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Festival du film de Locarno: Laurie Anderson récompensée pour l’ensemble de sa carrière

Festival du film de LocarnoLaurie Anderson récompensée pour l’ensemble de sa carrière

L’artiste new-yorkaise de 75 ans, qui excelle dans plusieurs formes d’expression, a pu partager deux de ses films avec les festivaliers.

Publié aujourd’hui à 18h42

«Je veux vous montrer les nuages dans le ciel. En fait, je n’ai jamais vu de différence entre la méditation et le fait d’être une artiste», a dit Laurie Anderson, ici à Locarno le 9 août 2022. 

«Je veux vous montrer les nuages dans le ciel. En fait, je n’ai jamais vu de différence entre la méditation et le fait d’être une artiste», a dit Laurie Anderson, ici à Locarno le 9 août 2022. 

KEYSTONE/Urs Flueeler

L’immense artiste new-yorkaise Laurie Anderson repart du Locarno Film Festival avec un prix pour l’ensemble de sa carrière, dédié aux pionniers de la création. Le public a pu voir deux de ses films et échanger avec elle au Forum du Spazio Cinema jeudi matin.

Menue et sportive, Laurie Anderson, 75 ans, a gardé sa coupe de cheveux courts, mais surtout son sourire et ses fossettes. Devant plus d’une centaine de personnes rassemblées en plein air au Forum de Locarno, l’artiste qui excelle dans différentes formes d’expression – musique, film, sculpture, dessin, écriture, performance – ne cherche qu’à raconter des histoires et non pas se raconter, a-t-elle expliqué.

«Je veux plutôt vous montrer les nuages dans le ciel. En fait, je n’ai jamais vu de différence entre la méditation et le fait d’être une artiste», a encore dit Laurie Anderson.

Mais la critique sociale, qui prend des formes ludiques chez elle, n’est jamais loin. «Lorsque j’étais étudiante, je n’étais pas sûre de devenir une artiste. J’avais décidé d’être radicale, ce qui est intimement lié aux années 60. En d’autres termes, quelqu’un qui fait du grabuge».

Éviter un 6 janvier bis

Évoquant la situation actuelle aux États avec les «hearings», les audiences, qui se tiennent après les événements survenus le 6 janvier au Capitole, Laurie Anderson explique qu’elle tente d’organiser une grande manifestation avec d’autres artistes.

«Les groupes qui ont attaqué le Capitole le referont», a-t-elle affirmé, rappelant qu’ils disposaient d’un grand nombre d’armes lourdes.

Même si la situation est difficile aux États-Unis, comme dans le reste du monde, la multiartiste fait le pari, comme le musicien John Cage avec qui elle a souvent travaillé, que les choses s’améliorent tout en se complexifiant. Cet homme, lorsqu’il était âgé est resté émerveillé, un chemin qu’a aussi décidé de suivre l’ex-petite fille riche de Chicago.

Laurie Anderson a reçu le Vision Award Ticinomoda mercredi soir sur la Piazza Grande avant la projection de «Home of the Brave», une version restaurée de 1986. Le film est consacré à une des tournées de concerts de l’Américaine.

Laurie Anderson a reçu le Vision Award Ticinomoda mercredi soir sur la Piazza Grande.

Laurie Anderson a reçu le Vision Award Ticinomoda mercredi soir sur la Piazza Grande.

KEYSTONE/Urs Flueeler

Après l’instrumental «Good Evening», «Zero and One» (parlé) donne le ton de «Home of the Brave»: «nous vivons dans un monde numérique, en prétendant que nous sommes encore libres de la pression de devenir soit un zéro, soit un numéro 1. Et il n’y a rien entre ces deux chiffres…»

Le retour du grand format

Loin du ton d’un sermon: «Home of the Brave» est joyeux, coloré, un peu fou avec une Laurie Anderson qui ressemble à une marionnette, à mi-chemin entre un mime et Charlie Chaplin. L’artiste s’est dite surtout heureuse de revoir son film en grand format sur la Piazza Grande, taille pour laquelle il avait été initialement conçu, loin des écrans d’iPhone.

Le jour précédent dans la salle du GranRex prise d’assaut, les cinéphiles ont pu voir le long métrage «Heart of a Dog» (2015), dédié à son mari, l’inoubliable Lou Reed.

Onirique, critique, politique, plein d’humour, poétique, ce film a pour fil rouge la vie du chien de l’artiste, Lolabelle, tout en évoquant le 11 Septembre, la société de surveillance, la mémoire d’un être cher, le Livre des morts tibétain, un dos cassé…

La voix de Laurie Anderson scande le texte du film dans un «Spoken word» envoûtant. Si l’ombre de Lou Reed, mort en 2013, plane sur le film, on ne l’aperçoit que brièvement dans les dernières images. Au générique de fin, on l’entend encore chanter «Turning Time Around».

«Laurie Anderson a fait de l’inventivité et de l’expérimentation sa marque de fabrique.»

Giona A. Nazzaro, directeur artistique du Festival de Locarno

À l’actualité de Laurie Anderson, la plus grande exposition de sa carrière, qui a duré presque un an, vient de se terminer le 7 août au Smithsonian’s Hirshhorn Museum de Washington D.C. Intitulée «Laurie Anderson: The Weather (Le temps)», elle contenait des œuvres majeures comme Habeas Corpu (2015) et un voyage multimédia sur son processus de narration créative.

Elle a encore évoqué jeudi matin le film «Sisters with transistors» (2020), qui raconte l’histoire inédite des pionnières de la musique électronique, en majorité des femmes. Laurie Anderson fait partie de cette tradition «underground».

L’an dernier, elle a donné six Norton Lectures, une prestigieuse série de conférences organisée par l’Université de Harvard, dont l’enregistrement est disponible en ligne.

«Cette artiste a fait de l’inventivité et de l’expérimentation sa marque de fabrique», a déclaré le directeur artistique du festival, Giona A. Nazzaro.

ATS

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