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Lettre du jour: La laïcité et les baptêmes au lac

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Lettre du jourLa laïcité et les baptêmes au lac

   

Courrier des lecteurs

Publié aujourd’hui à 23h03
Photo d’illustration.

Photo d’illustration.

KEYSTONE

Vendœuvres, 19 août

Depuis 2000 ans, l’engagement dans la foi chrétienne a été marqué par le signe du baptême. (...) Cette pratique a aussi eu lieu de longue date dans le lac de Genève sans susciter d’esclandre, mais la possibilité en a récemment été déniée à deux églises évangéliques. Dans leur grande majorité, les églises évangéliques baptisent exclusivement des personnes en âge de raison, considérant que l’engagement chrétien ne peut résulter que d’un choix personnel et responsable.

Baptiser des adultes est une pratique de toutes les églises, la singularité évangélique est de ne pas baptiser de nourrissons. Pourquoi donc l’interdiction de baptiser au lac, et pourquoi est-elle problématique?

La loi sur la laïcité de l’État avait exclu en principe les manifestations cultuelles sur le domaine

public, dont le lac et les cours d’eau font partie, mais avait été dans un premier temps appliquée avec souplesse et grandes déclarations d’ouverture, en accordant les autorisations demandées.

Est entré en vigueur récemment un règlement d’application, qui restreint la possibilité de demander autorisation pour une manifestation cultuelle aux seules communautés religieuses qui ont demandé à établir une relation avec l’Etat et signé des engagements spécifiques. En conséquences, toutes les autres communautés religieuses se verront refuser toute autorisation sans autre examen. Or le Tribunal fédéral reconnaît que la tenue de manifestations cultuelles dans le domaine public ressort de la liberté religieuse garantie par la Constitution, et qu’une interdiction de principe était disproportionnée. Il est alors choquant qu’un règlement de l’État mette des conditions au fait d’évaluer l’application d’un droit fondamental. Nous voilà donc dans le cas regrettable et malheureusement pas nouveau où la Cité des

droits de l’homme empiète sur ces derniers. En cause, une compréhension fautive de la laïcité, qui voudrait cantonner tout vécu religieux dans la sphère privée. La laïcité signifie que l’État doit être neutre religieusement. Mais le domaine public est à tous, l’État en administre l’usage en accord avec les droits et libertés de chacun, mais l’État n’est pas engagé par ce qu’il autorise dans le domaine public.

D’autre part, il est demandé aux religieux la maturité d’accepter le blasphème, que leurs croyances soient ridiculisées publiquement. Ne serait-il pas juste d’attendre des incroyants la maturité de supporter que les croyances des autres soient exprimées et visible, même si cela devait déranger?

Finalement, voulons-nous des libertés fondamentales qui ne s’appliquent qu’à ceux qui ont les «bonnes» (in-)croyances, ou bien un État réellement neutre et impartial entre croyants divers et incroyants en tous genres?

Jean-René Moret, pasteur à l’Église évangélique de Cologny

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