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L’État belge devra-t-il venir au chevet de Lineas, l’ancien SNCB-Logistics ?

Bernard Gustin, le CEO de Lineas, le plus gros opérateur privé de fret ferroviaire européen, a dû sortir la lance à incendie. En cause, la sortie dans les journaux du groupe Mediafin d’un possible sauvetage de son entreprise par le gouvernement fédéral.

Lineas est l’héritier de la SNCB-Logistics, l’ancienne filiale de la SNCB qui s’occupe du fret ferroviaire (le transport de marchandise par rail) qui a été privatisée en 2015. L’entreprise, qui est active dans toute l’Europe, est actuellement détenue par le fonds d’investissement français Argos Wityu (65 %) et par la Société Fédérale de Participations et d’Investissement (SFPI), le bras financier de l’État fédéral. Lineas accuse depuis des années des problèmes de trésorerie et cherche de nouveaux investisseurs prêts à injecter de l’argent frais.

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Rentable d'ici 2024

Les deux actionnaires actuels ont déjà octroyé une enveloppe de 10 millions chacun en mai dernier. La société compte désormais aller chercher 80 millions auprès des investisseurs d’ici le premier trimestre 2024. “Notre plan A demeure de trouver un ou des investisseurs extérieurs qui participeraient à cette augmentation de capital. Notre plan B serait de nous adresser à un établissement financier et enfin notre plan C serait de compter sur une aide de l’État”, développe M. Gustin. Il assure être en contact avec une quinzaine d’investisseurs. La mention dans la presse d’une éventuelle faillite a suscité l’étonnement, y compris chez les clients actuels de l’entreprise. Il lui fallait tenter de les rassurer.

Lorsque je suis arrivé à la tête de l’entreprise en février 2022, la situation était dramatique. Nous avons lancé un plan de transformation. Aujourd’hui, je peux affirmer que nous aurons atteint l’objectif que nous nous étions fixé pour 2023, à savoir la réduction de la moitié de nos pertes. L’ambition est désormais d’être rentable d'ici 2024, soit un an plus tôt que ce qui avait été annoncé”, pointe le CEO, qui se montre confiant sur sa capacité à convaincre. Mais cela prend plus de temps que prévu.

guillement

”Nous sommes heureux de voir que l’État fédéral nous considère comme un acteur stratégique et marque un intérêt à nous soutenir"

Un vent nouveau souffle sur le transport de marchandises

Grosse concurrence

L’État belge pourrait dès lors apporter les liquidités nécessaires au fonctionnement de l’entreprise en attendant de persuader les investisseurs. La décision revient aux membres du gouvernement. Le point devrait être abordé ce vendredi en kern (qui rassemble les principaux ministres du gouvernement). Pour le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet, il est impensable de laisser tomber Lineas. “Le trafic de fret s’effondrerait si Lineas faisait faillite”, indiquait-il dans la presse. L’annonce serait également du plus mauvais effet, alors que le ministre affiche son intention de doubler la part du train dans le transport de marchandises entre 2022 et 2030. Le secteur est toutefois hautement concurrentiel, et Lineas doit rivaliser avec des géants comme Fret-SNCF ou l’allemand DB Cargo (détenu à 100 % par l’État fédéral allemand).

Nous sommes heureux de voir que l’État fédéral nous considère comme un acteur stratégique et marque un intérêt à nous soutenir”, sourit Bernard Gustin. Mais la position du ministre écologiste ne fait pas l’unanimité. Du côté du cabinet du ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V), de tutelle sur la SPFI, on refuse de s’avancer sur le sujet. “Il faut voir comment le dossier avance. Mais ce n’est pas parce que quelqu’un (le ministre de la Mobilité Georges Gilkinet – NdlR) dit qu’il faut aider l’entreprise que c’est forcément ce qui va se passer. Les discussions doivent encore avoir lieu”, recadre sa porte-parole. Il faudra également analyser la modalité d’une éventuelle intervention de l’État afin de respecter les directives européennes en matière de concurrence.

Au sein du personnel, l’annonce du risque de faillite a surpris et a suscité une vague de crainte. “Nous avons été surpris d’entendre parler d’une faillite, alors qu’au mois d’août la direction se voulait encore rassurante en nous présentant un plan à l’horizon 2025”, notre pour sa part Didier Lebbe, secrétaire permanent de la CNE. Lineas compte quelque 1 750 salariés en interne et emploie environ 500 conducteurs de trains supplémentaires.

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