Jamais de ma vie je n’avais songé à me lancer dans le projet de construire une patinoire extérieure. «Trop d’ouvrage», que je me disais. Avec mon emploi du temps, toujours parti sur la route pour couvrir le Canadien, je n’aurais jamais le temps de m’en occuper et de l’entretenir.
• À lire aussi: Passionnés de hockey, ils construisent leur propre patinoire dans leur cour
De toute façon, on en avait déjà quelques-unes à notre disposition dans les villages voisins. Sans compter les heures de hockey libre offertes dans les arénas du coin. Dans ce cas, pourquoi me casser la tête, alors que d’autres le faisaient déjà pour moi, mais surtout pour mon fils de 11 ans?

Photo courtoisie
En plus, avec un dénivelé de près d’un pied sur mon terrain, j’étais persuadé de l’impossibilité du projet.
Sauf que lorsque le gouvernement de François Legault a décidé de replacer le Québec en confinement le 9 janvier, que les arénas ont fermé et que les patinoires extérieures du secteur ont été laissées à l’abandon, j’ai décidé de me retrousser les manches. Sur un coup de tête.
Je me doutais de la charge de travail qu’un tel projet impliquait, mais je ne pensais pas que mes manches, j’aurais à les retrousser aussi souvent. Il m’a fallu 13 jours et 12 nuits de séances d’arrosage intensif, de tapage de neige et de fabrication de slush, ponctués de journées de redoux et de moments de découragement, pour venir à bout d’un rectangle de 25 pieds sur 30 pieds.
Tous mes temps libres étaient consacrés uniquement à ce défi. J’ai dû consulter 100 fois par jour le site de MétéoMédia pour analyser les prévisions météorologiques et, ainsi, estimer ce qu’il serait possible de faire dans l’heure suivante pour faire avancer le projet.
Merci au calendrier de la LNH
J’ai même volé la place de Django, mon beagle, qui passe habituellement la grande partie de ses journées devant la grande fenêtre de la salle à manger en attendant d’aller dehors. Là, c’est moi qui espérais sortir.
La bonne nouvelle, c’est que le Canadien, après avoir inauguré sa saison à Toronto, s’est rendu dans l’ouest du pays. Pas besoin d’aller à Brossard et au Centre Bell, ou de se connecter sur Zoom avant 14 h pour assister au point de presse. Du temps que j’ai pu consacrer à ma patinoire.
Même chose en soirée. Avant le match, on arrose ; au premier entracte, on arrose ; au deuxième, on arrose ; après le match, on arrose. Et, tant qu’à y être, pourquoi ne pas mettre le réveille-matin à 4 h 30 pour être certain d’appliquer une dernière bonne couche d’eau avant la remontée du mercure?
Je vous jure, je l’ai fait. Par moments, ma conjointe m’a trouvé cinglé. À d’autres, probablement par pitié, elle est venue m’aider.

Photo courtoisie
Et quand notre fils Antoine, âgé de 11 ans, a sauté sur ma patinoire pour la première fois, jeudi après-midi, j’en suis venu les yeux pleins d’eau. Mais pas assez pour une autre couche...