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Comment les services d’espionnage du KGB et du FSB ont tenté de s’infiltrer en France

Le siège du FSB, anciennement le KGB, à Moscou. L’ouvrage « Goodbye Poutine » est publié sous la direction d’Hélène Blanc chez Ginkgo éditeur.

© VASILY MAXIMOV / AFP

Bonnes feuilles

L’ouvrage « Goodbye Poutine » est publié sous la direction d’Hélène Blanc chez Ginkgo édieur. Avec l’invasion de l’Ukraine, l'Union européenne, les Etats-Unis et le reste du monde ont enfin réalisé à quel point la Russie est devenue dangereuse pour le monde libre. Sous la direction d’Hélène Blanc, les voix multiples, les regards croisés des meilleurs observateurs de l'Union européenne, de la Russie et de l'Ukraine, analysent la crise la plus grave qu'ait connue l'Europe. Extrait 1/2.

Docteur ès-études slaves des Langues Orientales, Hélène Blanc est russologue.  Auteur d'une vingtaine d'ouvrages sur l'Union soviétique et la Russie contemporaine, dont certains cosignés avec la politologue moldave Renata Lesnik,  ses derniers opus  s'intitulent :

Les Prédateurs du Kremlin, 1917-2009, Le Seuil, 2009

Russia Blues, Ginkgo éditeur, 2012

Bons baisers de Moscou, Ginkgo éditeur, 2022, avec Claude André

En 2015, elle a dirigé l'ouvrage collectif :"Goodbye, Poutine", chez Ginkgo éditeur, qui comporte trois parties : l'UE - la Russie - l'Ukraine. Et permet de mieux comprendre le dessous des cartes.

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Quel que soit son sigle, l’éternel KGB utilise un arsenal de méthodes ciblées afin de phagocyter la France et l’Europe.

Outre l’entrisme via l’économie et la religion, les ex- Soviétiques, Russes en tête, pratiquent avec brio toutes les techniques d’infiltration : idéologique, scientifique, sportive, culturelle, associative, médiatique.

L’une d’elles consiste à créer de multiples structures à des fins bien précises ou à noyauter celles qui existent. On assiste ainsi à l’émergence de quantités d’officines sous forme de clubs franco-russes, d’associations (souvent reconnues d’utilité publique) de langue, civilisation, littératures russes, dont certaines administrées par des agents d’influence notoires ou directement financées par Moscou. Impossible de répertorier ici toutes les annexes douteuses du Kremlin camouflées derrière d’alléchantes vitrines, de séduisants sites internet, etc. Pour peu qu’elles proposent des voyages ou des séjours en Russie, cela leur donne toute latitude de « formater » au mieux les élites de demain grâce à des messages subliminaux.

On sait aussi que même des amicales destinées à regrouper les descendants des Russes blancs, par exemple, sont largement infiltrées par des éléments indésirables. Il est d’ailleurs assez facile de manipuler ces Français qui nourrissent un fort capital sympathie à l’égard de la Russie, chose parfaitement normale. Seulement, au dire des experts, les émigrations successives – surtout celles des troisième et quatrième vagues après la Seconde Guerre mondiale et celle des années 1970 à 1990 – ont permis d’introduire habilement de petits « chevaux de Troie » au sein d’une société française toujours aussi peu méfiante.

Épouser un ou une Russe est furieusement tendance. À tel point qu’une épidémie maritale a commencé à contaminer nos concitoyens : hauts fonctionnaires, banquiers, élus politiques, industriels… Quid de ces mariages mixtes qui permettent au conjoint russe de s’établir en France en bénéficiant de la nationalité française ?

Dans de nombreux cas, il s’agit d’un mariage d’amour. Mais ces unions peuvent également relever du « service commandé ». Aujourd’hui, bien des jeunes Français ont épousé des Russes généralement sympathiques, chaleureuses, délurées. Souvent très belles, irradiant le fameux charme slave.

L’un d’eux qui, pour avoir longtemps travaillé en URSS connaissait bien les mœurs locales, m’interrogea un jour sur sa fiancée : « Penses-tu que Marina, fille de général, pourrait travailler pour le KGB ? » Difficile de répondre à cette question délicate posée par un ami. A priori, rien n’est à exclure, mais il est évident qu’Eric n’en aura jamais la preuve. Pas plus que celle du contraire. S’il aimait vraiment Marina, il n’avait pas d’autre choix que de lui faire confiance. Ainsi, quoi qu’on en pense, en dépit de tout, un doute, aussi léger soit-il, peut subsister. Même interrogation d’un réalisateur franco-russe, tombé des nues après dix ans de mariage… en comprenant qu’il s’était fait manipuler. Il y a aussi ces ministres dont les enfants font de « beaux mariages ».

Après tout, même Kristina Onassis, fille du célèbre milliardaire grec, n’avait-elle pas épousé en son temps un Soviétique agent du KGB ? Union qui se termina par un scandale international et un divorce express. Et pourtant, Aristote Onassis, son père, avait dû prendre ses renseignements. Moralité : ça n’arrive pas qu’aux autres.

Autre chose : la France est une terre d’asile depuis des décennies. Hélas, elle accueille aussi de pseudo-journalistes, de vrais faux écrivains, de prétendus intellectuels ou diplomates, autant de métiers qui représentent de formidables couvertures. Ce qui ne semble pas effleurer la plupart des Français.

Des « experts » français, historiens, politologues, économistes, épousent également des Russes. Ce qui, curieusement, semble soudain « téléguider » leurs analyses. Du jour au lendemain, les voilà de fidèles supporters, ambassadeurs ou avocats de la politique étrangère du Kremlin. C’est encore plus flagrant aujourd’hui qu’hier. « Quoi qu’il fasse, Poutine agit toujours pour de bonnes raisons », affirment-ils sans sourciller. Un heureux hasard ? Que gagnent donc ces précieux auxiliaires du FSB (l’ex-KGB) à relayer de fausses informations habilement mêlées aux vraies, extrêmement difficiles à détecter si l’on n’est pas un fin spécialiste ? Croyez-vous qu’ils « se vendent » par idéalisme ou par militantisme ? Au temps de l’URSS, l’idéologie pouvait être un moteur de collaboration. Aujourd’hui, ces médiocres en quête de pouvoir, d’honneurs et de fortune, se font grassement payer. Ces « associés » du Kremlin sont généralement guidés non par un idéal, mais bien par l’ambition, le narcissisme et la vénalité. Cessons enfin d’être dupes !

Jusqu’à 2013, l’adoption de petits Russes par des étrangers en mal d’enfants, constituait un échange de bons procédés, voire de pressions amicales ou de chantages. Depuis que le mariage gay a été adopté en France, ce filon s’est tari. Il est bien connu que Vladimir Poutine « défend la morale » !

Dernière en date, et non des moindres, l’infiltration s’intensifie également via les élites, en particulier, le monde politique. De plus en plus de députés, de sénateurs, de ministres, anciens ou actuels, ou encore maires, épousent des Russes « de là-bas ». Mariages d’amour ? Possible. S’agirait-il, par la même occasion, d’influencer des décideurs, d’espionner, d’instrumentaliser ? Un risque très réel impossible à exclure. Il est d’autant plus urgent d’ouvrir les yeux que le processus gagne rapidement du terrain.

À preuve, François Bayrou, candidat aux Présidentielles françaises 2002, qui m’a confié qu’à cette époque des Russes inconnus lui avaient proposé, « par l’intermédiaire d’une personnalité française au-dessus de tout soupçon, de prendre en charge l’intégralité de ses frais de campagne ». Le message était parfaitement explicite :

« Suivant votre parcours depuis longtemps, nous croyons en votre avenir politique. Et sommes prêts à vous financer… »

Offre alléchante que le dirigeant politique a fermement déclinée, ce qui est tout à son honneur. Mais cette proposition alerta le centriste « sur certaines influences qui pourraient exister sans que nul ne s’en rende compte. » Et si d’aventure des hommes politiques avaient accepté de telles offres, il est évident qu’ils n’iraient pas s’en vanter. Quant à la réglementation française relative au financement des partis et des campagnes politiques, mieux vaut ne pas compter sur elle. En effet, si les dépenses des candidats sont soigneusement épluchées, « les contrôles de l’origine de ces fonds sont rarissimes », confirme François Bayrou lui-même.

Pour les Russes, ces grands « philanthropes », il s’agirait là d’investissements très rentables car chacun sait qu’une campagne électorale est ruineuse. Mais, une fois l’élection remportée par « leur » candidat avec leurs capitaux, qu’ils soient sales ou déjà blanchis… combien de fois les investisseurs voudront-ils récupérer leur mise ? Sans compter les menus services « rendus entre amis ».

Détail inquiétant, François Bayrou, n’est ni le premier, ni le seul dans ce cas. Selon des sources fiables, en Europe, des dizaines d’hommes politiques ont fait l’objet de semblables propositions.

Révélations stupéfiantes ?

Pas autant qu’on pourrait le croire.

En France peut-être, où le financement des partis politiques constitue un problème récurrent. Mais, en Russie, il y a déjà eu des précédents : là-bas faire financer une campagne électorale par des affairistes douteux est devenu monnaie courante. La réélection du président Boris Eltsine, en 1996, tout comme les élections de Vladimir Poutine, en 2000, 2004 et 2012, 2018, voire celle de Medvédev en 2008, ont été financées par les « oligarques et parrains réunis ».

Il est donc clair que l’Europe se trouve désormais en première ligne. Après une infiltration des économies occidentales susceptible de fragiliser les démocraties, nous faisons face à une tentative d’implantation dans les milieux politiques. Pour les « draguer », les séduire, les influencer et les instrumentaliser. Car le KGB veut disposer de partisans dévoués sur l’échiquier politique européen. Pour lui damer le pion ?

En matière d’infiltration, les médias français et européens se trouvent également noyautés lentement, mais sûrement.

Informé de ces pratiques, l’ex-président français Giscard d’Estaing réagit sans ambiguïté :

« S’agissant de l’entrisme politique ou politico-financier (tel l’exemple de François Bayrou en 2002), il faut se montrer très ferme. Si l’on a connaissance de telles pratiques, je ne vois pas du tout l’intérêt que nous aurions à être complaisants. Les vraies relations entre grandes puissances doivent être fondées sur des bases très claires. Nous vous respectons, mais nous avons nos valeurs, nos compétences, nos principes et nous n’admettrons pas qu’on cherche à nous manipuler ou à les remettre en question. Nous devons résister impérativement à tous ceux qui cherchent à nous contaminer ! »

En matière d’infiltration, les médias français et européens se trouvent également noyautés, lentement, mais sûrement.

À l’été 2006, le Kremlin engageait l’agence américaine Ketchum pour embellir l’image du pays lors du G8 de Saint-Pétersbourg. Neuf mois de travail ont été facturés 7,5 millions de dollars. La Nézavissimaya Gazeta (L’Indépendant) révèle que l’investissement fut productif puisque les publications occidentales se mirent à publier des articles positifs sur la Russie.

Le Kremlin a aussi planifié le rachat de journaux occidentaux par des milliardaires, autant de tribunes offertes à la désinformation et à la propagande. D’où les titres acquis par des oligarques russes sur ordre du Kremlin : le France-Soir français ou l’Independent et l’Evening Standard britanniques.

La formule papier de France-Soir n’existe plus depuis des années. Seul reste son site surnommé, par plusieurs ONG, « le vaisseau amiral de la désinformation » et qui semble remplacer avantageusement Russia-Today et Spoutnik, chaînes interdites en France depuis le 2 mars 2022. (Mais qui ont néanmoins poursuivi leur travail de sape jusqu’au début de 2023.) Ce site appartient à l’oligarque Sergueï Pougatchev, réfugié politique en France « pour désaccord » avec Vladimir Poutine mais qui, malgré ses dénégations, semble resté très proche du dirigeant russe. Ce site, qui ne comporte ni articles, ni journalistes, aurait cependant été subventionné par le ministère de la Culture. Si Pougatchev est réellement « fâché » avec Vladimir Poutine au point de fuir la Russie, alors pourquoi relayer la propagande du Kremlin ? Pour rentrer en grâce ou pour accomplir une mission secrète ? Comprenne qui pourra… Il serait bon d’avoir le fin mot de cette mystérieuse affaire…

Car le fait d’être un pseudo réfugié politique offre un tas d’opportunités que l’on soit un oligarque ou un « ancien agent du FSB » (l’ex-KGB) qui affirme avoir démissionné de cette officine. Or, mis à part les agents doubles, il n’existe pas « d’ex-agents démissionnaires » du KGB. Comme Vladimir Poutine le répète volontiers : « Tchékiste un jour, tchékiste toujours ! » Et ceux qui ont essayé de partir ne sont plus de ce monde tel Litvinenko (empoisonné en 2006 à Londres au polonium 210). Ou encore Sergueï Skripal, lui aussi empoisonné, au novitchok, avec sa fille en Grande-Bretagne. Tous deux ont miraculeusement échappé à la mort. Ceux qui osent quitter la « Famille tchékiste » sont des traîtres punis de mort où qu’ils se réfugient. S’ils ne sont pas exécutés et qu’ils ne se cachent pas, c’est qu’ils ne sont pas ce qu’ils veulent nous faire croire… Et qu’ils sont en mission.

Plus grave encore. Au début des années 2000, s’agissant de l’infiltration russe, quelqu’un de très bien informé appartenant à la DGSE, confiait d’un ton amer : « En France, tout est déjà infiltré : l’Élysée, Matignon, le Quai d’Orsay, le Parlement, les principaux ministères sans parler des plus hautes instances européennes… »

Désormais, le laisser-faire, la passivité, l’aveuglement, l’indifférence, la vénalité ne sont plus permis. Devant de telles pratiques, qui poursuivent évidemment un objectif, il ne faut plus être ni dupes, ni complices. Il est grand temps de défendre notre territoire et notre nation.

Brillamment initiée dans les années 1920, au fil des décennies, l’infiltration de la France et de l’Europe n’a fait que s’amplifier.

Désormais, même les dirigeants européens ne seraient pas à l’abri de certains conseillers douteux ou tendancieux. Attention au choix de ces conseillers. D’efficaces relais, insoupçonnables, chargés de distiller « la bonne parole » aux oreilles de présidents élus démocratiquement…

« Goodbye Poutine » est publié sous la direction d’Hélène Blanc chez Ginkgo éditeur

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