Tunisia
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Fitch Ratings : La suppression progressive des subventions aux carburants en 2023 « redressera » le budget

Fitch Ratings vient de revoir, selon une note parue aujourd’hui, jeudi 1 novembre 2022, la notation souveraine de la Tunisie de « CCC » à « CCC+ » avec retrait de la catégorie des pays sous surveillance des critères.

Atténuation du risque de liquidité

La mise à niveau vers « CCC+ » reflète, d’après Fitch, l’impact de l’accord conclu avec le FMI pour un nouveau financement élargi de 1,9 milliard de dollars sur 48 mois sur l’assainissement des finances publiques, malgré l’incertitude quant à la poursuite du respect du programme. 

Le programme du FMI vise à remédier aux principales faiblesses structurelles de la Tunisie en relation avec la mobilisation des ressources budgétaires, la maitrise de la masse salariale du secteur public, le ciblage des subventions et les réformes des entreprises publiques sachant qu’il ne nécessitera pas de restructuration de la dette. L’approbation du programme par le Conseil d’administration du FMI pourrait renforcer davantage le profil de crédit de la Tunisie, indique Fitch.

Besoins de financement du gouvernement

L’agence prévoit dans sa note que les besoins de financement public atteindront 16,4 et 16,8% du PIB en 2022 et 2023, respectivement, boostés par la hausse des dépenses budgétaires induites par le choc de la guerre en Ukraine tout en soulignant que les échéances de la dette extérieure sont estimées respectivement à 1,4 et 2 milliards de dollars. 

Elle précise que selon les autorités, un financement d’environ 1,3 milliard de dollars de l’Arabie saoudite, des Emirats Arabes Unis et d’Afreximbank est au stade final des négociations, ce qui, avec la première tranche du FMI, comblerait le déficit de financement pour 2022.

La Tunisie négocie aussi un financement de 1,8 milliard de dollars principalement auprès du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), qui, en plus des décaissements prévus du FMI, des créanciers multilatéraux et bilatéraux occidentaux (environ 2,4 milliards de dollars) – débloqués avec l’accord du FMI – et du financement du marché intérieur, couvrirait les besoins de financement budgétaire et externe en 2023.

Alors que le plan de financement donne une certaine visibilité sur la capacité de la Tunisie à faire face aux prochaines obligations du service de la dette extérieure, les pressions financières pourraient réapparaître si elle s’écarte des objectifs du programme du FMI, mettant en danger de nouveaux décaissements, ou si les prix des matières premières restent au-dessus des prévisions, selon Fitch, d’autant plus que la Tunisie sera confrontée à une pic des échéances de la dette extérieure en 2024 (environ 2,6 milliards de dollars, dont 850 millions d’euro-obligations).

Consolidation budgétaire tirée par les réformes 

Fitch indique dans sa note qu’elle s’attend à ce que le déficit public diminue à 5,6% du PIB en 2023 et à 3,8% du PIB en 2024 contre 7,3% en 2022, avec la baisse des prix des produits de base et la mise en œuvre des réformes. 

Elle prévoit également que les mesures fiscales prévues maintiendront les recettes fiscales dans une fourchette de 25 à 26% du PIB, contre une moyenne de 22,5% au cours des cinq dernières années. L’accord salarial signé avec la centrale syndicale, en septembre limite la croissance de la masse salariale à 5,5% par an au cours des trois prochaines années, ce qui implique une baisse en termes réels, affirme-t-on. 

Toutefois, les économies qui en résulteront seront largement compensées par l’augmentation des charges d’intérêt alors que les réformes des subventions et des entreprises publiques seront nécessaires pour alléger le déficit structurel de la Tunisie. La suppression progressive prévue des subventions aux carburants en 2023 sera essentielle à l’assainissement budgétaire de la Tunisie.

La transition politique comporte des risques 

L’agence de notation rappelle des élections législatives auront lieu le 17 décembre après plus d’un an de gouvernement sans parlement et les élections pourraient apporter plus de stabilité dans un nouveau régime présidentiel avec un processus législatif rationalisé. 

Cependant, plusieurs partis d’opposition ont annoncé qu’ils boycotteraient les élections, en réponse à la nouvelle loi électorale votée par décret et cela pourrait conduire à des troubles sociaux alimentés par l’inflation et un chômage élevé, rapporte Fitch.

Alors qu’elle s’attend à ce que l’accord salarial soit maintenu en 2023 et vraisemblablement au-delà, les pressions sociales et l’opposition de l’UGTT pourraient également faire dérailler les réformes des subventions des produits de base et celles des entreprises publiques qui sont des éléments clés du programme du FMI, martèle l’agence.

Elle ajoute qu’historiquement, l’adhésion aux programmes du FMI a été faible et il n’est pas possible de savoir toujours si cela a changé à mesure que le besoin de réformes est devenu plus largement accepté et que l’environnement politique change.

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