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Sorties cinéma: «Foudre», «Bonne conduite»: quels films aller voir cette semaine?

Sorties cinéma«Foudre», «Bonne conduite»: quels films aller voir cette semaine?

Il y a l’embarras du choix en cette fin mars. Avec une majorité de films réalisés par des femmes qu’on vous laisse découvrir.

«Foudre», un film qui claque dans le cinéma suisse

Un plan superbe parmi d’autres.

Un plan superbe parmi d’autres.

SISTER / DR

On ne parlait pas encore d’émancipation. Ni de féminisme, ni de droit des femmes, qui en Suisse n’ont pas pu voter avant 1971, rappelons-le. En choisissant de situer son film dans la Suisse du début du XXe siècle, dans un Valais aux coutumes encore très ancestrales, Carmen Jaquier déplace le curseur de ces thématiques dans un recoin de l’histoire excluant toute problématique sociale. La prise de conscience de son héroïne en est d’autant plus forte, prégnante, affirmée.

C’est un film inédit et nécessaire que propose la cinéaste, sans oublier, constante à notre sens essentielle de toute démarche artistique, de porter un vrai regard sur son sujet, et même de faire preuve d’ambition, dans une quête dont l‘exigence se mue en radicalité. On ne voit pas toutes les semaines des premiers films aussi enthousiasmants. Par sa direction d’acteurs, son esthétique, sa richesse thématique, son intimisme et sa relecture de l’histoire suisse, «Foudre» fait la preuve d’audace. Il tranche dans le vif tout en restant en conformité avec un genre, le drame historique, générateur de films souvent ampoulés. Tout ce que ce métrage n’est pas. On adhère.

Note: ***

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre

«Houria», s’émanciper sur la pointe des pieds

Lyna Khoudri.

Lyna Khoudri.

Cineworx

Houria est une danseuse prometteuse, qui survit en étant femme de ménage le jour et en faisant des paris clandestins la nuit. Mais cette deuxième activité est dangereuse. Un soir, elle gagne beaucoup d’argent et se fait agresser. Violemment. Elle se retrouve salement amochée et son avenir dans la danse paraît compromis. Le film raconte sa reconstruction.

C’est Lyna Khoudri qui endosse le rôle difficile de Houria dans ce film de Mounia Meddour, qui avait déjà signé «Papicha» en 2019. Drame prévisible pas toujours attachant, portrait d’une communauté en autarcie, «Houria» est un film sur le corps et les entraves qu’on peut avoir lorsque celui-ci nous lâche. Quelques moments de grâce dans un film inégal.

 Note: **

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre

«Los Reyes del mundo», un document qui empoigne

Des ados colombiens, des rois du monde…

Des ados colombiens, des rois du monde…

Xenix film

Ces rois du monde, ce sont des adolescents déracinés dans les rues de Medellin, en Colombie. Ils n’ont pas de foyer, pas de racines, pas de famille. Le film les suit dans un long périple à travers le pays, qu’ils décident de traverser dans l’espoir d’un ailleurs qui changerait leur quotidien.

Promesse irréaliste, voyage entre rêve et réalité, ce long-métrage de Laura Mora Ortega avait séduit le jury du festival de San Sebastian, qui lui avait décerné son grand prix, la Concha de Oro. Le film est assez beau, plus volontiers contemplatif que nerveux. Les portraits de ces gamins sont justes, mais on les confond un peu les uns avec les autres.

 Note: **

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre

«The Happiest Man in the World», cadré

Des célibataires en quête d’un homme.

Des célibataires en quête d’un homme.

Révélée à Berlin par «Dieu existe, son nom est Petrunya», Teona Strugar Mitevska, cinéaste macédonienne, récidive avec un film qui repose sur les rencontres sentimentales de hasard. Centré sur Asja, une femme de quarante ans qui s'est inscrite à une journée de «speed dating», il confronte chaque participante à un homme différent.

Parmi ceux-ci, un banquier de 43 ans, Zoran. Qui contrairement à d’autres candidats, est venu ici en quête de pardon et non d‘amour. Le dispositif scénique est séduisant et cadré. Le film ne tient pourtant pas tout à fait les promesses posées dès le début dans ses enjeux. L’attention s’en ressent et la dimension cathartique du métrage demeure à l’état d’idée.

 Note: **

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre

«The Lost King», y’a un os

Quand une archéologue amateur est obsédée par un roi, elle finit par le rencontrer.

Quand une archéologue amateur est obsédée par un roi, elle finit par le rencontrer.

PATHE FILMS/DR

Stephen Frears retrouve ses scénaristes complices, Steve Coogan et Jeff Pope, pour enquêter sur une histoire vraie. En 2012, après s’être heurtée au déni des historiens et archéologues, Philippa Langley fait exhumer les os de Richard III sous un parking.

C’est le monarque mort en 1485, peint par Shakespeare comme un couard, dont l’existence même prêta à controverse, qui lui aurait indiqué la marche à suivre, apparaissant à la jeune femme obsédée par le personnage.

Réalisateur rebelle à l’hypocrisie sociale et institutionnelle, le Britannique s’amuse beaucoup à peindre l’antagonisme entre les lettrés et les amateurs, dans une joute à la David et Goliath. L’espiègle comédienne Sally Hawkins y met toute sa fantaisie aussi. Même Richard III s’en donne à cœur joie, ses aller-retours de l’au-delà à la réalité glissant dans une fluidité des plus féériques. 

Note: **

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre

«Bonne conduite», retrait de permis

Malgré tous ses efforts, Laure Calamy ne convainc pas trop en tueuse en série vengeresse.

Malgré tous ses efforts, Laure Calamy ne convainc pas trop en tueuse en série vengeresse.

JMH Distributions/DR

Très attendus au tournant du Palmashow, ses concepteurs s’éclatent après un excellent «prime» dans une nouvelle comédie. Seul Jonathan Barré reste aux commandes du scénario, Grégoire Ludig et David Marsais se limitant ici à des rôles d’inspecteurs de police bornés.

Incroyable mais vrai, les gags tombent à plat, l’intrigue laisse un côté de déjà-vu, les compères se vautrant dans un humour de corps de garde. Une psychologue formatrice dans un centre de sécurité routière se transforme en tueuse en série, histoire de prendre sa revanche sur le chauffard qui jadis, tua sa meilleure amie. Même Laure Calamy en ange vengeur de la route aux tics grotesques ne convainc guère.  Bref, on oublie et on attend la prochaine fois.

Note: °

•= détestable, °= à vos risques et périls, *= bien, **= intéressant, ***= excellent, ****= chef-d’œuvre
Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s’occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d’écrire sur d’autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien.Plus d'infos@PascalGavillet
Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres!Plus d'infos

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