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La famille de l’étudiante violée à l’ULB crie sa colère: “Jamais je n’aurais imaginé qu’un barbare allait détruire ma fille”

C’est l’hiver. Dehors, le froid est transperçant. Maxime entrevoit sa sœur à travers la fenêtre et capte déjà un état préoccupant. Lorsque la jeune étudiante en bio-ingénieur pénètre dans la maison bruxelloise, c’est l’horreur. Elle saigne du nez et ses vêtements sont dans un piteux état, plombés par de la terre. Le frérot appelle ses parents : “J’ai tout de suite su que c’était un viol”, assure le papa.

Le voici parti avec son fils à la chasse en retournant sur les lieux de faits, juste derrière un bâtiment de l’ULB voué aux cours de mathématiques et de physiques et situé à 500 mètres de leur domicile, près de la station de métro. Des caméras capteront le suspect, facilement identifié par la police pour avoir déjà été condamné à 30 mois de prison pour coups et blessures ayant involontairement entraîné la mort d’un SDF et libéré sous conditions à mi-peine.

L’affaire, dévoilée par la DH le 4 janvier 2023, passait ce mercredi devant le tribunal correctionnel. La procureure a requis 12 ans de prison à l’encontre de Yannick F., prévenu notamment pour le viol de cette étudiante sur le campus de la Plaine à Ixelles, le soir du 28 décembre. Jugement sera prononcé le 29 novembre prochain.

L’homme, SDF, est grand. Costaud. Il se présente sans avocat, son dernier ayant jeté l’éponge en désespoir de cause. Il s’exprime avec une assurance contrastant avec la peine qu’il risque, bien que la confusion de ses propos fait, plus d’une fois, froncer les sourcils du président du tribunal.

S’il reste présumé innocent, sa double expertise psychiatrique couplée avec son évocation d’une relation “consentie”, offrent une impression (feinte ou pas) de déni total – “Il ne faut pas croire ce que dit la plaignante”. Détendu, détaché, se moquant de tout, déresponsabilisé, souriant, transgressif, aux besoins sexuels importants… “Selon les expertises, son mode de fonctionnement tend vers un fonctionnement psychotique mais il n’y a pas altération du discernement”, a détaillé la procureure. “Cet homme est susceptible de récidiver.”

Relation soi-disant consentie ? Alors que les examens médicaux ont attesté des contusions au visage, à la lèvre, des plaies ouvertes, des traces d’abrasions à la nuque, à l’abdomen et au dos, telles que seules de fortes pressions peuvent en être la cause, ou encore des traces de strangulation.

Relation consentie ? Du moins selon sa deuxième version. La première niait toute relation sexuelle. Ce n’est qu’après l’établissement d’une correspondance entre son ADN et des traces prélevées sur le bas de la jeune fille, qu’il a avoué la relation.

Relation consentie alors qu’après s’être longuement débattue et sachant qu’elle ne pourrait échapper à son prédateur présumé, la victime a lâché prise et visé le moindre tort en suppliant qu’il n’y ait pas de pénétration anale, potentiellement très douloureuse. Pénétration anale, il y a finalement eu, après une fellation contrainte, alors que, selon son témoignage, l’étudiante était sur le ventre, plaquée avec le visage contre le sol. “Si tu ne fais pas ce je te dis, tu vas faire dodo par terre”, lui aurait-il dit, ce que l’avocate de la jeune femme, Caroline Poiré, tout comme le ministère, assimilent à une menace de mort.

Ce n’est qu’ensuite qu’elle est parvenue à prendre la fuite pour filer chez elle. L’horreur se sera étalée sur 29 minutes.

Il apparaît que ce prévenu traînait sur ce campus depuis plusieurs années. En 2021, deux étudiantes ont porté plainte contre lui pour exhibitionnisme. Après les avoir harcelées, il avait baissé son pantalon pour exhiber son sexe.

Après avoir purgé la moitié de sa première peine, celle de 2022, il est revenu rôder sur le campus de la Plaine, sa zone. Il a harcelé sexuellement une étudiante, l’a menacée et lui a extorqué des biens.

Les parents de la jeune femme se sont étonnés de l’inaction de l’ULB, alors qu’en 2021 et en octobre 2022 les premières victimes ont alerté les services de gardiennage de l’université et la police. Le prévenu avait alors déjà été identifié.

Ces parents se disent choqués que l’ULB se soit constituée partie civile dans ce dossier, estimant que les autorités universitaires ont fait preuve de négligence en matière de sécurité des étudiants. “Le soir des faits, l’éclairage était très partiel, notre fille a été happée par le violeur et traînée sur plusieurs mètres dans l’obscurité la plus totale. Aucun gardien n’a entendu ses hurlements, aucune caméra de surveillance n’a repéré le drame”, ont-ils réagi. “Il y avait deux agents sur le campus dont un qui ne pouvait bouger d’un bâtiment.”

Présent à l’audience, l’avocat de l’ULB, Laurent Kennes, a rappelé que depuis 2018, le nombre de caméras sur le campus est passé de 100 à 250 et que l’objectif final est de 1 000 caméras.

Aujourd’hui, la famille a déménagé et leur fille a changé d’université : “Elle est toujours en thérapie pour stress post-traumatique, sous anxiolytiques, elle n’arrivait plus qu’à prendre des taxis. Pour elle, tous les hommes sont des prédateurs et elle a perdu confiance dans les institutions”, a détaillé Me Caroline Poiré.

“Jamais je n’aurais imaginé qu’un barbare allait détruire ma fille”, a hurlé le papa en fin de témoignage.

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