Congo
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Aujourd’hui, demain et  après la  Présidentielle 2023, Dépréciation du Franc Congolais : palabres utiles ?

(Par Jo M. Sekimonyo, Auteur, théoricien, militant des droits de l’homme et économiste politique)

*Certains esprits se voient contraints de défier obstinément le statu quo et les idéologies établies en utilisant des moyens non conventionnels qui semblent souvent controversés. Dans un monde dominé par la conformité, surtout au Tiers-monde, il faut une immense audace et humilité pour remettre en question les croyances prédominantes, les constructions sociales et les dogmes animés par un esprit indépendant qui ignore les conséquences potentielles.

En repoussant les limites de la connaissance et du discours, ces rebelles jouent un rôle crucial dans l’avancement de la pensée intellectuelle et le progrès de la société. Cependant, leur défiance peut également entraîner l’ostracisme ou la critique de la part des penseurs plus traditionnels et de la société dans son ensemble.

Malgré l’investissement intellectuel et émotionnel profond, il n’y a aucune garantie qu’ils seront un catalyseur de changement et d’évolution intellectuelle, suscitant des conversations critiques et ouvrant de nouvelles voies de compréhension et d’illumination.

Il y a plus d’un demi-siècle, Patrice Lumumba, un autodidacte, a anticipé l’importance d’un développement économique rapide pour une indépendance significative. Pourtant, il reste déconcertant de constater que les Congolais n’ont pas pleinement saisi cet aspect crucial. De plus, une question troublante se pose : pourquoi les sous-payées, les appauvries et les mendiants font-ils tant de bruit à propos de la dégringolade ou rebondissement du franc congolais face au dollar américain dans une économie dollarisée ?

Une aubaine ?

Tout d’abord, la dépréciation de la monnaie n’implique pas directement l’inflation et vice versa. Les deux concepts sont liés à la performance globale d’une économie mais, ils sont distincts et influencés par divers facteurs.

Les plaintes des Etats-Unis concernant le maintien d’un yuan faible par la Chine sont principalement basées sur des préoccupations liées aux pratiques commerciales déloyales et aux avantages concurrentiels sur les marchés internationaux. Un yuan plus faible rend les exportations chinoises plus abordables à l’étranger, ce qui entraîne une augmentation des exportations et potentiellement des déséquilibres commerciaux. Les États-Unis soutiennent que la Chine sous-évalue intentionnellement sa monnaie pour renforcer ses industries axées sur l’exportation, ce qui désavantage les entreprises américaines et contribue aux pertes d’emplois aux Etats-Unis.

Il y a également le cas du dollar américain par rapport à l’euro, où une monnaie plus faible peut présenter des avantages pour l’économie du pays dont la devise est plus faible, comme dans le cas des Etats-Unis. Lorsque le dollar américain se déprécie par rapport à l’euro, cela peut rendre les biens et services américains plus abordables pour les acheteurs étrangers, stimulant ainsi les exportations américaines et soutenant les industries nationales.

Par exemple, cela attire un grand nombre de touristes européens à New York et à Disney World. Cela peut entraîner une augmentation des revenus d’exportation, la création d’emplois et une croissance économique globale.

En plus, une monnaie plus faible peut rendre les importations plus coûteuses, encourageant ainsi la consommation intérieure et soutenant les industries locales.

Il convient désormais de se demander pourquoi cela ne fonctionne pas de la même manière en RDC. Pourquoi la dépréciation du franc congolais n’est pas une aubaine pour la nation ? Eh bien, ce n’est pas que nous ne produisons pas. Le pays répond à la demande mondiale en cobalt et en coltan.

Le mal réside dans le nombre et le revenu de Congolais directement impliqués dans les activités de ce que la nation produit le plus et dans le manque de moyens de participation de meilleure qualité dans le secteur mondial des services à haut revenu.

En effet, bien qu’une monnaie plus faible puisse rendre les exportations congolaises, tant en termes de produits que de services, plus compétitives sur les marchés internationaux, la base d’exportation du pays et secteur de service n’est pas suffisamment développée et sophistiquée pour exploiter pleinement cette opportunité.

En ce qui concerne la dépréciation du franc congolais, les conférences et les plaintes devraient être abordés dans ce sens.

Une fois de plus

Je suis un fervent partisan des gros déficits budgétaires du gouvernement, que ce soit en période de ralentissement économique ou non, car les dépenses déficitaires peuvent être un outil essentiel pour stimuler l’économie et favoriser la croissance. En augmentant les dépenses publiques dans des projets d’infrastructures, des programmes sociaux et d’autres initiatives, les déficits peuvent stimuler la demande de biens et de services, entraînant ainsi la création d’emplois et l’activité économique.

Jetons un œil aux dix premiers pays en termes de déficits budgétaires du gouvernement. Rien qu’en 2021 celui des Etats-Unis était 2.7 billions de dollars, la Chine en 2022 était 1.4 billions de dollars, le en 2021 celui du Japon et de l’Inde était 300 milliards de dollars, tandis que celui du Royaume-Uni, Italie, France, Allemagne et Australie envoisinait chacun 200 milliards de dollars. Ces mêmes pays ont historiquement connu d’importants déficits budgétaires.

Il est clair que les principales économies ont souvent recours aux déficits budgétaires du gouvernement pour soutenir la croissance économique et stabiliser l’économie en période de ralentissement ou non. L’accent mis par leur gouvernement est sur les investissements dans les infrastructures, les soins de santé et le soutien aux entreprises a contribué à maintenir la stabilité économique et à lutter contre les pressions déflationnistes.

Bien que les déficits budgétaires puissent susciter des inquiétudes quant à la dette nationale et à la durabilité à long terme, leur utilisation prudente peut constituer un outil précieux favoriser la croissance économique et le développement social.

Pour peindre un tableau de comparaison, la RDC, qui est plus peuplée que la France et a donc davantage de besoins, a enregistré un déficit budgétaire public déclaré de 700 millions de dollars en 2020, rendu plus contraignant par les conditions imposées par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

Par malheur, même les minables déficits budgétaires du gouvernement ne conduisent pas à une croissance économique durable ni à la stabilité en raison de la mauvaise gestion des finances publiques, ou disons détournement de fonds institutionnalisé adopté et un effort concerté d’une manière ou d’une autre par tous pour le maintenir qui entravent l’utilisation efficace des dépenses déficitaires pour des investissements productifs.

Pour illustrer la différence, le déficit budgétaire, qui correspond à l’emprunt, en RDC est comparable à un vieil homme de plus de 67 ans qui agit encore de manière irresponsable comme un adolescent en empruntant de l’argent pour payer des prostituées, acheter des bouteilles de champagne ou louer une grosse cylindrée, tandis que d’autres le font pour mettre leurs enfants à l’université, acheter une maison ou démarrer une entreprise.

Et lorsque nous empruntons de l’argent pour nous gâter en faisant appel à une prostituée, il n’y a aucune planification ou dialogue à ce sujet, contrairement à lorsque nous le faisons pour mettre nos enfants à l’université.

En ce qui concerne les déficits budgétaires gouvernementaux, les altercations et les pleurnicheries devraient être abordées dans cette optique.

Firmitas Servitium Unitas Dominatio

La question demeure sans réponse : pourquoi les sous-payés, les appauvris et les mendiants, dont la majorité des jeunes Congolais font partie, se tourmentent-ils de la température du Franc Congolais plutôt que de se préoccuper du taux de chômage, du salaire minimum ou du manque d’accès au financement pour démarrer une entreprise et exprimer leur mécontentement à ce sujet ? Pourquoi le message d’avertissement de Lumumba a du mal à s’imprégner de la conscience contemporaine, même plus que chez les illettrés d’il y a 60 ans ?

On peut dire que l’équipe de Tshisekedi avait promis de réaliser l’impertinent possible, ce qui a ouvert la voie à toutes sortes de charlatans et d’imitateurs se présentant comme des druides. Là encore, une autre erreur tactique évitable s’ajoute à son seau déjà plein.

Le fait que les Congolais ne puissent pas reconnaître l’idiot, même en nous, et ne soient pas dégoûtés par cela, fait également partie de la réponse.

L’illettrisme politique économique, en particulier parmi les économistes hautement considérés qui se sont laissé guider aveuglément par le mercenariat intellectuel, est le véritable coupable.

Cette situation est aggravée par le fait que ceux qui manquent de scrupules mais jouissent de la présomption d’omniscience jouent le rôle de boussole dans le domaine économique.

L’éducation, tout comme la spiritualité, peut soit vous rendre un esprit libre, soit vous rendre soumis à n’importe quel type de folie et d’illusions.

Comme ce dernier est un cas en RDC, les élites et les spécialistes contribue à maintenir des problèmes économiques et sociaux car, les solutions potentielles sont souvent ignorées ou mal comprises.

Il est essentiel de promouvoir la propagation des analyses et pensées des rebelles intellectuels surtout de politique économique afin de progresser vers des problèmes et des stratégies qui sont vraiment pertinents ou dirons-nous qui ont une réelle implication sur la vie de la plupart des congolais en RDC comme le taux de chômage, le Smig, et surtout l’accès au capital pour entreprendre.

Je réitère mon appel à la presse congolaise pour qu’elle remplisse son rôle de troisième pouvoir au lieu de se comporter en pyromane ou de simplement intervenir comme un pompier.