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Le « Carnet brun » de Richard Wagner : ouvrir le journal intime du musicien allemand

Le compositeur du « Ring » consigna ses pensées personnelles, politiques ou artistiques dans « Le Carnet brun ». Y miroitent les facettes d’un artiste plus complexe qu’attendu.

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« Le Carnet brun. Journal intime (1865-1882), suivi du Portefeuille rouge » (Das braune Buch. Die rote Brieftasche), de Richard Wagner, édité et traduit de l’allemand par Nicolas Crapanne, avec Marie-Bernadette Fantin-Epstein, Eva Perrier et Solange Roubert, préface de Jean-François Candoni, Gallimard, 384 p., 23,50 €, numérique 17 €.

Plus de cent quarante ans après sa mort, à Venise, en 1882, Richard Wagner (né en 1813) demeure une figure à la fois éruptive et controversée. Une figure encombrée de la légende qui sied au génie qu’il était, mais aussi d’une détestation pour son nationalisme, son antisémitisme, sa réputation de pro­fiteur, de débiteur impécunieux. Son existence agitée d’une déambulation perpétuelle a erré entre les cours, les amours, les cités de l’Europe bourgeoise du XIXe siècle. Son caractère, grevé d’un orgueil aussi légitime qu’insupportable, le poussait à une conscience affirmée de sa « célébrité mondiale » comme de la « noblesse de son caractère ». Bref, Wagner a les contours d’un homme bien difficile à aimer ou à haïr d’une pièce. Mais qui était-il vraiment ? La traduction intégrale en français du Carnet brun, où il consigna ses pensées intimes, politiques ou artistiques d’août 1865 à sa disparition, aide à dissiper un peu les brumes qu’accumulent la gloire ou le rejet.

Matériellement, l’objet dans ­lequel il les écrivit est gage d’une relative sincérité. Fille de Franz Liszt et de Marie d’Agoult, la future Cosima Wagner (1837-1930), qui n’est alors que la maîtresse du compositeur et que son père emmène à Budapest afin de sauver le couple qu’elle forme encore avec le chef d’orchestre Hans von Bülow (1830-1894), a offert à Wagner, avant son départ, ce carnet muni d’un fermoir à charnière orné de pierres semi-précieuses, bien dans le goût néomédiéval et savoureusement kitsch qu’affectionne le protecteur passionné du moment, Louis II de Bavière. « Tous les personnages habitent la mythologie wagnérienne », constate l’auteur-réalisateur Nicolas Crapanne, maître d’œuvre de cette édition. Wagner affuble ainsi son mécène royal du nom de « Parzival ». Nicolas Crappanne, fondateur du Musée virtuel Richard Wagner, a mis avec son équipe près de trois années à établir la version française de ce texte, défi pour les traducteurs, tant la prose wagnérienne fourmille de sous-entendus, utilement élucidés ici pour le lecteur du XXIe siècle.

Au contraire de Ma vie (Perrin, 2012), l’autobiographie dictée à Cosima jusqu’en 1880 à partir des notes télégraphiques jetées par Wagner dans ce carnet, puis ré­écrites par elle, ce texte forme un document brut, parfois rédigé au fil de la plume. Le carnet ne quitta jamais Wagner, puis demeura longtemps inédit et jalousement tenu secret par Cosima, qui en fit don en 1905 à sa fille Eva Wagner, laquelle en censura quatre feuillets jugés par elle probléma­tiques, avant de les verser aux ­archives Wagner de Bayreuth en 1931. Il ne paraîtra en allemand qu’en 1975. Certains extraits, comme l’éloge funèbre du ténor Ludwig Schnorr (1836-1865), avaient été publiés, mais on y trouve aussi d’importants inédits, comme la longue et passionnante esquisse en prose de Parsifal (l’opéra n’est créé qu’en 1882).

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