Tunisia
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Pourquoi l’État insiste-il à céder la TFBank aux étrangers au lieu des investisseurs tunisiens ?

L’affaire de la cession de la TFBank à un fonds d’investissement britannique Invema Group a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, le projet de cession montre clairement que l’Etat refuse pour des raisons absurdes de garder à travers l’agrément de cette banque un pied de terre en Europe pour développer son partenariat sur le continent, d’une part et révèle une réalité amère celle de ne rien faire pour donner des ailes aux investisseurs tunisiens à l’international, d’autre part.

Malgré l’existence d’une panoplie de lois supposés dynamiser l’investissement et le partenariat public-privé (PPP) telles que la loi 2015-49 sur le PPP, la loi 2016-71 sur l’investissement et la loi 2017-389 sur les incitations financières au profit des investisseurs, les autorités insistent à exclure les investisseurs tunisiens du champ d’application de ces lois au niveau du rachat de la TFBank.

Il est à noter, sous cet angle, que la banque est parfaitement récupérable par un investisseur stratégique local qui pourrait planifier son redressement dans un intervalle de temps court soit par une injection de fonds adéquate ou à travers un partenariat avec les actionnaires de référence actuels qui sont la STB qui détient 49% du capital et la BH Bank avec une part de 34% de celui-ci.

Un tel projet de redressement stratégique est loin des objectifs de portage d’actions du fonds britannique  Invema Group qui est inconnu sur les places financières européennes d’autant plus qu’il a proposé une valeur de rachat – non encore dévoilée – qui s’est basée sur une évaluation négative de la valeur comptable nette de la TFBank.

Cette valeur est impactée par la situation actuelle de certains agrégats d’activité tels que le niveau des fonds propres (15,5 M€), le RBE (-6,6 M€), le taux de couverture des encours douteux (75,6%) et le ratio de liquidité à court terme (111%).  

Cependant, les commissaires aux comptes la banque évoquent dans leur dernier rapport 2021 une amélioration prometteuse de la situation de la banque vu « l’infléchissement du coût du risque, positif alors qu’il était historiquement négatif, grâce à une reprise de provisions sur une ancienne créance douteuse de valeur significative, ainsi qu’à une meilleure maîtrise des risques sur le dossier plus récents ».

Ils soulignent aussi que même si le PNB est en baisse, du fait qu’il est affecté par les aléas du portefeuille obligataire qui a engendré 1,9 M€ de charges et en dépit de l’enregistrement d’un résultat net négatif mais celui-ci est nettement inférieur à ses niveaux historiques. La TFBank a enregistré un déficit de 12,8 M€ en 2015.

Notons qu’alors que la Tunisie s’apprête à accueillir dans les prochains jours un évènement historique de partenariat et de dynamisation de l’investissement en Afrique et dans le monde qui est la TICAD 8 et où seront présentés des projets d’investissement au pays de 2,5 milliards de dollars, les autorités financières peinent encore à boucler le schémas de cession de la TFBank. 

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