France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Allemagne : des abus sexuels au sein des Églises doivent être déclarés comme des accidents du travail

Un nouvel acteur a fait son entrée dans le dossier très sensible des abus sexuels commis au sein des Églises catholique et protestante en Allemagne. Fin avril, l’assurance professionnelle accident VBG, qui prend en charge – entre autres – les salariés des institutions religieuses en cas d’accident du travail, a appelé, par courrier, les deux Églises à lui signaler les cas d’abus sexuels que leurs salariés auraient subi dans le cadre de leur activité professionnelle.

→ EN MARS. Diocèse de Cologne, le cardinal Woelki a proposé sa démission au pape

Le fait est très peu connu, mais comme toute victime d’accident du travail, ces personnes peuvent bénéficier de soins psychologiques et médicaux « aussi longtemps que cela est nécessaire », et recevoir des prestations financières en cas de cessation partielle ou totale d’activité. En dehors des salariés, les bénévoles, tels que les enfants de chœur ou les membres de chorales religieuses, ont eux aussi droit à une telle prise en charge.

« Très peu de cas » déclarés

Bien que les premières séries de révélations d’abus sexuels au sein de l’Église catholique allemande datent de 2010, la VBG constate que « très peu de cas » lui ont été déclarés à ce jour, d’où cette lettre rendue publique en avril. L’assureur explique avoir pris conscience de la faiblesse de ces chiffres cette année seulement, après que le diocèse de Munich a rendu public un rapport détaillé sur les abus sexuels. « Le rapport évoque un millier de cas, dont des enfants de chœur et de bénévoles. Or, nous n’avons pas reçu autant de déclarations d’accident du travail dans ce diocèse », argumente Pierre Stage.

En 2018, un autre rapport, publié à la demande de la conférence épiscopale allemande, avait fait état de 3 677 victimes dans le pays. Selon la VBG, les victimes y sont décrites comme des enfants abusés dans des écoles et sont donc non couvertes au titre des accidents du travail.

Parmi les plus importants employeurs d’Allemagne

La mise en œuvre de cette assurance-accident pourrait avoir des conséquences de taille pour les Églises catholique et protestante qui, avec plus d’un million de salariés pour les seules organisations Caritas et la Diaconie, comptent parmi les plus importants employeurs d’Allemagne. Notamment avec l’ouverture de leurs archives à des experts de la VBG.

« À ce jour, l’Église catholique a refusé de se plier à ses obligations légales car elle refusait que des acteurs indépendants s’immiscent dans ses affaires, croit savoir Hermann Schell, porte-parole de l’association des victimes du diocèse de Trèves, dans l’ouest du pays. Cela l’aurait aussi forcée à mettre en place, plus tôt, des mesures de prévention. Sans parler des aspects financiers. Plus vous avez d’accidents du travail, plus les cotisations augmentent ». Selon un expert cité par l’hebdomadaire Die Zeit, les deux Églises risquent en effet de voir leurs cotisations grimper.

Quid des prestations actuelles ?

Quid aussi des prestations actuelles fournies, à titre volontaire, par les deux Églises, comme la prise en charge de soins et le versement de compensations financières ? Les institutions religieuses pourraient-elles laisser l’assurance-accident s’en charger ? D’après Pierre Stage, porte-parole de la VBG, ces prestations n’ont « rien à voir entre elles », mais certaines associations de victimes s’inquiètent d’un tel scénario. À Trèves, Hermann Schell n’y croit pas. « Cela porterait un énorme coup à l’image déjà très dégradée de l’Église », estime-t-il.

→ À LIRE. Diocèse de Cologne, une enquête canonique sur des contrats liés à la gestion d’abus

La conférence épiscopale allemande se dit en « contact étroit » avec la VBG et refuse pour l’instant de commenter les détails de ce dossier complexe. L’heure est à l’« analyse » des divers aspects du sujet et des conséquences de la lettre envoyée par l’assureur.