Carnet noirAlbert Longchamp a pris le grand large
Journaliste et jésuite, le prêtre né à Échallens est décédé jeudi à Genève, à 81 ans.
Albert Longchamp dans son bureau de Carouge (GE), le 14 décembre 2012.
Georges Cabrera
Après de nombreux périples aussi intérieurs qu’aventureux, le journaliste jésuite Albert Longchamp a trouvé, à 81 ans, le repos éternel à Genève. Né à Échallens, ordonné prêtre en 1973 et rayonnant à travers le monde de Zurich à New York, cet homme de lettres passionné a surtout marqué le journalisme catholique en Suisse romande.
Œuvrant pour diverses revues, «Choisir», «L’Écho», «L’Illustré», auteur de plusieurs publications, notamment «Petite vie de saint Ignace de Loyola», «L’Église, qu'est-ce que c’est?» «L’honneur perdu des évêques argentins», Albert Longchamp a en outre présidé la Commission des médias de la Conférence des évêques suisses (CES) et la Fondation Maurice Zundel. Également membre du comité de l’Agence de presse internationale catholique (Apic), basée à Fribourg, il a enseigné l’éthique des médias à l’Université de Fribourg de 1989 à 2006.
«Il se passionnait pour les luttes du tiers-monde et les combats contre l’injustice, mais à l’interne, c’était un homme de douceur et de délicatesse.»
Jean-Blaise Fellay, jésuite
Comme le rappelle son compagnon sur le site cath.ch, le jésuite Jean-Blaise Fellay, Albert Longchamp laissera le souvenir d’un amoureux du verbe. «Mais il restait un religieux méditatif qui aimait les nuits silencieuses. Il se passionnait pour les luttes du tiers-monde et les combats contre l’injustice, mais à l’interne, c’était un homme de douceur et de délicatesse.»
Albert Longchamp, prêtre catholique et journaliste, en 2011.
Michel Perret/Le Matin Dimanche
Un être de sincérité totale aussi. Au creux d’une sévère dépression marquée par l’alcool, en 2008, il entreprend de se reconstruire et de désintoxiquer, expérience qu’il partagera en 2011 sur la RTS. «J’ai réappris auprès de mes compagnons d’infortune le prix de la vie et la volonté de vivre. Nulle part au monde, je n’ai vu autant de respect mutuel pour nos faiblesses ou nos violences. Ce séjour m’a «réhumanisé». Méditation et prière, contemplation dans l’action, liberté intérieure, joies du partage, de la lecture… Je vis comme une seconde naissance.»
La sérénité enfin
Avec tendresse, son ami Jean-Blaise Fellay se souvient encore d’un homme d’une vive curiosité intellectuelle qui se manifestait par des envies de grand large autant que par des replis intimes, dans les heures de la nuit, au secret de la chambre, avec toujours un journal, une revue ou un livre à portée de main. «Avant tout, inévitablement, il allumait sa fidèle compagne, la pipe. Comme Simenon… Cet attachement lui a probablement coûté cher. Cependant, notre cher Albert a atteint ses 80 ans dans une belle sérénité. Et il flotte encore autour de sa personnalité des visions d’espaces, de voyages, d’amitiés et de convictions. Et une petite odeur de tabac hollandais.»
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