection confondus, le gaucher avait cependant le droit d’être émoussé, et cette folle saison aura au moins confirmé sa propension à enchaîner les rencontres de haut niveau. Reste désormais à savoir où il jouera les prochaines. Puisqu’il ne lui reste qu’un an de contrat à Norwich, les «Canaries» n’auront d’autre choix que le vendre cet été s’ils ne comptent pas dessus.
Pas dit toutefois que l’idée de renforcer un potentiel concurrent direct à la montée en Premier League enchante les décideurs locaux. À défaut, et si ses pistes espagnoles n’aboutissent pas, Dean Smith peut toujours donner sa chance à Sinani du côté de Carrow Road, un privilège auquel l’international luxembourgeois n’a jamais eu droit depuis sa signature en 2020. Son exercice 2021/2022 l’a en tout cas confirmé : il a au moins l’étoffe pour compter dans un club de Championship.