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La bataille pour une vraie démocratie en Israël passe par une remise en question de l’occupation

Opinion.

La crise politique qui agite l’État hébreu depuis le début de l’année est loin d’être finie : le bras de fer entre la rue et le gouvernement risque de reprendre de plus belle, explique ce journaliste du “Guardian”, spécialiste d’Israël. Surtout, la bataille pour une vraie démocratie – non pas une “ethnocratie libérale” – passe inéluctablement par la fin de l’occupation militaire des Territoires palestiniens, argue-t-il.

Un manifestant brandissant un drapeau israélien, à Tel-Aviv, le 30 mars 2023.
Un manifestant brandissant un drapeau israélien, à Tel-Aviv, le 30 mars 2023. PHOTO NIR ELIAS/REUTERS

L’atmosphère à la fin d’une grande manifestation a quelque chose d’irréel. Cette impression est particulièrement perceptible lorsque s’éteignent les derniers échos de voix dans les rues, quand les barricades se dépeuplent et qu’on enroule les drapeaux et bannières pour les ranger. C’est aussi un moment dangereux où une apparente victoire peut vite se transformer en défaite.

Voilà où en sont les manifestants israéliens qui sont descendus dans la rue la semaine dernière [jusqu’au 27 mars] pour contrer le Premier ministre, [Benyamin] Nétanyahou, et son projet de réforme judiciaire. Jamais le pays n’avait connu de mobilisation aussi massive. Il s’agit essentiellement de la révolte des classes moyennes, éduquées, progressistes et non religieuses contre un Israël autoritaire et théocratique.

Shikma Bressler, professeur de physique des particules à l’Institut Weizmann, est peut-être l’une des figures du mouvement les plus représentatives. Treize semaines durant, elle a appelé ses concitoyens à la rejoindre dans la rue. Et ils l’ont entendue. Des cadres d’entreprises technologiques et leurs équipes, des banquiers et des économistes, des scientifiques et des avocats, mais surtout, des milliers de réservistes qui ont refusé de servir si le projet du gouvernement était adopté. On est loin des profils de militants habituels dans ce pays où la gauche n’a jamais été aussi faible. Il ne s’agissait pas d’un mouvement gauchiste. À certains égards, c’était un mouvement de contestation typique des années 2020, de la période que traverse actuellement l’Occident : l’aile dure de la droite a tenté de bouleverser un des fondements de la société et les forces progressistes du centre se sont alliées pour y faire barrage. Du moins pour le moment.

Car la crise est loin d’être finie. Les manifestants n’ont obtenu qu’une pause dans le projet de réforme judiciaire du gouvernement. Ce n’est donc pas une victoire mais une simple trêve.

Alors que les discussions commencent à peine entre Nétanyahou et l’opposition parlementaire afin de trouver un compromis, la première partie du paquet législatif du gouvernement est prête à être adoptée à la simple majorité à la Knesset. Elle accorderait au gouvernement un pouvoir de décision final sur la nomination des juges.

L’arme est chargée sur la table ; Nétanyahou n’a plus qu’à appuyer sur la détente. La seule chose qui l’arrête pour l’instant, c’est l’opposition écrasante au projet, le pouvoir du p

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L’indépendance et la qualité caractérisent ce titre né en 1821, qui compte dans ses rangs certains des chroniqueurs les plus respectés du pays. The Guardian est le journal de référence de l’intelligentsia, des enseignants et des syndicalistes. Orienté au centre gauche, il se montre très critique vis-à-vis du gouvernement conservateur.
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