En 63 ans, le plus célèbre des irréductibles Gaulois n’a connu que quatre scénaristes. René Goscinny, Albert Uderzo, Jean-Yves Ferri et, pour le 40e album, L’Iris blanc qui vient de paraître (lire en pp. 36-37), Fabcaro (Fabrice Caro de son vrai nom, 49 ans). Un auteur longtemps dans l’ombre qui a notamment signé sous pseudo des bandes dessinées sur Élie Semoun ou Philippe Candeloro avant de rencontrer un succès exceptionnel et amplement mérité avec sa comédie Zaï zaï zaï zaï (400 000 exemplaires), portée sur grand écran avec Jean-Paul Rouve dans le rôle de cet homme en cavale, devenu ennemi public n°1, pour avoir oublié sa carte de fidélité dans une grande enseigne. Un sens de la satire que l’on retrouvait déjà en décembre dernier dans la planche que les éditions Albert René avaient publiée pour annoncer l’arrivée du nouveau scénariste. On y voyait Astérix et Obélix tentant de déguster un sanglier alors que des remarques d’autres Gaulois vont leur gâcher ce moment. “Mangez avec parcimonie et votre corps vous dira merci”. “Belle dégustation, mes amis ! Et n’oubliez pas : cinq baies et légumes par jour”. Sans oublier : “Pour votre bien-être, pensez à pratiquer une activité physique régulière”.
Si l’intronisation de Fabcaro pouvait un peu surprendre à l’époque, surtout parce que le secret avait été bien gardé, l’homme avait déclaré sa flamme pour Goscinny dans une exposition qui lui était consacrée l’été dernier à la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image d’Angoulême. Dans un des panneaux de l’expo, Fabcaro expliquait : “J’ai grandi avec la Trinité Tintin-Lucky Luke-Astérix. On peut dire que Goscinny est peut-être l’une de mes plus grandes influences. C’est le premier que j’ai lu, et peut-être même le premier que j’ai idolâtré.” Un peu plus loin, il écrivait : “Adolescent, j’ai découvert Gotlib et cette première idée de la transgression. Je lisais ça en cachette ! Après je suis tombé sur Les Dingodossiers que Gotlib a fait avec Goscinny, mon autre dieu.”
Et Fabcaro avait déjà repris le Gai Luron de Gotlib… Fabcaro, auteur de Broadway, Le Discours ou de Formica, une tragédie en trois actes, avait été approché par l’éditeur alors que Jean-Yves Ferri, désigné en 2015 par Uderzo pour reprendre la succession au scénario, souhaitait se consacrer à un autre projet.
