Burundi
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Monsieur le ministre, « ça va bien, mais ça va mal »

Sur le marché, il y a une tendance généralisée de la hausse des prix des produits. L’enquête menée par les journalistes d’Iwacu à Gitega, capitale politique et à Bujumbura, capitale économique, sur les produits agricoles de base, confirme l’envolée des prix.

Par Léandre Sikuyavuga

Pourtant, c’est la période de récolte et les prix devraient diminuer. « Le prix d’un bidon de cinq litres d’huile de palme a presque doublé, un kilo de riz est entre 2 500 Fbu et 3 500 Fbu, le haricot coûte autour de 2 300 francs le kilo », constate notre correspondant à Gitega.

L’augmentation et la volatilité des prix alimentaires touchent davantage les ménages qui observent déjà la détérioration de l’état nutritionnel. Ils s’inquiètent de l’avenir et craignent l’augmentation des abandons scolaires.
Selon eux, cette tendance devrait s’accélérer dans les prochains mois, au regard de la mauvaise récolte de produits agricoles. « Le choc sera d’autant plus fort que l’économie burundaise est très dépendante du prix du carburant et des importations », souligne un transporteur de Gitega.

Cependant, paradoxalement, le ministre chargé de l’Agriculture estime que la récolte est bonne et s’en prend à ceux qui affirment qu’il y a flambée des prix sur le marché. « Ceux qui disent que les prix ont augmenté sont des fonctionnaires qui n’ont même pas un petit champ potager. Ils devraient au moins avoir un petit champ au lieu d’être toujours dans les marchés pour s’approvisionner ».

Ces propos du ministre lors de la présentation des réalisations du troisième trimestre de l’exercice 2021-2022 ont choqué. Depuis lors, il est sous les feux des critiques.

C’est pire de prétendre que tout va bien. Personne n’accuse le ministre ou l’institution qu’il représente d’être à la base de cette situation. Les facteurs exogènes en sont en grande partie les causes.
Les faits sont têtus, dit-on. L’heure n’est pas de nier la hausse généralisée des produits alimentaires, pour ne pas dire leur inflation. Ce qu’il faut, c’est agir de façon plus efficace et plus cohérente pour stabiliser et réduire l’envolée des prix. L’heure est aussi de proposer des actions stratégiques, poser de vraies questions pour « calmer les marchés » : que faire, par qui et comment ?

Un expert en économie suggère entre autres la mise en place d’une réglementation de la spéculation orientée vers le marché, un financement renforcé des importations alimentaires, le lancement des programmes de production alimentaire à impact rapide.

Somme toute, on peut trouver des solutions à la situation. Mais de grâce, évitons une attitude d’aveuglement face à une problématique pour en cacher la réalité. Oui, Monsieur le ministre, « Ça va bien, mais ça va mal ».