Bunyoni et consorts font encore des victimes, bien malgré eux

Le désarroi est total sur la quasi-totalité du territoire burundais. Et c’est peu dire. Le retrait des anciens billets de cinq et dix mille francs fait partout des dégâts. Prise sans doute pour réparer un tort, la mesure d’Evariste Ndayishimiye semble pourtant faire plus de mal que de bien. Et ceux qui en souffrent le plus ne sont pas ceux qui sont à l’origine visés. Loin s’en faut.

Un calvaire qui n’est pas prêt de s’arrêter. Dès le début de l’application de la mesure, le 7 juin dernier, les problèmes ont commencé. Les usagers, et surtout les commerçants, moins dupes que ne le pensaient sans doute les décideurs, ont aussitôt senti venir le danger. Pourquoi continuer à s’embêter avec des billets qui n’ont plus que dix jours de validité ? La réaction fut très simple : il fallait tout simplement refuser de les prendre de la part des acheteurs / consommateurs. Pour ces derniers, le risque de souffrir de la faim alors que l’on a les plus grosses coupures de banque…

Communiqués intempestifs, preuve d’impréparation

La première conséquence n’a pas tardé. Le ministère de l’Intérieur s’est alors empressé de sortir un communiqué menaçant de sanctions les commerçants qui refusaient les billets. « Très bien ! Vous venez avec un billet de dix ou de cinq mille ? Vous serez servis, à condition de prendre la quantité équivalente. Pas question de vous faire la monnaie ! » ont alors décidé certains marchands. D’autres, encore plus prudents, décident de fermer leurs commerces et d’attendre que la tempête passe.

Les sources d’approvisionnements en produits de première nécessité s’amenuisent, les produits deviennent rares et les prix, tout naturellement, flambent. Une situation qui ne tarde pas de se généraliser dans tout le pays. Au grand dam, bien sûr, des simples citoyens.

Pendant ce temps, des files infinies de ceux qui viennent déposer les anciens billets dans les banques et microfinances se forment et des scènes de désolation, tant du côté des banquiers qui n’arrivent pas à servir une foule inattendue, que du côté des détenteurs des billets, qui passent des heures, voire des journées sans être servis, s’observent. La raison est que, d’abord ces institutions n’ont pas suffisamment de bras pour accueillir tout ce beau monde en même temps, et, ensuite, les nouveaux billets sensés remplacer les anciens ne sont pas disponibles.

La banque centrale sort un communiqué pour annoncer un calendrier du déploiement de son propre personnel dans les différentes provinces du pays, pour aller donner un coup de main. Mais comme il fallait s’y attendre, ce fut un coup d’épée dans l’eau. Aucun effet ! Le capharnaüm est resté entier.

Un peu sur le tard, le ministère de l’Intérieur pond un nouveau communiqué pour appeler ceux qui n’ont pas de comptes en banque, d’aller déposer les anciens billets dans leurs zones de résidence, de se faire alors enregistrer et rentrer avec un reçu équivalent avec la somme déposée. Mais l’inquiétude exprimée par les déposants est qu’aucun rendez-vous précis ne leur a été donné pour aller récupérer les nouveaux billets. Ce qui risque de créer de nouveaux désordres, certains craignant même de devoir donner des pots-de-vin pour accéder à leur dû, le moment venu.

Le piège du plafond de dix millions de francs

Le dernier communiqué du bureau de la communication de la présidence de la République est clair. Quiconque fera un dépôt dépassant le plafond fixé par la BRB après le délai des dix jours en répondra, et la banque ou la microfinance qui aura encaissé le montant sera sanctionnée en conséquence.

Certes, les Burundais sont connus, dans leur majorité, pour leur extrême pauvreté. Mais limiter les dépôts à dix millions est synonyme d’insulte à plusieurs égards.

D’abord, parce que la plupart des commerçants, gros et moyens, et hommes d’affaires, ont besoin de « cash » à leur disposition en permanence pour des transactions rapides. Surtout que les paiements électroniques sont peu développés. Cela peut également facilement s’expliquer par un système bancaire qui peut ne pas toujours être prompt à répondre à une demande d’urgence de telles sommes.

La deuxième raison et peut-être la plus frustrante : garder son argent par-devers soi n’a jamais constitué un crime au Burundi. Cela peut être un choix délibéré, ou tout simplement un manque de confiance dans le système bancaire burundais ou dans la monnaie elle-même, et ni l’un ni l’autre ne peut être considéré comme un délit. Particulièrement dans un pays aussi instable et corrompu comme le Burundi. De plus, comment peut-on décider par un coup de magie que l’argent gagné honnêtement, par la sueur d’un labeur qui pourrait s’étaler sur des années, voire des dizaines d’années, va d’un coup perdre toute sa valeur ?

On l’a bien compris. C’est aujourd’hui un secret de Polichinelle, Neva cherche à sanctionner, pardon, à faire mal « aux voleurs de l’Etat ». Ce qui, a priori, est une noble cause. Et il ne faut pas être savant pour savoir que pour garder des millions, surtout qu’ici, il s’agit surtout de milliards, on ne s’encombre pas de petites coupures. C’est même pour cette raison que le changement de billets ne concerne que ceux de cinq et dix mille.
Un des motifs officiels lors de la fouille-perquisition des résidences du général Alain Guillaume Bunyoni, c’était de trouver les milliards qu’il y aurait cachés. Mais au bout de l’opération, aucune déclaration sur un quelconque butin déniché.

Mais Bunyoni, tout comme les autres caciques du pouvoir qui se sont enrichis comme lui, n’est pas bête. Surtout que, le même Neva, avait déjà avertis de son intention d’annihiler les sommes colossales camouflées, bien des mois auparavant. Le temps nécessaire pour changer en douce en devises, si pas toute, mais en tout cas une bonne partie de cette richesse, et de la planquer en lieu sûr.

Et quand la Banque de la République du Burundi déclare que 60% de ces billets est introuvable sur le marché pour justifier la mesure de les changer, l’on peut aisément deviner qu’il s’agit de « montagnes de billets », et donner raison à un certain Gabriel Rufyiri qui n’arrêtait pas de dire que « certains sont devenus plus riches que l’Etat ».

Sur ce coup, malgré les moindres pertes subies, Bunyoni et consorts ne sont pas à plaindre. Mais le plafonnement de dix millions devrait certainement faire des victimes collatérales, par centaines, voire par milliers. Car tous ceux qui possèdent des avoirs en argent comptant de plus de dix millions ne sont pas des voleurs.

Un règlement de comptes  qui pourrait coûter très cher

Les conséquences de cette décision, et ses improvisations, pourrait mener au pire. Une famine généralisée dans le pays. Mais dans un pays qui a connu les pires violations des droits humains et la politique de déni qui les accompagnait, qui s’en soucierait ?

« Quiconque versera ou percevra plus de dix millions en répondra ». Evariste Ndayishimiye a donc déclaré une guerre sans merci à tous ceux qui disposent de plus de dix millions en anciens billets sur eux. Tout naturellement, avec le risque d’être arrêtés, l’on comprend que nombreux n’oseront pas déclarer cette possession maudite. L’on a même entendu ceux qui ont fait appel à certaines banques commerciales pour des arrangements, des tentatives vaines qui se sont mal soldées.

Mais quid des « victimes collatérales », de loin plus nombreuses que les « voleurs ». Que deviendront ces commerçants et autres hommes d’affaires qui ont vaillamment gagné ce qu’ils possèdent ? Ce qui est déjà certain, c’est que l’économie nationale n’en sortira pas indemne.

Certes la BRB vient de déclarer que « les nouveaux billets sont disponibles en quantité suffisante », mais cet épisode, quelle qu’aura été sa durée, aura suffi pour affecter les plus coriaces. Des simples commerçants aux plus grands investisseurs, leur confiance à la politique monétaire du pays aura été ébranlée, sans doute pour longtemps. Avec ces histoires de règlement de compte, « l’effet Bunyoni » est encore loin de s’estomper.


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