Switzerland
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Théâtre de l’Orangerie: Crash de navette spatiale dans le ciel du parc La Grange

Passer au contenu principal

Théâtre de l’OrangerieCrash de navette spatiale dans le ciel du parc La Grange

Malgré une plateforme de lancement solide, «La soucoupe est pleine» rate son envol pour l’espace pour cause d’erreur d’aiguillage de la part de la Cie Opus Luna.

Camille Giacobino se projette en extraterrestre prête à regagner sa planète après un long séjour sur la nôtre.

Camille Giacobino se projette en extraterrestre prête à regagner sa planète après un long séjour sur la nôtre.

ANOUK DAUDIN

Tout passant, genevois ou étranger, s’est forcément laissé intriguer un jour ou l’autre par l’architecture d’inspiration aérospatiale du Centre médico-chirurgical de Cornavin, sis rue du Jura près de la Servette. Familière du quartier, Manon Pulver a poussé l’interrogation plus loin: et si un ovni s’était réellement échoué là, entre deux immeubles, à l’aube des années 70, et avait lâché dans la ville son équipage d’extraterrestres? Et si, cinquante ans plus tard, ces mêmes visiteurs planifiaient un retour à leur exoplanète X-9-R-2 et étaient prêts à accueillir à bord de leur engin un total de 50 terriens lambda? La dramaturge suisse transmet son extrapolation aux artistes Camille Giacobino, Marielle Pinsard et Daniel Wyss, lesquels, ayant invité l’actrice Maria Mettral à les rejoindre sur la navette, en tirent «La soucoupe est pleine», une pochade pluridisciplinaire et interactive à voir ces jours au Théâtre de l’Orangerie.

Quitter la Terre après l’avoir irrémédiablement saccagée, le projet séduit non seulement les colonisateurs potentiels de l’espace et autres adeptes de vols habités, mais aussi l’imaginaire des rêveurs-penseurs pris de vertige devant cette éventualité. C’est le cas de la comédienne et metteuse en scène Camille Giacobino, directrice de la bien nommée Opus Luna Cie et passionnée de toujours par les créatures fabuleuses échappées tant du passé que du futur – ainsi qu’en attestait en juin sa création de «Salvaje» à Pitoëff.

Trajectoire erratique

La bonne intuition de départ ne fait hélas pas le bon spectacle à l’arrivée. Trop pleine ou pas assez, «La soucoupe…» s’élève en zigzaguant, pétarade, toussote, puis retombe sur son flanc dans un bruit de tôle froissée. La faute d’abord à l’indétermination de l’objet volant: tantôt comédie burlesque, divertissement enfantin, tuto de choré collective ou conférence scientifique (différente à chaque représentation), le vaisseau perd la boussole. Sur l’écran érigé à même le plateau au milieu de nains de jardin et de figurines métalliques accrochées aux cintres se succèdent films d’archives ou micros-trottoirs sur le thème d’une possible migration de l’humanité, sans que les séquences ne conduisent nulle part.

Les personnages, nommés d’après leurs interprètes Camille et Marielle, se fondent, plutôt que sur le jeu, sur une outrancière panoplie de costumes, perruques et maquillages pour procéder au recrutement d’astronautes devant satisfaire ces quatre hasardeuses conditions: avoir les cheveux crépus, peser au moins 70 kg, être «très bronzé» et se montrer «stable» en toutes circonstances. Quant au film-maker Daniel Wyss, aux commandes audiovisuelles, et à l’animatrice à la voix céleste Maria Mettral, ils lisent leurs fiches.

Pour suivre Camille et quitter la Terre, il faut répondre à des critères féministes, antidiscriminatoires et «body positive».

Pour suivre Camille et quitter la Terre, il faut répondre à des critères féministes, antidiscriminatoires et «body positive».

ANOUK DAUDIN

Soutenue par l’État en qualité de «projet de transformation», cette fiction extraterrestre s’est montée en quelques semaines à peine, ce qui explique en partie son apparence bâclée. Le 24 août prochain, un événement est encore susceptible de la démentir: le décollage in situ de l’astronef rue du Jura, après rassemblement au Théâtre Saint-Gervais.

«La soucoupe est pleine» Jusqu’au 12 août au Théâtre de l’Orangerie, www.theatreorangerie.ch

Katia Berger est journaliste au sein de la rubrique culturelle depuis 2012. Elle couvre l'actualité des arts de la scène, notamment à travers des critiques de théâtre ou de danse, mais traite aussi parfois de photographie, d'arts visuels ou de littérature.Plus d'infos

Vous avez trouvé une erreur? Merci de nous la signaler.