Congo
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Dans son ouvrage intitulé ‘‘Le Péril Tutsi’’, Pasu Lundula révèle l’origine de la doctrine ‘‘Pro Tutsi’’

Guerre à l’Est du Congo, hégémonie tutsi sur les Hutus et les Twa, Communauté internationale… sont autant des thèmes qui ne cessent de faire couler encre et salive. Dans les lignes qui suivent, La Prospérité résume les recherches compilées par un célèbre Auteur Congolais, Pasu Lundula, pour ne pas le citer, qui répond à une série de questions sur la guerre à l’Est de la République Démocratique du Congo. Bien plus vieille que la guerre russo-ukrainienne, plus meurtrière que la seconde guerre mondiale, constate-t-il, il s’agit pourtant du massacre le moins médiatisé mais également celui qui, jusqu’à ce jour, parait sans issue favorable pour le peuple congolais.

Mais, de quoi s’agit-il exactement ? Quelle en est l’origine ? Quels en sont les enjeux ? Qui sont les belligérants ? La paix est-elle envisageable ?

C’est globalement à ces questions que le célèbre écrivain Pasu Lundula se propose de répondre dans son livre «Le Péril Tutsi».

D’entrée de jeu, l’auteur qualifie les Tutsi de «nuisance» pour la RDC.

«Les Banyamulenge, tout comme les autres Tutsi de Masisi et de Rutshuru, se sentent toujours proches du Rwanda, leur pays d’origine que du Congo. C’est là qu’ils sont une nuisance», dit-il.

Qui sont-ils ?

Selon Pasu Lundula, contrairement à ce que les Tutsi cherchent à faire croire, ils ne sont pas installés au Rwanda à l’issue d’une conquête, mais étaient plutôt des immigrants dont l’origine demeure inconnue jusqu’à ce jour.

Si eux-mêmes se considèrent comme un peuple venu tout droit du ciel, ce qui expliquerait selon l’auteur leur complexe de supériorité vis-à-vis des Bantous, leur hégémonie au Rwanda a été favorisée par les colons.

En effet, les premiers occupants du Rwanda sont les Twa, un peuple pygmée qui, à ce jour, ne représente qu’1% de la population rwandaise. Ensuite, sont venus les Hutus qui détiennent 85% de l’effectif rwandais et ce n’est qu’après que sont arrivés les Tutsi, ils se situent entre 12 et 14%.

Ce que l’auteur qualifie de doctrine «pro-tutsi» est née en 1898 «sous la plume de Richard Kandt, qui finit par devenir le Résident impérial, quand il racialisa les clivages Hutus-Tutsis en publiant un texte qui sera le pilotis d’une idéologie ethniciste et génocidaire (…) La responsabilité de la Belgique dans le désastre qui s’est abattu sur le Rwanda en 1959, en 1961, en 1963 et en 1994 ainsi qu’au Burundi en 1961, en 1972 et en 1988 est écrasante. C’est l’ouvrage de Léon Classe, un Belge, publié en 1902 (…) qui servit de vade-mecum au royaume de la Belgique dans sa politique coloniale au Ruanda-Urundi. Il plaida pour la stratification de la société rwandaise en seigneurs tutsis et en serfs hutus.»

En d’autres termes, c’est sur base de cet ouvrage que la Belgique réservait les postes d’administration, la formation des cadres et même l’accès à la meilleure éducation aux tutsi. C’est donc sur les Tutsi que les colons se sont appuyés pour asseoir leur politique coloniale.

Comment les Tutsi sont-ils arrivés au Congo ?

Leur installation au Congo s’est faite progressivement.

Selon l’auteur, la première présence tutsie sur le sol congolais date de 1896, après l’assassinat du mwami tutsi Rutalindwa qui a occasionné l’émigration de certains de ses sujets au Congo.

De plus, le Rwanda et le Burundi étant petits, leurs populations sont venues au Congo à le recherche d’espace mais également pour fuir la disette.

«En 1927, un flot de migrants rwandais, fuyant la famine qui sévissait au Rwanda, s’installe dans la chefferie hunde de Bwito.

A partir de 1930, la Belgique, sans s’en référer aux autochtones, initia le transfert des populations du Rwanda-Urundi vers les terres riches et peu peuplées du Kivu.

En 1936, la Belgique signa un décret ordonnant l’émigration rwandaise programmée et contrôlée au Congo. C’est une année après qu’on a enregistré le premier important flot migratoire de trois cent cinquante-quatre familles rwandaises au Kivu».

Cette opération s’est déroulée dans le cadre de la Mission d’Immigration Banyarwanda créée en 1948, organe qui gérait les transplantations. Toutefois, elle a cessé ses activités à la veille de l’indépendance du Congo.

En 1963, les Tutsi habitant au Congo ont commencé à revendiquer leur province à part comprenant Goma, Masisi et Rutshuru.

La descente aux enfers…

Durant le règne de Mobutu, travaillait comme Directeur du Bureau présidentiel, Barthelemy Bisengimana.

«Tutsi né de père et de mère rwandais à Shangungu au Rwanda, il n’est venu au Congo que pour ses études universitaires (…) il a étudié à Lovanium avec la bourse de la Belgique qui, à la fin de ses études, l’a recommandé à Mobutu. Il recevait un pourcentage comme commission pour faire aboutir une requête. (…) Il est important de souligner que la part la plus importante de la dette congolaise, zaïroise à l’époque, fut contractée pendant que celui-ci trônait à la tête du Bureau présidentiel. Il a profité de sa posture privilégiée pour servir ses frères tutsis.»

Sous l’influence de Bisengimana, le Bureau politique du MPR publia une ordonnance-loi qui conféra de manière automatique et collective, la nationalité congolaise aux communautés rwandophones établies au Kivu à la date du 30 juin 1960 ; une loi qui sera annulée plus tard par Mobutu, suite au désaccord des populations autochtones du Kivu.

Selon l’auteur, le « mal tutsi » est né sous la colonisation belge et s’est amplifié avec Mobutu ; « mais c’est avec Laurent Kabila qu’il a pris une tournure cataclysmique pour le Congo par son acceptation dans un deal opaque, par soif de pouvoir, de céder une portion du Kivu au Rwanda et la présence des Rwandais à tous les échelons de l’Etat. Son arrivée au pouvoir a occasionné la mise sur pied d’un vaste réseau clandestin d’infiltration et du système d’occupation de la RDC par le Rwanda».

Il s’agissait des Accords de Lemera. Ceux-ci stipulaient, entre autres, le don du sol et du sous-sol se trouvant sur 300 kms à vol d’oiseau à partir des frontières du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi à ces derniers ; l’octroi de la nationalité congolaise aux Banyamulenge et aux Rwandais et payer l’effort de guerre à ces trois pays. En plus, Kabila nomma James Kabarebe comme chef d’état-major de la nouvelle armée congolaise qu’il présenta aux Congolais comme un citoyen congolais, acte que l’auteur qualifie de haute trahison.

Suite à l’annonce lui faite par Fidel Castro sur le complot d’assassinant que les Occidentaux projetaient contre lui, Laurent Kabila chassa les Rwandais qui ripostèrent par le déclenchement de la guerre d’agression contre le Congo en 1998.

Cette guerre fut menée par James Kabarebe qui mena les troupes jusqu’au barrage d’Inga qu’il occupa en plus de la station d’eau, privant ainsi la ville de Kinshasa d’eau et d’électricité.

Cette agression fut stoppée par les Kinois ainsi que les troupes alliées.

Kabila fut finalement assassiné en 2001.

Selon l’auteur, les rwandophones du Congo sont tapis dans l’ombre de la congolité mais servant en réalité des intérêts étrangers.

Le cas de Ruberwa, qui, occupant le poste de Vice-président de la République chargé de la Défense et Sécurité, ne dit mot durant l’invasion de Bukavu en 2004 par Mutebusi et ses hommes ; ainsi que celui du général Tango Four, qui livrait les armes aux groupes armés qui combattaient le Congo.

Suite aux revendications des ennemis de la Nation, l’auteur estime que ce serait une grave erreur si l’Etat congolais créait un territoire congolais pour les Banyamulenge dans le cadre de la décentralisation ou encore au nom de l’apaisement général.

Toutefois, l’auteur met l’accent sur le génocide hutu qui est selon lui occulté à dessein. En effet, suite à l’assassinat du président Habyarimana, les Hutu ont été victimes d’oppression et des tueries de masse « à l’ombre des projecteurs des médias occidentaux ». Charles Onana, auteur et journaliste d’investigation camerounais révéla que l’auteur de cet attentat n’était nul autre que Kagame.

Sous Joseph Kabila, un autre scandale éclate en 2012. Alors qu’on accusait Kigali d’entretenir une rébellion à l’Est, le 31 Août, le Rwanda annonce le retrait de 350 militaires positionnés à Rutshuru dont l’entrée remonte à janvier 2009, « alors que tout le monde croyait les soldats rwandais partis depuis 2009 avec la fin de l’opération baptisée Umoja wetu ».

L’auteur a donc fustigé l’accord de 2009 qui donnaient l’autorisation aux militaires du CNDP d’intégrer l’armée régulière vu que ces derniers avaient refusé d’être positionnés ailleurs qu’au Nord-Kivu.

Aussi, pour l’auteur, la communauté internationale en général et, la Monusco, en particulier, ont toujours fait preuve de laxisme dans le dossier de la guerre de l’Est.

Selon l’auteur, il y a urgence de combattre l’ennemi ; le gouvernement congolais doit donc aider les Banyamulenge à rentrer au Rwanda et s’ils refusent, l’Etat doit les installer autre part qu’au Kivu. Et enfin, il préconise que le gouvernement « donne une bonne leçon de morale au Rwanda qu’il n’oubliera jamais ; il doit peser sur lui, comme une dalle de béton, pour mettre fin à sa politique d’obstination et à l’arrogance des Tutsis ».

Déborah Nitu