France
This article was added by the user . TheWorldNews is not responsible for the content of the platform.

Plan eau : UV Germi, une PME de Corrèze qui travaille à la sobriété

Willy Fortunato attendait avec impatience les annonces du plan eau, présentées par Emmanuel Macron jeudi 30 mars. Ce plan prévoit notamment des mesures de sobriété et une multiplication par douze de la part des eaux usées réutilisées.

Le directeur général d’UV Germi, une PME corrézienne, dont c’est justement la spécialité, reste tout de même un peu sceptique : « Dans un pays où il faut une autorisation de l’administration accordée à titre dérogatoire pour utiliser l’eau de pluie dans les toilettes, il y a encore beaucoup de travail à faire pour économiser la ressource », explique-t-il. Mais il espère tout de même que ces annonces vont ouvrir de nouvelles perspectives pour son activité.

Réutiliser les eaux usées

L’entreprise, implantée près de Brive-la-Gaillarde, fabrique notamment des « Réut box », selon un procédé breveté de réacteur à ultraviolet (UV) qui permet de réutiliser les eaux usées. Elle en a déjà vendu plus de 300 en France et dans le monde, à des collectivités comme l’Île de Ré pour répondre aux besoins agricoles, ou Antibes pour nettoyer la voirie. De plus en plus d’industriels s’y intéressent, à l’instar de Bledina ou Disneyland Paris. « Le parc est équipé depuis dix ans et a pu économiser 10 millions de mètres cubes », assure Willy Fortunato, qui a aussi ouvert une filiale en Arabie saoudite et une à Dubaï.

L’an dernier, UV Germi a vendu à Veolia une trentaine de « Réut box », un système relié à une station d’épuration, qui tient dans un container. Il reproduit les rayons ultraviolets pour détruire les bactéries, les virus et les parasites sans avoir besoin de produits chimiques. Le patron d’UV Germi espère aujourd’hui en vendre « plusieurs milliers ».

Consommer moins d’eau dans les piscines

L’entreprise a également développé un autre procédé, toujours par rayons ultraviolets, pour réduire dans les piscines la quantité de chloramine, ce gaz nocif, à l’odeur bien connue, dégagé par le chlore. « Cela permet de diminuer fortement la consommation d’eau, car les exploitants rajoutent généralement entre 30 et 100 litres par baigneur et par jour pour diluer la molécule », explique Willy Fortunato, qui a décroché le contrat d’équipement des sites de natation des Jeux olympiques de Paris. UV Germi travaille déjà avec 2 500 piscines publiques et vise désormais le marché des particuliers.

Cotée à la Bourse de Paris, la société a réalisé un chiffre d’affaires d’environ 7 millions d’euros l’an dernier et compte le doubler cette année. « Le potentiel est là et le retour sur investissement peut se faire rapidement pour les utilisateurs. Mais la réglementation continue d’être absurde, malgré les discours politiques sur la nécessaire sobriété », insiste Willy Fortunato.

Production française

Dans certains départements, raconte-t-il, « il faut quatre mois pour joindre quelqu’un à l’Agence régionale de santé (ARS), à raison de trois mails par semaine, pour négocier un projet de réutilisation des eaux usées ». Pendant que les fonctionnaires tergiversent, l’eau continue de couler. Le patron d’UV Germi reste malgré tout optimiste. « Au moins un tiers des économies peuvent être réalisées par des mesures d’éducation, si l’on se réfère à ce qui s’est passé en Espagne », assure-t-il.

Déjà installée sur un créneau porteur, l’entreprise coche beaucoup de cases, notamment celui d’une production française, avec une labellisation « French Fab ». Dans ses ateliers de Saint-Viance, l’assemblage des machines se fait avec des matériaux produits majoritairement dans le département. « Nous sommes à 70 % made in Corrèze », affirme Willy Fortunato. Il espère rapatrier bientôt en Europe les pièces électroniques qu’il commande encore en Asie.