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Deux-Sèvres : 28 gendarmes et 7 opposants blessés durant la manif anti-bassines

Les affrontements qui ont éclaté ce samedi entre manifestants et forces de l’ordre autour d’une réserve d’eau contestée en construction à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, ont fait 28 blessés parmi les gendarmes et 7 parmi les manifestants, selon un bilan provisoire donné par le parquet de Niort 

Deux des gendarmes et trois des manifestants blessés se trouvaient en urgence absolue. Par ailleurs, deux journalistes ont été touchés.

« Le Samu ne pouvait pas venir »

D'après un des organisateurs du rassemblement à Sainte-Soline, le mouvement écologiste des Soulèvements de la Terre, les affrontements ont fait « plusieurs dizaines de blessés graves » parmi les manifestants. « J'ai vu au moins 30 blessés, mais il y en a plus. Certains avaient perdu connaissance, d'autres avaient la tête en sang. Beaucoup de blessés aux pieds et à la tête », avait indiqué plus tôt Claire Auger, une institutrice qui leur a porté secours. 

Et d'ajouter : « Le Samu ne pouvait pas venir les chercher. On a vu juste une ambulance. On a sollicité les élus pour qu'ils fassent quelque chose. C'était la panique totale, ça a duré plus d'une heure avant que ça commence à évacuer ». « Le Samu nous répondait qu'ils avaient ordre de ne pas approcher du site, qu'il fallait qu'on évacue nous-mêmes les blessés jusqu'au village de Sainte-Soline, où ils seraient pris en charge », a complété Marc Parenthoën, enseignant-chercheur. 

La Ligue des droits de l'Homme s'insurge

Interrogée à ce sujet, la préfecture des Deux-Sèvres a expliqué que « pour faciliter et sécuriser l'arrivée des secours », les gendarmes les retrouvent d'abord en un point spécifique pour les escorter ensuite « jusqu'à la zone à risques ». « Cela permet une approche des services de secours en toute sécurité » pour la prise en charge des blessés.

Cette situation a valu à la préfète des Deux-Sèvres d'être interpellée par la Ligue des droits de l'Homme, qui avait envoyé des observateurs à Sainte-Soline. « Madame la préfète, laissez passer les secours d'urgence ! Nos observateurs ont constaté l'entrave par les forces de l'ordre à l'intervention des secours pour une situation d'urgence absolue », écrit la LDH dans un communiqué de presse. 

Des scènes de guerre

Un long cortège avait commencé à défiler en fin de matinée, composé d’au moins 6.000 personnes selon la préfecture, « probablement un peu plus », et d’environ 25.000 selon les organisateurs. Plus de 3.000 gendarmes et policiers avaient été mobilisés par les autorités.

A l’approche du chantier, les affrontements ont éclaté rapidement entre forces de l’ordre et militants radicaux, qui ont fait usage « de mortiers d’artifices, de chandelles romaines et de cocktails molotov de forte contenance », parmi d’autres projectiles, selon la gendarmerie, qui a riposté avec des gaz lacrymogènes et un canon à eau notamment.

Pendant environ une heure, les abords de la bassine se sont transformés en scène de guerre, avec de très nombreuses détonations, observée de loin par la plupart des manifestants restés pacifiques. Plusieurs véhicules de gendarmerie ont pris feu. Les assaillants ont ensuite reflué et un calme relatif était revenu dans l’après-midi, la foule ayant reculé.

Ces incidents ont fait réagir le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, d'abord via Twitter :

A Sainte-Soline, l’ultra gauche et l’extrême gauche sont d’une extrême violence contre nos gendarmes. Inqualifiable, insupportable. Personne ne devrait tolérer cela. Soutien total à nos forces de l’ordre.

— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 25, 2023

Puis, depuis la place Beauvau, il a dénoncé un « déchaînement de violence absolument inexcusable », l'attribuant « aux black bloc, aux gens de l'extrême gauche, aux gens de l'ultra-gauche ».

« C’était un scénario écrit d’avance avec un positionnement démesuré de forces de l’ordre », a déploré à l’inverse le sénateur EELV d’Ille-et-Vilaine Daniel Salmon, venu manifester avec d’autres élus écologistes et LFI. « Il y a des dizaines de milliers de personnes qui sont venues manifester en tout pacifisme, pour essayer de protéger notre accès à l’eau, c’est pas un petit sujet en ce moment », a souligné de son côté Sandra Regol, députée EELV du Bas-Rhin, sur BFMTV.

La bassine dans le viseur

La manifestation, interdite comme la dernière qui avait donné lieu à des affrontements à l’automne, a convergé vers la « bassine » de Sainte-Soline, surnom donné par leurs adversaires à des réserves d’eau en construction dans la région pour l’irrigation agricole. Elle fait partie d’un ensemble de 16 retenues, d’une capacité totale de six millions de mètres cubes, programmées par une coopérative de 450 agriculteurs avec le soutien de l’État.

Il vise à stocker de l’eau puisée dans les nappes superficielles en hiver, afin d’irriguer les cultures en été quand les précipitations se raréfient. Ses partisans en font une condition de la survie des exploitations face à la menace de sécheresses récurrentes. Son coût de 70 millions d’euros est financé à 70 % par des fonds publics en échange de l’adoption de pratiques agroécologiques par les bénéficiaires, une vaine promesse selon les opposants, qui dénoncent un « accaparement » de l’eau par « l’agro-industrie » et réclament un moratoire sur le projet.